Un paysage politique européen chamboulé
Élections européennes
Les élections européennes se sont déroulées entre le 25 et le 26 mai. Elles ont été marquées par une participation en hausse et par une modification du paysage politique, avec une perte de vitesse pour les partis traditionnels. En France Le Rassemblement national est arrivé en tête, suivi de près par La République en marche. Europe Écologie les Verts, en obtenant la troisième place, a créé la surprise.

50,12 % des Français se sont rendus aux urnes le dimanche 26 mai, défiant tous les sondages qui prévoyaient une abstention en hausse par rapport à 2014. Ce taux de participation est un record depuis 1994 (il était de 52,76 %). Ce scrutin est marqué par un recul des partis politiques traditionnels, à l’image des Républicains qui obtiennent seulement 8,48 % des voix. Avec 23,3 % des voix, la liste du Rassemblement National, menée par Jordan Bardella, devance celle de La République en Marche (22,4 % des voix). Le parti de Marine le Pen sort gagnant du duel qui l’opposait au parti présidentiel.
Les programmes des deux listes s’opposent en de nombreux points et l’agriculture ne fait pas exception. Si les deux partis préconisent tous deux de préserver le budget de la Pac, le Rassemblement National plaide pour la possibilité de développer des politiques agricoles nationales. Il appelle à « protéger l’excellence agricole française » en misant sur le « localisme ». LREM ambitionne de simplifier les aides Pac et de les orienter vers des exploitations à taille humaine. Elle plaide pour une harmonisation sociale et fiscale en Europe pour donner aux entreprises et aux travailleurs les mêmes règles. Les deux listes devancent la liste Europe Écologie les Verts, menée par Yannick Jadot, qui a obtenu 13,4 % des voix, créant ainsi la surprise au sein du paysage politique français. Côté programme agricole, les Verts français souhaitent préserver le budget de la Pac, mais ils appellent à la réformer entièrement afin qu’elle de tende vers une politique agricole 100 % bio. Pour EELV, il s’agit aussi de renforcer la conditionnalité des aides et de supprimer les aides aux agrocarburants et aux cultures énergétiques.
Un parlement européen morcelé
Les bons résultats des Verts en France font écho à ceux obtenus dans d’autres États européens, comme en Allemagne où ils arrivent juste derrière le camp d’Angela Merkel. La tête de liste a d’ailleurs salué une « vague verte » européenne. Les résultats de ces élections vont chambouler la composition et le fonctionnement du Parlement européen. Si le Parti populaire européen (démocrates-chrétiens et droite) et l’Alliance progressiste des socialistes et démocrates (sociaux-démocrates) restent les principales forces du parlement européen, obtiennent respectivement 180 et 145 sièges dans le nouveau Parlement. Ils perdent chacun une trentaine de sièges et vont perdre de l’influence. Il leur faudra désormais compter sur deux autres groupes politiques : les libéraux (parti de LREM) qui passent de 69 à 109 membres. Les Verts remportent 69 sièges contre 52 lors de la dernière élection. Les conservateurs, souverainistes et groupes d’extrême droite, répartis en trois groupes distincts, gagnent une vingtaine de sièges : 54 pour les conservateurs et réformistes, 58 pour l’Europe de la liberté et de la démocratie directe et 59 pour l’Europe des nations et des libertés, contre 77, 42 et 36 dans le mandat précédent. Une fois le Parlement en place, il devra désigner un président. Ce dernier est élu à la majorité absolue par les députés. Ils nommeront enfin une nouvelle direction de la Commission européenne.
74 sièges pour l'instant
Les Français occuperont 74 sièges. 5 sont en « réserve » jusqu’au Brexit. Des députés « réservistes » qui rejoindront le Parlement européen après le départ des Britanniques. Le RN obtient 22 élus (+ 1 réserviste), LREM en a 21 élus (+ 2 réservistes), EELV 12 (+ 1 réserviste), le PS 5 (+ 1 réserviste). Avec respectivement 8 et 6 sièges, Les Républicains et La France Insoumise n’ont pas de siège « en réserve ».
Quatre agriculteurs français au Parlement
La profession agricole française sera représentée par 4 exploitants, nouvellement élus, qui vont siéger au Parlement européen : Maxette Pirbakas-Grisoni (RN), ancienne présidente de la Fdsea de la Guadeloupe ; Jérémy Decerle (LREM), ancien président de Jeunes Agriculteurs, Irène Tolleret (LREM), viticultrice dans l’Hérault, et Benoit Biteau (EELV), agriculteur en polyculture-élevage en Charente-Maritime.
Et en Mayenne ?
Comment ont voté les Mayennais ? Mieux que la moyenne des Français, car 51,60 % d’entre eux se sont déplacés dimanche dernier dans les bureaux de vote. Pour qui ont-ils voté ? En premier pour la liste Renaissance (LREM) qui a emporté 25, 83 % des suffrages exprimés. Cette liste a obtenu près de 34 % à Château-Gontier-sur-Mayenne, fief du député européen sortant Jean Arthuis. Arrive en 2e, la liste Prenez le pouvoir (Rassemblement national) qui flirte avec les 20 % (19,62 % des suffrages exprimés). RN a dépassé les 43 % des votes à Chémeré-le-Roi. Enfin, comme les électeurs français, les Mayennais ont positionné Europe Écologie (EELV) en 3, avec 13,10 %, soit un peu moins que le scrutin national. Dans quatre communes, EELV est arrivée en tête : Mée, Montflours, Olivet, Saint-Pierre-sur Erve.
Autre particularité de ce scrutin, les électeurs d’une commune, Désertines, ont davantage voté pour Union Droite-Centre (Les Républicains) qui obtient 21,99 %, juste devant RN (20,57 %). En moyenne, LR obtient 9,29 % des voix, soit la 4e position en Mayenne, devant Envie d’Europe (PS) avec 6,75 %, Les Européens (UDI) et ses 5,38 %, La France Insoumise (4,47 %) et Debout la France (4,26 %).
Positionnée à la 19e place sur la liste LREM, Valérie Hayer, 33 ans, vice-présidente du Conseil départemental et conseillère municipale à Saint-Denis-d’Anjou, rejoint les bancs du Parlement européen. La Mayenne continue donc d’être représentée, qui plus est par une fille d’agriculteurs.