Prix du porc en hausse : « il faut que ça dure »
Le prix du porc est monté de 0,23 EUR dans les trois derniers mois. Une hausse qui permet momentanément aux éleveurs de sortir la tête de l'eau et d'espérer retrouver une stabilité propice aux investissements.

« On attendait ça depuis dix-huit mois, on est enfin payé à la hauteur de nos coûts de production », estime Michael Guilloux éleveur de porc à Astillé et responsable de la section porcine à la Fdsea 53. Ces trois derniers mois, le prix du porc a augmenté de 0,23 EUR et tourne aujourd'hui autour de 1,40 EUR contre 1,20 EUR il y a un an. Cette hausse est liée à la demande internationale plus importante suite à la crise sanitaire en Chine causée par la peste porcine africaine. Cependant, pour le responsable syndical plusieurs batailles restent à mener « Il faudra que le prix dure dans le temps et qu'on rattrape les prix des autres pays européens pour ne pas perdre de compétitivité sur nos concurrents », explique Michael Guilloux. Pour le moment, le prix du porc actuel permet seulement aux éleveurs de sortir la tête de l'eau. Maxime Béchu, installé à Ernée en label rouge ressent bien la différence : « Lorsque le prix du porc était à 1,19 EUR, il nous manquait 4 000 EUR pour couvrir nos coûts de production à chaque départ de bande, toutes les trois semaines, cela représente environ 70 000 EUR sur l'année. ».
Un cap à maintenir
La continuité de la juste rémunération des producteurs de porc se jouera également au niveau des industriels « Il faut qu'ils acceptent les hausses sur le marché du vif et sur les produits transformés. Les contrats annuels, que certains ont signés pour 1,2 EUR, ne pourront pas tenir », explique le responsable syndical. Autre enjeu, l'investissement des éleveurs dans leurs exploitations. Les revenus des éleveurs obtenus ces dernières années ne leur permettent pas d'investir pour moderniser leurs bâtiments. « Il faudrait que le prix soit stable pendant au moins deux ou trois ans pour renflouer les trésoreries des éleveurs. On arrive à un tournant générationnel, beaucoup d'éleveurs vont partir en retraite et cette stabilité permettra aux jeunes de s'installer », souligne Michael Guilloux. « Les cinq années à venir vont être décisives, il y a le renouvellement des générations et les investissements à faire pour améliorer la biosécurité, il faut préparer le terrain pour les jeunes aussi. Tout ça dépend du prix du porc, ça influence également les banques, qui investissent de moins en moins dans le conventionnel », ajoute Maxime Béchu.
Rien n'est gagné
Depuis un mois, le prix des céréales a diminué de 25 EUR par tonne, les protéines ont gardé le même prix, pourtant les aliments vendus aux éleveurs ont gardé les mêmes prix. « On a l'impression d'être dans un ascenseur qui fonctionne que dans un seul sens », déplore Michael Guilloux. « Certains pensent que les éleveurs ont les moyens de supporter ces prix d'aliments. On vient à peine de dépasser le prix de revient, les trésoreries des éleveurs sont encore fragiles », ajoute-t-il. Des écarts importants de rémunération persistent entre les pays européens, l'Allemagne et- l'Espagne sont rémunérés 1,70 EUR (voir graphique). « Au niveau syndical, c'est aujourd'hui ou jamais ! Il faut s'organiser collectivement pour que l'on soit rémunéré au même niveau que nos homologues européens, si ça doit passer par des exportations à vif, il faudra le faire. », conclut Michael Guilloux.