Terrena face à une problématique d’équilibre matière
Olivier Chaillou, président de Terrena, fait le point sur les conséquences du Covid-19 pour la coopérative.

>> Le confinement bouleverse tout le secteur agroalimentaire en France. Comment s’organise Terrena pour continuer de produire malgré la crise sanitaire ?
On a déjà la chance de pouvoir travailler. Bien sûr, nous avons tout mis en œuvre pour préserver la santé de nos salariés et de nos agriculteurs. Nous avons pris toutes les dispositions qui sont bien connues : les gestes barrières et les distanciations. Aujourd’hui, toutes les activités fonctionnent avec des modifications dans l’organisation de certains ateliers. Notamment, des distanciations qui ont fait que certaines chaînes ont dû ralentir la cadence. Le taux d’absentéisme se trouve aujourd’hui entre 10 à 15 %. Il a même tendance à baisser depuis le début du confinement. Ce taux est lié notamment à la prise de RTT ou de congés suite à la signature d’un accord avec les représentants du personnel. L’idée étant de tout faire pour ne pas avoir à mettre des salariés au chômage partiel. Pour eux, cela aurait eu un impact économique.
>> Qu’a entraîné la fermeture des restaurants et des cantines au niveau de la production et de la transformation chez Terrena ?
Le principal souci que nous rencontrons ce sont les équilibres matières. Prenons l’exemple de la filière bovine. Toutes les pièces de l’avant vont dans les grandes surfaces pour faire notamment des steaks hachés et tout ce qu’on appelle les pièces nobles, c’est-à-dire l’arrière de l’animal est plutôt consommé dans les restaurants... Finalement, aujourd’hui, il nous faudrait 2 avants quand il nous reste un peu plus d’arrière, si je simplifie au maximum. Donc on se retrouve à la fois avec un manque de disponibilité de certaines pièces et un surstock pour d’autres... Notamment en bovin avec le filet, le faux filet, l’entrecôte ou la côte de bœuf.
Le consommateur n’a pas changé forcément ses habitudes d’achat quand il va dans les magasins donc il continue d’acheter du steak haché. Alors qu’on aurait pu imaginer qu’avec plus de temps pour cuisiner, il aurait pu acheter des pièces plus nobles. Cette problématique des équilibres matières touche particulièrement la filière bovine et avicole. Les stocks vont s’accroître sur certains morceaux.
Aujourd’hui, nous demandons aux consommateurs, à ceux qui le veulent et ceux qui le peuvent, de changer leurs habitudes alimentaires. Acheter des pièces nobles de bovins, cela coûte plus cher que d’acheter des steaks hachés. Par contre, manger du canard ou de la volaille ce n’est pas forcément plus cher que d’autres produits...
>> Quel impact financier aura cette crise sur la coopérative ?
Difficile encore de le mesurer puisqu’on ne connaît pas encore la profondeur de la crise. Bien sûr, il y aura un impact pour Terrena et pour les agriculteurs. Mais il sera différent selon les filières. Les enveloppes d’investissement n’ont pas été remises en cause par la coopérative. Personnellement, je pense que des décisions vont devoir être prises par le conseil d’administration pour effectuer un ralentissement dans les avancées de ces investissements sans parler de les remettre en question. Mais je reste confiant parce que Terrena est une maison solide.