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Une pomme de dialogue ou de discorde?

Le verger cidricole n’échappe pas à la réglementation Znt. Difficile à ce stade d’en mesurer le réel impact économique ou environnemental, mais pour Denis Rouland, 32 hectares de vergers à Andouillé, le dialogue noué avec le voisinage grâce à de bonnes pratiques culturales pourrait laisser la place au doute, voire à la suspicion.

© T.G

« L’alternative au chimique, c’est depuis longtemps un axe de travail sur notre exploitation. Cela fait plus de 10 ans que l’on y travaille », souligne Denis Rouland. Dans ce verger de 32 hectares au cœur de la Mayenne, le désherbage mécanique est privilégié et on ne fauche plus les bordures de haies au nom de la préservation de la biodiversité. Les fleurs fleurissent et nourrissent une armada d’insectes que Denis observe avec attention. Il a même installé une dizaine de ruches dont il explique le « pourquoi » et le « comment » aux voisins et consommateurs qui viennent s’approvisionner à la cave. L’occasion d’expliquer aussi le biocontrôle qu’il pratique au gré des saisons.

Le doute va planer

« Ce qui me fait peur dans cette directive, c’est le risque de stigmatisation du pulvérisateur, avoue-t-il. En développant de nouvelles pratiques et en quelques années, j’ai créé une relation de confiance avec le voisinage mais les Znt vont faire planer le doute, voire jeter le discrédit sur ce capital confiance si long à construire. » Eh oui. « On nous aurait menti ? », va s’interroger la frange de consommateurs qui avait accepté l’usage du pulvérisateur sans abus. Dans les opérations de pulvérisation qu’il pratique encore, Denis Rouland s’impose d’ailleurs de l’autodiscipline. Le dernier rang jouxtant la parcelle n’est traité qu’à moitié, c’est-à-dire uniquement en position « produit entrant dans la parcelle » sous le regard bienveillant des riverains.

Un impact à géométrie variable

À la question de l’impact des Znt sur le verger cidricole français, Denis Rouland se montre prudent. « Cela va être très variable en fonction de la configuration des parcelles, pronostique-t-il. Si une habitation se trouve en bout de ligne, c’est-à-dire au niveau des tournes, l’impact va être très limité. A contrario, une Znt peut concerner toute une rangée qui se trouverait en limite de lotissement. » Quasiment un cas d’école pour Denis Rouland. Un projet de constructions de 14 pavillons le long d’une de ses parcelles plantées il y a une quinzaine d’années est en cours. Le lotisseur n’a pas prévu de zone tampon. Au-delà de ce chiffrage en mètres linéaires de Znt, on peut s’interroger sur l’efficience d’une telle mesure. Notre producteur évoque « un risque de recrudescence de tavelure, l’émergence de foyers de parasites secondaires avec peut-être par conséquent un risque d’impasse de solutions techniques en agriculture biologique. Nous sommes dans le même bateau. »

Et maintenant, on fait quoi ?

Pour autant, le président de l’Institut français des productions cidricoles (Afpc) n’entend rien lâcher. Si les chartes d'engagement des utilisateurs appuyées par le syndicalisme agricole doivent nourrir le dialogue, des avancées technologiques sont également à creuser. « Même s’il s’agit d’un petit marché, les constructeurs de pulvés doivent pousser la recherche et proposer, par exemple, des turbines moins bruyantes. En vigne, ils proposent des tunnels de protection », souligne encore au passage Denis Rouland. Et la buse anti-dérive ? Justement, une fausse bonne idée. En arboriculture, on cherche à diffuser une matière active dans un volume. « Le mot environnement devient de plus en plus prégnant dans notre société. Il faut donc penser démarche HVE (Haute Valeur Environnementale) pour labelliser nos efforts », propose en guise de conclusion Denis Rouland.

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