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Lutte contre les ray-grass résistants : utiliser les leviers agronomiques

Les cas de ray-grass résistants ne sont plus exceptionnels en Mayenne. Pour les contrôler, le désherbage chimique ne suffit pas. Il faut aussi réfléchir aux moyens agronomiques qui peuvent être mis en œuvre.

Ray-grass dans blé.
Ray-grass dans blé.
© JCL - CA53

Les limites du désherbage chimique

Lorsqu’on a une suspicion forte d’un cas de résistance, la première chose à faire est évidemment de revoir les herbicides utilisés.

• En blé, si on a un problème de résistance aux sulfonylurées et aux antigraminées foliaires, on sait qu’on n’aura plus de solution au printemps. Donc, on fera un désherbage d’automne, type Défi (prosulfocarbe) ou Fosburi (flufénacet + DFF), éventuellement en programme (Défi en prélevée puis Fosburi en post-levée).

Sur maïs, les sulfonylurées seront probablement inefficaces donc il faudra agir en prélevé (par exemple Dual Gold = S-métolachlore, ou Spectrum = diméthenamid), en évitant l’Adengo (la thiencarbazone a le même mode d’action que les sulfonylurées).

• Sur colza, on pourra utiliser la propyzamide (par exemple Kerb Flo).

Néanmoins, se baser sur le « tout chimique » a un coût. Par ailleurs, les contraintes réglementaires (DVP, ZNT, restriction en parcelles drainées,...) limitent le nombre de produits disponibles. De toute façon, pour de très fortes infestations, le « tout chimique » devient insuffisant. Si on a 500 ray-grass/m2, une efficacité de 90 % laissera quand même 50 pl/m2, ce qui est beaucoup trop. Il faut aussi tenir compte des années où on ne peut pas intervenir au bon moment (campagne 2020 par exemple).

Le maximum de leviers agronomiques

Aucun levier n’est efficace à 100 %. D’autre part, ils s’insèrent plus ou moins bien dans le système (par exemple, si on a des cailloux, il est plus difficile de revenir au labour).
Les leviers agissent de différentes façons : enfouissement des graines (labour), diminution du stock semencier (faux-semis), récolte avant grenaison (cultures fourragères)...
Les déchaumages et les faux semis permettent de diminuer le stock de semences. En blé, un semis plus tardif permet de limiter les levées. Par exemple, selon quelques essais d’Arvalis, si on décale le semis du 15/10 au 1/11 (soit un retard d’environ 200 °C), la réduction des levées sera d’environ 50 %, mais c’est très variable suivant les années et les situations. Par ailleurs, c’est une prise de risque, à évaluer en fonction de ses sols, du mode de semis, de la météo de l’année.
Les fortes infestations correspondent souvent à des situations en sans-labour. Les mauvaises herbes ne germent que dans les premiers centimètres du sol. Le labour les enfouit en profondeur. On conseille de ne faire qu’un labour tous les 3-4 ans, de façon à remonter peu de graines viables de ray-grass. D’après des essais de Bayer, le labour permet de diminuer les levées de 55 à 95 %.
La récolte des menues pailles permettrait de limiter le renouvellement du stock grainier. Le nettoyage de la moissonneuse-batteuse après la récolte d’une parcelle infestée limitera la contamination des parcelles encore non concernées.

Rotation : le levier principal

La rotation est souvent le levier principal à mettre en œuvre.

• Le colza permet d’utiliser de la propyzamide (Kerb flo,…), matière active non concernée par les résistances. Par contre, la date d’implantation est très favorable aux levées de ray-grass.

• On peut avoir de fortes infestations dans les maïs, mais globalement, c’est généralement un atout dans la rotation. Le désherbage avec les herbicides racinaires n’est pas toujours suffisant. Il peut être complété par le binage. Dans un maïs bien implanté, la forte concurrence qu’il exerce limite le développement du ray-grass par rapport à ce qu’on peut voir dans une céréale.

• La luzerne est sans doute le levier le plus performant pour rompre le cycle du ray-grass. Pendant la durée de son implantation (4-5 ans), l’absence de travail du sol limitera les levées ; le couvert, s’il est dense et régulier, exercera une forte concurrence et les récoltes fréquentes empêcheront le ray-grass de grainer.

• Un mélange trèfle violet/RGI aura les mêmes avantages, mais sur une durée plus courte.

Lorsque l’infestation d’une mauvaise herbe résistante est installée, s’en débarrasser demande du temps. Il est préférable d’anticiper et de limiter le risque d’apparition (alternance des matières actives, réflexion sur la rotation et les autres leviers agronomiques).

 

Période de levée et durée de vie des semences

 

Pour anticiper l’efficacité des leviers agronomiques, il est utile de connaître la biologie de la mauvaise herbe. Deux points sont particulièrement importants :

-       les périodes de levée. Le ray-grass peut lever toute l’année avec 2 pics, à l’automne et au printemps. On peut donc le trouver dans toutes les cultures : colza, blé, maïs... Dans un blé, il lèvera surtout à la suite du travail du sol, mais on peut quand même avoir des levées plus tardives, jusqu’en sortie hiver.

-       La durée de vie du stock semencier dans le sol. Lorsqu’elles sont enfouies en profondeur, les graines de certaines espèces peuvent disparaître très rapidement (pour les bromes, la disparition est presque totale en 1 an). Au contraire, beaucoup de dicots (coquelicot, chénopode, rumex…) se conservent bien dans le sol, au moins 7-8 ans, et même plus pour les rumex. Le ray-grass est intermédiaire. On considère que le stock aura presque disparu après 3-5 ans.

Infloweb.fr donne des informations sur la reconnaissance, la biologie et les méthodes de lutte pour une cinquantaine d’espèces.

 

(encadré2)

Résistance aux herbicides

En Mayenne, les cas de ray-grass résistants (aux anti-graminées foliaires et/ou aux sulfonylurées) deviennent assez courants. Il y a aussi des vulpins des champs (là aussi, antigraminées foliaires et sulfonylurées). On a signalé au moins un cas de folle-avoine (antigraminées foliaires), mais cela reste peu fréquent.

Parmi les dicots, il y a surtout les coquelicots (résistances aux sulfonylurées). On a aussi signalé des séneçons communs, mais cela pose moins de problèmes. En Ille-et-Vilaine, il y a des matricaires (résistance aux sulfonylurées).

En général, quand une plante est résistante à un herbicide, elle est aussi résistante à l’ensemble des herbicides qui ont le même mode d’action. Par exemple, un ray-grass résistant à l’Atlantis pro (mesosulfuron + iodosulfuron) le sera aussi à l’Abak (pyroxsulame), aux sulfonylurées utilisées sur maïs (nicosulfuron), ainsi qu’à la thiencarbazone (présent par exemple dans l’Adengo Xtra, produit de prélevée utilisé sur maïs).

De même, un ray-grass résistant au Célio (clodinafop) le sera en général à l’ensemble des antigraminées foliaires, utilisés sur céréales (par exemple Axial pratic = pinoxaden) ou sur colza (« fops » type Pilot = quizalofop, ou « dimes », type Stratos Ultra = cycloxydime). Certaines populations résistantes aux « fops » et aux « dens » restent toutefois sensibles aux « dimes ».

 

 

 

 

Ray-grass dans du blé, juin 2019

 

 

 

 

 

Levée de ray-grass en interculture (plus de 500 pl/m2), septembre 2018

Période de levée et durée de vie des semences

Pour anticiper l’efficacité des leviers agronomiques, il est utile de connaître la biologie de la mauvaise herbe. Deux points sont particulièrement importants :

-       les périodes de levée. Le ray-grass peut lever toute l’année avec 2 pics, à l’automne et au printemps. On peut donc le trouver dans toutes les cultures : colza, blé, maïs... Dans un blé, il lèvera surtout à la suite du travail du sol, mais on peut quand même avoir des levées plus tardives, jusqu’en sortie hiver.

-       La durée de vie du stock semencier dans le sol. Lorsqu’elles sont enfouies en profondeur, les graines de certaines espèces peuvent disparaître très rapidement (pour les bromes, la disparition est presque totale en 1 an). Au contraire, beaucoup de dicots (coquelicot, chénopode, rumex…) se conservent bien dans le sol, au moins 7-8 ans, et même plus pour les rumex. Le ray-grass est intermédiaire. On considère que le stock aura presque disparu après 3-5 ans.

Infloweb.fr donne des informations sur la reconnaissance, la biologie et les méthodes de lutte pour une cinquantaine d’espèces.

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