Les brasseurs mayennais tentent de garder la chope haute
En France 10 millions de litres de bière ont été détruits
en raison de la crise. Beaucoup de brasseurs redoutent l’avenir. Qu’en est-il de la situation en Mayenne ? Trois producteurs témoignent.

• Maxime Duroy : « Je m’en suis plutôt bien sorti »
Maxime Duroy a ouvert sa brasserie, Bierpoljak, en 2017 à Saint-Hilairedu-Maine. En trois ans, le Mayennais a réussi à se trouver des clients fidèles. Si bien qu’en début d’année, il a investi. Objectif : produire plus. Il est passé d’un brassin d’une capacité de 70 à 330 litres. Manque de chance, la crise sanitaire est venue mettre son grain de sel. Malgré tout, le jeune brasseur dit plutôt bien s’en sortir. Il vend davantage aux particuliers et continue un peu à travailler avec quelques grandes surfaces. « J’ai certes perdu quelques bars et restaurants, mais ils ne représentent pas la majorité de mes commandes. Je m’en suis plutôt bien sorti aussi, car je venais juste de m’inscrire à La Ruche qui dit Oui, à Louverné. En plus, la transformation du marché de Chailland en drive m’a permis de garder un certain niveau de ventes. Je vends moins que ce que je devrais, mais ce n’est quand même pas trop mal. » Pour lui, le fait que la population se soit tournée vers les circuits courts est une grande chance et il espère que cela continuera à l’avenir. « C’est important pour moi et pour les clients. Ça fait toujours plaisir de se rencontrer. » Maxime Duroy a tout de même dû diminuer sa production. « Normalement, je devrais faire un brassage toute la semaine. Là, je n’en fais qu’un toutes les deux semaines pour éviter d’avoir un surplus de stock. » Avec le déconfinement, il espère reprendre ses actions de démarchages pour trouver de nouveaux clients et développer son entreprise.
• Niels Foucher : « Se diversifier pour le redémarrage »
En 2017, Niels Foucher a créé sa brasserie biologique à Argentré : la Copo. Si jusque-là l’entreprise se portait bien, le coronavirus est venu tout perturber. « Là, on tourne à 25 % de notre chiffre d’affaires mensuel. On est très impacté, car on travaille avec les bars, les restaurants et le milieu associatif... Les fêtes familiales, qui ont été interdites, ont aussi eu des conséquences. Tous les week-ends normalement, j’ai des fûts qui partent pour des particuliers... » Heureusement, Niels Foucher a pu maintenir une distribution avec des partenaires locaux comme les grandes surfaces, les épiceries et le panier fermier d’Évron. Le brasseur a aussi eu la chance de pouvoir compter sur le soutien de sa banque qui a accepté de mettre en pause ses remboursements et de lui accorder un nouveau crédit pour compenser le manque de trésorerie. « Ça va me permettre de continuer à acheter des matières premières et des bouteilles pour poursuivre ma production. » Production qui a été fortement ralentie. « En temps normal, on brassait deux fois par semaine et là ça fait un mois et demi que je n’ai pas brassé. On a embouteillé. On a vidé les cuves et on va reprendre cette semaine. » Afin de retrouver un certain équilibre, Niels Foucher prévoit de se diversifier. « Avec mon père qui travaille à la brasserie, on s’est dit qu’il fallait élargir les canaux de distribution vers les épiceries et grandes surfaces pour pallier les annulations d’événements et écouler nos volumes. Nous allons aussi sortir de nouveaux produits autour de la bière et de nouvelles bières dans les mois à venir. »
• David Léveillé : « Rester positif »
David Léveillé a ouvert sa microbrasserie à Saint-Pierre-sur-Evre en juillet 2019. L’entreprise a connu un « très bon démarrage ». Avant l’arrivée du coronavirus, 1 600 litres de bière étaient brassés par mois. « C’est un rythme de première année très convenable. Les clients m’ont fait confiance, les produits plaisaient. » Seulement avec le virus, la situation s’est détériorée. « Le mois de mars a commencé à ralentir et celui d’avril a été très compliqué. J’ai perdu plus de 90 % du chiffre d’affaires. » Une situation due à la fermeture des bars et restaurants, mais aussi à l’annulation d’événements festifs. Dans les magasins, la situation n’est pas meilleure. « Il y a eu un effet boum jusqu’au 20 mars, puis un ralentissement fort. » Heureusement, le brasseur a pu compter sur les habitants de sa commune. « Ils ont joué le jeu, ont fait l’effort de consommer chez moi et je les en remercie. Mais sinon aucun secteur n’a réellement permis d’enrayer la baisse du chiffre d’affaires. » Pour autant, David Léveillé veut rester positif. « Je fais confiance aux clients et en l’avenir. Les beaux jours arrivent et on est sur un produit qui était sur une tendance de ventes assez forte. Il est vrai quand même qu’il va falloir rester prudent. » Pour lui, tout va dépendre du mois de juin et de l’été. « Si ça redémarre et qu’on fait un bel été, on se dira que c’était juste un mauvais passage. Après, selon l’évolution des choses, l’impact pourrait être encore plus fort si ça ne repart pas. Mais je préfère rester positif. C’est un arrêt pour mieux redémarrer. »