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Les entreprises du paysage peinent à recruter

L’Union nationale des entreprises du paysage, en Mayenne, tenait réunion la semaine dernière. L’occasion de faire un point sur ce secteur de l’économie qui souffre, comme l’agriculture, d’un de recrutement et d’image. Entretien avec Nicolas Leroy, président des Entreprises du Paysage de la Mayenne et membre de la commission économique de l’Unep.

Nicolas Leroy, président de l’Union départementale des Entreprises du Paysage de la Mayenne.
Nicolas Leroy, président de l’Union départementale des Entreprises du Paysage de la Mayenne.
© Unep

Comment se portent globalement les entreprises du paysage ?

En gros, en termes de chiffre d’affaires, tout va bien. Il y a une demande spécifique de la part des particuliers comme des collectivités, des organismes publics, des industries. Et il y a du travail. Mais nous sommes est sur des retours de valeur ajoutée et de résultats qui restent extrêmement faibles.

Pouvez-vous nous rappeler ce que vous représentez à l’échelle départementale ?

En Mayenne, nous sommes entre 150 et 200 entreprises du paysage. Je donne cette fourchette parce que certaines entreprises sont liées à l’agrément fiscal et sont divisées en deux entités économiques puisque la partie « services à la personne » nécessite un doublement. Certaines entreprises ont fait le choix d’avoir deux entités économiques, d’autres adhèrent à une coopérative de services à la personne pour pouvoir bénéficier de ce dispositif.

Et en emploi ?

On considère que la grande majorité des entreprises c’est un patron et deux salariés. En France cela représente 90 000 actifs, dont 65 000 salariés. Et en Mayenne, entre 600 et 700 salariés. Ce sont donc essentiellement de petites structures. Les Entreprises du Paysage de plus de 50 salariés, au niveau national, c’est seulement 200 entreprises sur 29 000, soit 0,5 %. Cette situation de petites entreprises est un frein pour l’attractivité de nos métiers.

Qu’en est-il du recrutement justement ?

Nous avons des soucis de recrutement, comme pour d’autres branches, particulièrement en Mayenne et en Pays de la Loire. Le métier souffre d’un manque de publicité, de reconnaissance. On a encore sur une image négative, celle du pousseur de tondeuse. Petit à petit cela évolue régulièrement, mais on n’a pas encore fait la mutation complète alors qu’aujourd’hui on recrute des profils allant du Cap à l’ingénieur. Notre champ d’évolution et de compétences s’est élargi. Notre problème de recrutement est lié aussi à la situation générale d’un emploi du bassin de faible capacité.

Quelles solutions mettez-vous en place ?

Nous avons engagé un travail de fond en collaboration avec Pôle Emploi et notre centre de formation. C’était d’ailleurs l’objet de notre réunion départementale de jeudi dernier. On essaie également de travailler avec les centres de formation locaux avec des publics en reconversion, un peu éloignés du système scolaire. Mais si on commence à leur proposer des formations à 70 ou 80 km de leur lieu de travail ou de domicile, cela fait beaucoup.

Si on parle salaires ?

En général, on peut espérer débuter entre 1 200 et 1 400 € nets mensuels, un petit peu au-dessus du Smic pour un débutant, tout élément de rémunération compris. Certains débutent à 1 200 €, car des entreprises pratiquent l’annualisation du temps de travail, ne prennent pas en compte les frais de déplacement, ne fournissent pas les vêtements de travail, etc. Après, quelqu’un qui construit son parcours professionnel comme un chef d’équipe en paysage peut prétendre à des niveaux de salaires entre 1 800 et 2 200 € nets mensuels pour qui a un bon niveau d’autonomie.

Autre sujet que l’on observe au fil des aménagements urbains, c’est le retour des massifs et des arbres en ville… dans un contexte d’évolution de l’utilisation des produits phytosanitaires…

C’est parfois une situation de façade qui ne concrétise pas toujours bien dans la réalité de l’approche. Je m’explique. Dans l’aménagement urbain, on continue à nous dire qu’il faut ramener du végétal, il faut du vert, il faut désimperméabiliser les sols. En même temps, les arbres, cela fait des feuilles qu’il faut ramasser. Il faut aussi entretenir les massifs… Cela soulève la question de la connaissance de l’évolution de la loi « phyto ». Les entreprises de paysage qui ont un intérêt à continuer à appliquer des produits phytos dans certaines situations autorisées ont la possibilité de passer un agrément certifié par le bureau Véritas, avec un suivi de formation. Mais notre travail doit être absolument aujourd’hui de faire de l’accompagnement et de la pédagogie auprès de nos différents donneurs d’ordre en leur disant : « il y a des solutions ». Maintenant, ces solutions ne sont pas purement liées à l’entretien. Le travail doit être fait en amont, dès la réflexion et la conception de l’aménagement, de façon à pouvoir mettre en œuvre des techniques alternatives efficaces, mais parfois un peu mal maîtrisées. C’est un des souhaits de notre profession : participer avec les urbanistes et les donneurs d’ordre à l’élaboration des cahiers des charges, pour éviter, par exemple, d’imposer des essences qui ne sont pas produites par nos pépiniéristes locaux.

Justement, dans vos interventions, prenez-vous en compte le changement climatique ?

À un moment, il faut être un peu cohérent. On sait qu’il y a une évolution notable. Le traitement des îlots de chaleur passe par le fait de déterminer les végétaux et leur densité. Est-ce que l’on privilégie des arbres qui font de l’ombre ? Est-ce que l’on reconstitue des haies en périphérie des jardins ? Est-ce que l’on met des massifs ? Est-ce que dans les villes on réduit au maximum les surfaces en enrobé pour les remplacer par des revêtements alternatifs plus perméables à l’eau, plus respirants, et vont moins réverbérer la chaleur ? Par exemple, à l’École du Paysage on vous enseigne que les périodes de semis de gazon, c’est le printemps et l’automne. De plus en plus, on constate depuis plusieurs années qu’il vaut mieux faire des semis tardifs d’été, en juillet, en période de forte chaleur. La graine va rester en dormance et va bénéficier du retour de la fraîcheur et permettre une évolution lente, mais régulière du semis. A contrario, quand on fait des semis en mars ou avril, le manque d’eau constaté cette année et les années précédentes, ne va pas permettre la levée régulière. Par contre les adventices sont s’y développer. Et après, on augmente les coûts d’entretien pour se débarrasser des adventices… Pour résumer, oui, nous nous adaptons au changement climatique.

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