Pour une vraie politique du « Mangez français »
Ceta, Mercosur, accord éventuel avec les USA, expotations vers la Chine... le point de vue sur ces thématiques de Yannick Vallée, responsable de la section Viande bovine de la Fdsea 53.

Et 1, 2 et 3 : après le Ceta et le Mercosur, voilà les USA. Avec la même logique : l’import, sur le sol européen, de viande bovine venant fortement concurrencer la production de l’UE et de la France en particulier. S’il y a d’autres contrats à venir, il faut nous le dire maintenant. On est loin des bonnes paroles d’Emmanuel Macron lors de son discours à Cournon en 2018 quand il affirmait ne pas vouloir importer l’agriculture que nous ne voulons pas ! Là, les axes pris sont tout à l’opposé.
Pourtant, les Ega nous demandaient clairement de monter en gamme et devaient nous permettre de construire le prix en marche avant, en partant des coûts de production éleveurs. Ceci dit, c’est plus facile à dire qu’à mettre en œuvre.
Pendant ce temps-là, le Gouvernement cautionne l’entrée de viande venue d’outre-Atlantique, bien moins chère, de moindre qualité, ne répondant pas aux attentes du consommateur et dont on peut douter des modalités d’élevage. D’ailleurs, sur ce sujet, les associations qui ne mettent en avant que le bien-être animal restent muettes, comme si cette concurrence déloyale était, pour elles, une étape bien orchestrée vers la disparition de l’élevage en France. Nous sommes pourtant dans le pays où l’agriculture est reconnue pour être la plus saine et la plus durable.
On peut cependant se réjouir qu’une délégation soit partie en Chine pour promouvoir nos productions, dont nos viandes bovines d’excellence. Mais ne serait-il pas mieux d’accentuer la politique du « Mangez français » en faisant consommer nos viandes locales, notamment dans la restauration hors domicile, plutôt que d’exporter nos viandes haut de gamme et d’importer des viandes de moindre qualité, avec, en plus, un triste bilan carbone ? Selon Jean-Baptiste Moreau, la crise « viande bovine » n’est pas liée aux importations, mais à l’organisation même de la filière. Or, des OP existent déjà. Encore faudrait-il qu’elles aient le pouvoir d’imposer un juste prix rémunérateur pour les producteurs ? Et aux industriels et à la GMS de mettre en œuvre les bonnes intentions signées lors du Plan de filière, faisant suite aux Ega. Ne serait-il pas au Gouvernement d’imposer un devoir de résultats à tous les acteurs de la filière ?