Utilisation des jachères ? Les éleveurs ont préféré anticiper
L’État vient d’autoriser l’utilisation des jachères pour pallier le manque de fourrage. En Mayenne, où les jachères sont rares (environ 350 ha selon la Ddt), les éleveurs ont dû entamer les stocks. Tour d’horizon avec des éleveurs laitiers qui anticipent de plus en plus les aléas climtiques.

Les éleveurs sont autorisés à utiliser les surfaces en jachère « pour faire pâturer leurs troupeaux ou faucher pour produire du fourrage ». La Mayenne fait partie des 47 départements impactés par la sécheresse et qui bénéficient donc « d’une reconnaissance de circonstances exceptionnelles pour valoriser les jachères et les garder déclarées en tant que surfaces d’intérêt écologique (Sie) même fauchées ou pâturées. Ces surfaces pourront ainsi continuer à être comptabilisées comme SIE pour l’octroi du paiement vert », précise la Ddt 53 dans un communiqué. La Ddt rappelle l’objectif des Sie, à savoir « réserver la biodiversité ». Il est donc « demandé aux éleveurs ayant recours à cette possibilité, de le faire en prenant toute mesure adaptée pour préserver au mieux la faune et la flore sur ces parcelles », par exemple : « fauche centrifuge, recours à des méthodes d’effarouchement, pression de pâturage limitée », etc.
Cette autorisation, annoncée par le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, afin de pallier les manques de fourrages liés aux conditions climatiques actuelles, semble séduisante. Mais pour les éleveurs laitiers de la Mayenne, elle arrive tardivement. « D’abord nous avons très peu de jachères en Mayenne, souligne Olivier Duhamel, de La Chapelle-Rainsoin. Ce sont surtout des zones enherbées. Puis, donner cette autorisation au 1er août c’est beaucoup trop tard. Un ray-grass à cette période de l’année est beaucoup trop sec et n’a plus de valeur nutritive. Si nous avions eu cette autorisation au 1er juillet, on aurait encore eu quelque chose à gratter… »
Benoît Aubry, éleveur à Ballots, rejoint les propos de Olivier Duhamel : « Il aurait fallu prendre cette décision en juillet ». Pour lui, cette autorisation « trop tardive » révèle un manque d’anticipation de l’Administration vis-à-vis des conséquences de la météo. « Il aurait fallu mieux anticiper, à l’instar de la Fdsea et de son opération paille, lancée depuis l’année dernière. »
Pour autant, Benoît Aubry remarque le peu de jachères dans son secteur : « je n’en connais quasiment pas dans mon canton ». Pour nourrir ses vaches laitières, faute de pâtures, il s’en reporte à ses stocks fourragers. La chaleur actuelle et la fin de la pousse de l’herbe lui ont fait rentrer ses vaches dans le bâtiment. « Elles sont donc nourries au bol, avec une ration composée principalement de 36 kg de maïs, de 15 kg d’herbe ensilée, de 3,3 kg de concentrés de céréales, de 2,7 kg d’azote… » Pour l’avenir, il entend faire évoluer ses pratiques. « Au lieu de faire des Rgi et dérobés, je vais me tourner vers un peu plus de Rga et trèfles afin de les ensiler et gagner en ensilage dans la ration. » Cela reculera sans doute la date de sortie du troupeau au printemps, mais évitera aux Rgi et dérobés de venir trop puiser l’eau dans le sol et de la conserver davantage pour les maïs.
Comment bénéficier de la disposition Sie et paiement vert ?
Pour bénéficier de la disposition « Sie » et « paiement vert », les éleveurs doivent adresser un courrier à la Direction départementale des territoires (Ddt) en détaillant « les difficultés rencontrées en raison de la sécheresse ainsi que la nécessité d’utiliser les jachères et demandant en conséquence la prise en compte des circonstances exceptionnelles ».
Adresse : Direction départementale des Territoires de la Mayenne, service Économie et Agriculture durable, cité administrative, rue Mac Donald, BP 230 091, 53 063 Laval Cedex 9. Tél. : 02 43 67 89 30.