L’agriculture européenne à l’heure des choix
C’est ce vendredi 23 octobre 2020 que le Parlement européen vote la nouvelle Pac. À une semaine jour pour jour avant ce vote, les députés européens Valérie Hayer et Jérémy Decerle sont venus expliquer les points essentiels aux élus de la Fdsea et des JA de la Mayenne.

Alors que les ministres de l’Agriculture des 27 sont parvenus à un accord cette semaine, le vote engageant l’agriculture européenne pour sept ans, débattu cette semaine au Parlement européen, doit intervenir ce vendredi 23 octobre 2020. Pour y voir plus clair, les eurodéputés Valérie Hayer et Jérémy Decerle se sont rendus dans l’Earl de la Pléchardière, à Argentré, à l’invitation de la Fdsea 53 et des JA de la Mayenne, juste une semaine avant ce vote d’aujourd’hui.
Comme pour la précédente Pac, la nouvelle mouture se composerait toujours de deux piliers. « Dans le 1er pilier, on retrouverait les aides directes basées sur des paiements couplés à la production, donc à la vache allaitante, à la vache laitière, au mouton… », souligne Jérémy Decerle. Avec « en plus, 30 % d’aides au verdissement ». « Ce 1er pilier ne va pas être bouleversé », résume l’eurodéputé, ex-président de JA National. Cette prochaine Pac va retrouver au travers du 1er pilier, « une dimension environnementale un peu nouvelle : les éco-régimes » : des mesures environnementales nouvelles « qui viendront récompenser la performance, ce que les agriculteurs font de mieux pour l’environnement ou ce qu’ils ont déjà fait ». Par exemple : « pouvoir récompenser les agriculteurs qui captent du carbone, les éleveurs qui exploitent des surfaces en herbes, en l’occurrence des puits de carbone… »
Dans le 2e pilier, on devait retrouver « les aides à l’accompagnement de l’installation, à l’accompagnement à la gestion des risques au travers de mesures régionales comme Pcae ou Maec, mais aussi les indemnités compensatoires de handicaps naturels ». Un 2e pilier qui ne « n’évoluera pas non plus révolutionnairement ». Seulement « à la marge », pour Jérémy Decerle. À noter que les mesures environnementales y représenteront « encore au minimum 35 % ».
L’économie de côté
« Nous nous sommes beaucoup focalisés sur la partie environnementale en essayant de trouver des nouveautés, mais surtout en nous battant sur le pourcentage de mesures environnementales de la Pac, analyse Jérémy Decerle, en omettant ou en ne mettant pas la même énergie sur le volet économique. C’est un peu mon regret. » Néanmoins, souligne l’élu, « on a mis le pied dans la porte sur certains sujets comme l’actif agricole ou la gestion des risques ». Il estime que cette nouvelle Pac « sera un peu meilleure que la précédente ».
Pour sa part, l’eurodéputée mayennaise Valérie Hayer a mis l’accent sur « l’enjeu de la souveraineté alimentaire portée par la France et remise sur la table avec la crise sanitaire ». Pour elle, cette nouvelle Pac doit « réussir l’équilibre dans un triptyque composé des enjeux environnementaux avec les attentes sociétales et la transition écologique à laquelle il faut absolument répondre, de la réponse à la souveraineté alimentaire pour nourrir bien les Français et les Européens, et, enfin du fait que les agriculteurs doivent pouvoir vivre de leur métier ». Un équilibre à trois, pas facile à trouver.