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« Ne pas faire la politique de la chaise vide »

Jeudi 14 mars 2019, la Fdsea de la Mayenne organisait son assemblée générale avec pour thème : « Agribashing, comprendre pour agir ».

© AF

Comme l’a expliqué dans son introduction, Benoît Faucon, animateur du débat : « l’agribashing
est de plus en plus récurent, pas une journée ne se passe sans que l’agriculture soit remise en cause ». Plus récemment, les intrusions d’associations anti-spécistes dans des exploitations porcines en Mayenne ont continué d’attiser la colère des agriculteurs qui souhaitent que ces agissements cessent.

Crainte et méconnaissance

Autour de la table pour répondre aux questions de Benoît Faucon, on pouvait retrouver Mickaël Guilloux, éleveur de porcs à Astillé, responsable de la section porcine de la Fdsea de la Mayenne et secrétaire général de la Fnp, Gérald Bronner, sociologue, Laurence Deflesselle, directrice adjointe de la Direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations
et Dominique Fayel, administrateur Fnsea. Pour ce dernier, « le mot agribashing, c’est un phénomène qui n’est pas si nouveau. Il y avait déjà les bases, c’est l’éruption du volcan, dans sa forme plus violente. Cela fait plusieurs générations que nos habitants n’ont plus de lien avec les milieux agricoles, aujourd’hui il n’y a plus la connaissance de notre métier. La méconnaissance entraîne la crainte et la crainte peut entraîner l’hostilité ». Ce à quoi Mickaël Guilloux ajoute : « l’agribashing c’est le leitmotiv de 2019. Nous les éleveurs, si on a choisi ce métier c’est avant
tout par passion. Et se faire traîner dans la boue comme on le voit tous les jours,cela reste en travers de la gorge et nous empêche même de dormir. On se doit de ne pas en rester là sur cette volonté conspirative de certains. C’est à nous de nous prendre en main pour mieux communiquer,
à travers les médias, les réseaux sociaux, mais aussi au quotidien, avec nos voisins dans
nos milieux ruraux ».

Diffusion de l’information

Gérald Bronner qualifie l’agribashing de situation civilisationnelle : « le fait saillant de tout cela, c’est qu’on n’a jamais eu dans toute l’histoire de l’humanité, autant d’informations. Il y a une progression géométrique de la diffusion de l’information et nous avons cru, un peu naïvement,
qu’avec le développement d’internet, les idées les plus robustes finiraient par s’imposer. Et là il y a une erreur de raisonnement massif, car la robustesse des informations dépend de la satisfaction que cela produit sur nos cerveaux. Chacun est devenu éditorialiste en France par son compte Facebook, les médias vivent pour capter notre attention et la loi du marché des médias c’est
une loi de captation de l’attention, donc pour eux la tentation est forte de verser dans la démagogie cognitive pour aller vers les attentes du public ». En accord avec ces propos, Dominique Fayel complète : « c’est le côté spectaculaire des images qui fait le buzz. Vous pouvez
faire un article de cinquante pages, personne ne va le lire, mais une bonne vidéo, elle peut être vue une bonne centaine de milliers de fois.C’est ce qui explique la résurgence du phénomène. Il y a des solutions, on a la capacité à répondre. Il faut montrer la réalité de nos élevages et rétablir le lien avec cette partie de la société qui ne nous connaît pas. Il ne faut pas se mettre dans une
posture de victimes en permanence, il faut garder la tête haute, analyser les choses et construire une réponse ».


Rester objectif


Présente comme représentante de l’État, Laurence Deflesselle a rappelé le rôle de neutralité nécessaire : « je pense que pour aider les agriculteurs, il faut que l’état reste crédible
dans un rôle neutre et ne pas aller dans le sens d’un lobbying. Il ne faut pas oublier que c’est l’État qui dicte la loi. Chacun a sa liberté de conviction, individuelle. Mais elle s’arrête là où commence celle des autres. Et c’est à l’État de dire si l’on interdit l’élevage des animaux. Mon
rôle c’est de dire si les agriculteurs en Mayenne, ils respectent ou pas la loi. Vous êtes une profession très contrôlée, et bien souvent vous ne parlez de ces contrôles que de manière négative, alors que la majorité des contrôles se déroulent très bien. Vous devez faire en sorte de
transformer ce que vous ressentez comme une contrainte, en grande force. Les rendre plus compréhensibles ». Concernant les intrusions, Mickaël Guilloux a précisé : « il y a un accompagnement juridique qui peut être fait en cas d’intrusion, nous avons incité les personnes à porter plainte ».

Communication positive

La solution qui en ressort reste de communiquer sur la vraie image de l’agriculture : « il faut que les agriculteurs prennent en main leur propre destin, ne pas faire la politique de la chaise vide » explique Gérald Bonner. Il ajoute : « les rationalistes ont pris position, la bataille est engagée.
Il faut prendre langue avec les grands opérateurs d’internet. Il est facile de montrer que sur de nombreux sujets, ce qui importe c’est la crédulité pédagogique. YouTube a notamment fait le choix récemment de ne plus mettre en avant les vidéos conspirationnistes. La dernière solution, c’est par l’éducation. Le fait de permettre à no s enfants de faire leurs déclarations d’indépendance mentale. Faire la différence entre un danger et un risque. Une révolution pédagogique à opposer aux marchés de l’information ».
Dans ce but, le 21 juin, les agriculteurs de la Fdsea de la Mayenne ont prévu d’organiser
« Agri en Ville ». Un projet de communication d’envergure, organisée le jour de la Fête de la musique, pour toucher un maximum de personnes au coeur du centre-ville de Laval et
parler agriculture autour de produits locaux mayennais.

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