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Egalim : en attente de transparence

À l’initiative du préfet de la Mayenne, s’est tenu vendredi à Laval un premier bilan avec les représentants de tous les acteurs de la loi Egalim et en présence de Francis Amand, médiateur des relations commerciales agricoles. Un médiateur qui a entendu certaines avancées, mais pas une satisfaction totale, notamment des producteurs.

Francis Amand, médiateur des relations commerciales agricoles, était dans son rôle à Laval : celui d’écouter les débats, d’entendre les desideratas des uns et des autres. Sans pouvoir décisionnel pour accélérer le retour de la valeur ajoutée des produits agricoles dans les trésoreries des exploitations.
Francis Amand, médiateur des relations commerciales agricoles, était dans son rôle à Laval : celui d’écouter les débats, d’entendre les desideratas des uns et des autres. Sans pouvoir décisionnel pour accélérer le retour de la valeur ajoutée des produits agricoles dans les trésoreries des exploitations.
© VG

« Beaucoup d’acteurs ne veulent pas la transparence. J’aimerais bien mon lait en 100 % tripartite, mais ce n’est pas possible ! Même chose pour mon bœuf. » Ces propos sont de Michel Biéro, le directeur exécutif Achats, Marketing et Communication de Lidl, lors de la réunion bilan des Egalim vendredi dernier en préfecture de Laval. Lidl fait figure de bon élève dans cette quête de retour de la valeur ajoutée des produits alimentaires vers les producteurs. Avec le lait, il a mis en place des contrats avec une association de producteurs dans le nord de la France et une laiterie. Nous sommes en février 2015 et le lait « Lidl », avec « retour correct aux producteurs » se commercialise dès septembre de la même année. « Cela peut aller très vite ? Ce sont des contrats de 2 à 3 pages seulement… Tout est question de volonté. » Serge Moly, directeur de l’approvisionnement Lait chez Lactalis expose une autre vision du marché, se basant sur l’Allemagne où « la distribution est souvent faite par les hard-discounters. Il n’y a pas de modèle parfait. On porte l’innovation, la sécurité. Les valeurs des marques portent cette transparence. » Réponse immédiate de Michel Biéro : « j’ai travaillé des semaines et des mois pour trouver de la transparence avec vous. C’était rude. J’ai dû faire appel aux producteurs pour faire avancer cette transparence… » Deux méthodes, deux visions… Reste que, comme l’a souligné le représentant de Lidl, « la consommation de lait en France est en recul ». Et de proposer : « Arrêtons cette guerre des prix en mettant le juste prix. Car il faut savoir qu’encore actuellement, une marque est négociée à l’envers. Ce n’est plus des achats… »

Dans la salle, la voix de Sylvain Rousselet, du syndicat Jeunes Agriculteurs, se fait entendre : « Il faudrait citer ces industriels qui ne veulent pas afficher la transparence. Et si vous le souhaitez, nous pouvons venir avec vous les rencontrer… » « Régulièrement on va expliquer aux Gms comment on fonctionne et on essaie de leur faire comprendre que nous, producteurs, nous avons un coût de production », rappelle Jérôme Landais, président de la Fdsea 53. Etd « ajouter : « je propose aux Gms de les rencontrer pour travailler sur des contrats tripartites ». Mickaël Guilloux, responsable de la section porcine de la Fdsea 53, fera remarquer que « si la consommation de la viande fraîche diminue, celle de la viande transformée est en progression ». Et d’interroger les transformateurs et les distributeurs : « comment pouvez-vous être capables de redistribuer du retour de valeur ajoutée pour tous ces produits ? » Pour Michel Biéro, le manque de transparence vient du transformateur. « On a mis en place un travail sur l’origine France. On veut obliger les industriels à noter sur les étiquettes l’origine des produits des plats préparés ». Et d’annoncer : « le 11 décembre, on va signer un manifeste dans lequel Lidl s’engage à mettre sur les emballages l’origine de tous les produits ».

Une première en France

C’est l’organisateur de ce qui constitue le premier bilan départemental des Égalim, à savoir le préfet de la Mayenne Jean-Francis Treffel, qui a conclu. « La loi Egalim commence à porter ses fruits pour la filière Lait », estime-t-il, remarquant que « des OP satisfaites, d’autres un peu moins ». En viande bovine, il note « des prix pas rémunérateurs pour les éleveurs ». En volailles, « des prix tenus par des coûts d’installation importants ». En porc, c’est « l’envolée des cours » que le préfet retient, mais avec « la difficulté pour les transformateurs et les distributeurs de se caler sur cette augmentation rapide ».

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Les réactions

• Jérôme Landais, président de la Fdsea 53

« On ne peut pas dire que les Egalim ne servent à rien ni que nous sommes contents. Cela dit, cette journée était bien organisée, avec des internvants de qualité. Elle a permis de faire le point. De dire ce qui va et ce qui ne va pas du tout, de faire ressortir ce que pense la Fdsea des Egalim. À savoir le fait que nous, agriculteurs, sur le terrain, pour l’instant les Egalim n’ont servi à rien, car il n’y a pas de retour au niveau financier. Comme le dit le médiateur : s’organiser en OP est indispensable pour faire pression. C’est bien aux OP de négocier, par aux producteurs en direct. Sinon, ce n’est pas l’agriculteur qui fait la marge, c’est l’industriel et la grande surface.
Les Egalim ne sont que la partie française des marchés. Il faudra toujours être compétitif pour exporter. À l’État aussi de faire des efforts pour que l’on soit compétitifs. Au niveau de la production, on est bien compétitif, c’est après que cela se dégrade.
Il ne faut pas que les Egalim mettent 5 ans à se mettre en place. Sinon, côté viande bovine, on aura perdu 50 % des producteurs !
Autre aspect, les Egalim ont permis aux consommateurs de comprendre que l’on ne pas produire pour rien et que nous avons un coût de production que l’on doit couvrir. »

• Pascal Aubry, président de la Coordination rurale de la Mayenne :

« Globalement, les Ega cela peut marcher, mais sur des marchés de niche, comme avec Lidl France ou Bel. Les contrats tripartites ne peuvent être que des choses volontaires. Cela ne peut pas se généraliser comme certains le souhaiteraient. C’est impossible sur un marché mondialisé. Dans les deux indicateurs obligatoires dans la loi, on voit bien que l’indicateur « marché » prime sur l’indicateur « coût de production ». Les filières, en général, cherchent le plus d’opacité possible pour éviter de montrer où va l’argent. Quand aujourd’hui on a 52 % de la viande bovine consommée en France qui est importée, et environ 40 % pour le porc, on voit bien que l’on ne devait pas faire des Ega franco-français, mais à l’échelle de l’Europe. »

Les six points essentiels pour le médiateur

Francis Amand, médiateur des relations commerciales agricoles, tout en s’adressant aux acteurs de la filière pour qu’ils « s’emparent de cette loi », a résumé en 6 points ce qu’il juge essentiel :

1 — « Regrouper les OP. Il y a trop de petites OP qui n’ont pas assez de poids. Il faut des OP plus puissantes. »

2 — « Intégrer les facteurs qualité dans les contrats que font les OP. »

3 — « Mieux maîtriser ses coûts. On ne peut pas imposer à l’acheteur de bien couvrir ses coûts et qu’il n’y ait pas d’effets pour le producteur. »

4 — « Connaître sa consommation pour élaborer une stratégie. Les interprofessions doivent davantage travailler en intégrant les OP et la distribution. »

5 — « Je suis d’accord pour qu’il y ait plus de transparence. Mais trop de transparence nuit à la concurrence. Il faut trouver un juste équilibre pour garder la concurrence. »

6 — « Valoriser les acteurs qui s’engagent et ne pas stigmatiser les mauvais. »

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