Les élevages "bovin viande" sont-ils rentables ?
La rentabilité des systèmes bovin viande varie de -3,8 SMIC à +6,52 SMIC par UMO exploitant. Pourquoi autant de variabilité ? Comment l'expliquer ? Comment arriver à un niveau satisfaisant de rémunération en viande bovine ? Les clefs de la rentabilité sont à portée de mains.

La Chambre d'agriculture et les Bovins Croissance (Bovins Croissance Sèvres Vendée Conseils et Seenovia) ont mené une étude pour apporter aux éleveurs des réponses afin d'améliorer la rentabilité de leurs ateliers. Une base de données de 1 032 Couprod réalisée sur 3 années dans 677 exploitations a servi de base à cette étude. Ce nouveau travail apporte un regard sur 10 systèmes de production composés de 5 races : Charolaise, Limousine, Blonde d'Aquitaine, Parthenaise et Rouge des Prés dans des systèmes naisseurs et naisseurs -- engraisseurs. Un traitement statistique a été réalisé pour définir les stratégies gagnantes par race. Une analyse fine des systèmes les plus rentables a complété ce travail statistique.
• Un écart de 0,72 SMIC entre les naisseurs et les naisseurs-engraisseurs
Les premiers résultats de cette étude montrent que la rémunération moyenne des éleveurs bovin viande est de 1,5 SMIC/UMO avec une grande variabilité. Dans cet échantillon, le niveau de rémunération dépend du système de production. En effet, il y a un écart de 0,72 SMIC entre les naisseurs (1,07 SMIC/UMO) et les naisseurs -- engraisseurs (1,79 SMIC/UMO).
L'approche par race offre de nouvelles perspectives. On constate que les races les mieux valorisées sur le marché (dans un système maîtrisant ses charges) permettent un niveau de rémunération supérieure.
• Le coût de production, premier facteur explicatif des écarts de revenus
Le coût de production est le premier facteur expliquant la différence de revenu entre les éleveurs. Il explique à lui seul 46 % de la variation du SMIC par UMO chez les naisseurs-engraisseurs et 72 % chez les naisseurs (en race Charolaise). La productivité de la main d'oeuvre arrive en second, en troisième les aides et pour finir le prix de vente de la viande produite.
• La mécanisation demeure la principale charge
Contrairement aux idées reçues, les exploitations qui ont de forts amortissements matériels ont des frais d'entretien plus importants. Ceci s'oppose à l'idée que le matériel amorti occasionne des réparations élevées.
• Le coût alimentaire et l'autonomie du système sont les deux leviers principaux à actionner
Les éleveurs ayant choisi l'autoconsommation de concentrés à base de céréales font un choix gagnant : +0,5 SMIC pour un cheptel moyen naisseur-engraisseur.
• La productivité de ma main d'oeuvre, un atout du revenu
Dans les systèmes où les éleveurs maîtrisent leurs charges, la productivité de la main d'oeuvre est un levier complémentaire pour améliorer le revenu. On estime que 70-80 vêlages par UMO sont un bon compromis entre capitaux mobilisés, travail et rentabilité pour un système naisseur-engraisseur. Chez les naisseurs, on estime ce repère à 80-90 vêlages. Les systèmes avec une productivité supérieure n'ont pas un revenu au-dessus de la moyenne.
L'analyse des exploitations avec le SMIC/UMO le plus élevé nous montre qu'elles arrivent à dégager entre 1 à 2Smic supplémentaires. Les leviers mis en place par ces dernières sont : un coût de production 10 % inférieur à la moyenne, 15 % de productivité en plus, un coût alimentaire maîtrisé grâce à l'autoconsommation de céréales et une mécanisation légèrement inférieure à la moyenne pour les systèmes naisseurs -- engraisseurs Charolais.
Cette étude a été menée conjointement par la Chambre d'agriculture et des Bovins Croissance. Vous trouverez prochainement sur les sites de la Chambre d'Agriculture des Pays de la Loire, Bovins Croissance Sèvres Vendée conseil et de Seenovia, les fiches reprenant les leviers d'amélioration de la rentabilité par races et par systèmes bovin viande en Pays de la Loire.