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Agribashing : « Arrêtez de tirer à vue ! »

La publication de la carte des « fermes usines » françaises par Greenpeace a fait l'effet d'une bombe. Des éleveurs, dont les installations sont classées pour la protection de l'environnement (Icpe) sont mis à l'index. Réactions entre stupeur et ras-le-bol.

La carte est actuellement inaccessible pour cause de "mise à jour"...
La carte est actuellement inaccessible pour cause de "mise à jour"...
© Capture écran site de Greenpeace

Avec cette carte, l'Ong pointe du doigt pas moins de 4000 exploitants agricoles, dont 90 Mayennais au seul prétexte que leurs outils de travail sont classés Icpe, c'est-àdire classées pour la protection de l'environnement. Éleveur de porcs, Jean-Bernard Adam est « profondément outré que l'on jette à la pâture des gens qui font dignement leur travail ». Car rappelons-le, si les exploitations sont Icpe, elles se doivent de respecter des normes draconiennes afin de respecter l'environnement. Et elles le font ! Pour Jean-Bernard Adam, comme pour Vincent Noël, JA éleveur  e porcs et de bovins allaitants, « c'est de la délation ! » « Nous sommes mis sur le gril, devant tout le monde. Arrêtez de tirer à vue », poursuit Vincent Noël. « Nous avons l'impression d'être un boulet pour la société, poursuit-il. C'est encore une forme d'agribashing, de fake news. » « Que veut Greenpeace avec cette carte ?, interroge Olivier Besançon, éleveur de volailles et responsable de la section avicole à la Fdsea 53. La mort du monde rural et des personnes qui le font vivre, agriculteurs comme industriels ? » Et il sait de quoi il parle, lui qui a eu la visite de membres de L214 sur ses terres l'an dernier.

Que faire ?

Jean-Bernard Adam pointe du doigt l'absence de réaction : « Je suis choqué du silence des politiques à ce sujet et attristé du peu de considération des pouvoirs publics pour la fonction que nous représentons ». Des politiques qui pour certains d'entre eux en Mayenne, essentiellement les parlementaires, se sont exprimés ce vendredi matin, lors d'un petit-déjeuner organisé par la Fdsea et JA 53. C'est d'ailleurs vers les élus que les deux syndicats demandent à ceux qui sont mis en exergue par Greenpeace de se tourner, et avant tout les maires. À eux d'agir ensuite, aux échelons supérieurs, pour que cessent ces dénigrements systématiques de l'agriculture, « ces pratiques insupportables et d'une extrême violence », comme l'écrivent la Fdsea et les JA de la Mayenne dans une lettre adressée lundi aux grands élus (parlementaires, présidente de région, président de département et président de l'association des maires de la Mayenne). Pour les syndicats, « les pratiques de Greenpeace font écho aux intrusions en élevages de la part d'autres associations anti-viandes. Un harcèlement qui n'est plus admissible ». Certains éleveurs pensent à des actions plus violentes comme « se rassembler devant les sièges de ces organisations jusqu'à obtenir la liste de ceux qui les financent », ou bien encore « l'autodéfense ». Et tous de constater le silence de l'État. « C'est pourtant une question de sécurité humaine », estime Jean-Yves Guérot. « Nos administrations doivent être capables de garantir notre sécurité, sinon, nous allons
nous organiser », continue-t-il. Sa colère est compréhensible : il apparaît dans cette liste. Et d'interroger : « Comment le ministère de la Transition écologique et solidaire a pu fournir cette liste à Greenpeace ? » La question mérite une réponse, car, en surfant sur les sites gouvernementaux, on trouve toute la législation et l'administratif liés aux installations classées, mais pour la liste... C'est loin d'être aisé à trouver...

Les parlementaires de la Mayenne réagissent d'une même voix

"Ces derniers mois, les incidents envers les bouchers, les abattoirs et les éleveurs se sont multipliés. La Mayenne, terre de bocage, est un département où l’économie générée par l’élevage est importante. Et nos agriculteurs, quelles que soient leurs productions, restent des passionnés, attentifs à la qualité et respectueux de la tradition. C’est pourquoi, nous, parlementaires de la Mayenne, déplorons les actions d’intimidation, voire de violence, menées par quelques individus ou par certaines associations.

Attention, loin de nous l’idée de condamner celles et ceux qui choisissent un régime alimentaire excluant la viande. Nous les respectons. Cependant, nous ne pouvons accepter que certains s’inscrivent dans le non-respect des personnes, de leurs biens et de leur travail.

La société évolue, les habitudes et les exigences des consommateurs changent. Nos éleveurs, eux-mêmes, ont bien conscience que la traçabilité et la qualité de leurs produits leur assurent une clientèle de plus en plus sélective. Ils sont à l’écoute et ils font des efforts considérables alors même que la conjoncture ne leur est pas favorable. Il est donc inacceptable à nos yeux de les voir stigmatisés, maltraités, condamnés par des individus sans scrupule.

Le respect de l’État de droit s’impose à tous."

Géraldine Bannier, Guillaume Chevrollier, Élisabeth Doineau, Yannick Favennec et Guillaume Garot

Communiqué

Plateforme « fermes-usines » de Greenpeace : stop à la délation !


Greenpeace, qui agit, de son point de vue, « selon les principes de la non-violence », vient de publier le nom de plus de 4000 agricultrices et agriculteurs travaillant sur des exploitations que l'association dénonce comme des « fermes-usines ». Comment qualifier la dénonciation publique d'agriculteurs qui exercent leur métier dans les règles de l'art -- Greenpeace se vante même d'avoir reçu du ministère de la Transition écologique et solidaire, une liste des exploitations ayant déclaré et obtenu leur autorisation administrative d'exploiter -- au seul motif que la taille de l'exploitation ne correspond pas à la vision qu'a Greenpeace du « modèle agricole » ?
Dénoncer et jeter à la vindicte populaire des noms d'agriculteurs, des noms de ferme, des adresses, des lieux de vie, est violent. Extrêmement violent ! Une violence insupportable. Derrière les slogans ou les cartes publiées, nous osons rappeler que ce ne sont pas des conglomérats ou des holdings impersonnels, mais des femmes, des hommes et leurs enfants qui sont pointés du doigt et
stigmatisés.

La Fnsea et JA entendent apporter leur soutien entier et sincère à toutes les agricultrices, tous les agriculteurs, leurs familles et leurs proches face à ces mises en cause calomnieuses et visant une fois de plus à créer une fracture entre le monde agricole et la société. Les agriculteurs ne supportent plus ces pratiques. Ils ne supportent plus le climat nauséabond d'intrusions sur les exploitations d'élevage, d'actions violentes contre les abattoirs ou contre les boucheries. L'esprit de responsabilité de chacun, surtout des associations qui se prétendent pacifistes, aurait pourtant dû empêcher ce mode d'action que nous pensions relever d'une période révolue de notre histoire.

Nous appelons d'urgence le Gouvernement à condamner avec fermeté cette forme de délation et à apporter une réponse juridique face à ces méthodes. Ces méthodes ne sont pas les nôtres. Et nous en sommes fiers.

Fnsea et JA

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