« L’agriculture africaine a besoin des jeunes »
Afdi Pays de la Loire accompagne les projets des jeunes agriculteurs dans trois pays africains en démontrant que les intérêts chez eux et chez nous ne sont pas étrangers. Entretien avec Marietta Merieau-Barteau, présidente Afdi Pays de la Loire, et Bertrand Métayer, animateur Afdi Pays de la Loire.

Soutenir les jeunes agriculteurs est devenu le nouvel axe fort des actions d’Afdi Pays de la Loire au Burkina Faso, en Tunisie, en République Démocratique du Congo. Pourquoi cette priorité aujourd’hui ?
Marietta Merieau-Barteau : En Afrique de l’Ouest, la jeunesse représente plus de 60 % de la population. Sans perspective motivante en agriculture, les jeunes s’exilent en ville, se font parfois enrôler dans des groupes criminels qui leur fournissent nourriture, toit et rémunération. Pourtant, dans ces pays, la sécurité alimentaire est un enjeu vital et urgent. Il faut donc que l’agriculture se renforce, notamment en impliquant les nouvelles générations. Mais pour y parvenir, la terre doit devenir plus attractive techniquement, socialement et économiquement. C’est dans ce sens que nous travaillons avec nos partenaires locaux. En République Démocratique du Congo, nouveau pays partenaire de l’Afdi Pays de la Loire, vingt ans de conflit ont tout anéanti. On sait que ce sont les nouvelles générations qui pourront relever les défis, car celle de leurs parents a été sacrifiée. S’intéresser aux jeunes de ces pays africains permet de faire un lien plus évident avec nos propres jeunes agriculteurs ligériens qui eux aussi son notre avenir. Afdi a déjà accompagné plusieurs JA en séjours au Burkina.
Les actions d’Afdi reposent sur l’échange entre agriculteurs du Nord et du Sud. Quel intérêt pour un jeune Ligérien de s’intéresser au sort d’un paysan africain ?
M. M.-B. : Nos enjeux locaux et ceux des autres continents s’imbriquent. Quand Afdi soutient la culture de soja bio au Burkina pour approvisionner les éleveurs de Terrena (lire l’encadré, ndlr), c’est en s’intéressant aux paysans africains tout en étant agriculteurs français que l’on saisit l’intérêt réciproque d’un tel partenariat. En s’impliquant, on comprend les interactions mondiales. Éclairer sur ces enjeux économiques est une nouvelle façon d’interpeller nos nouvelles générations, très sensibles à ces questions.
Bertrand Métayer : Les accueils dans nos familles chaque année, les séjours organisés avec nos partenaires sont indispensables pour faire grandir les connaissances des uns et des autres. Aujourd’hui, les réseaux sociaux permettent aussi de dynamiser les échanges, notamment entre les jeunes. Quand on est paysan au Burkina Faso, en Tunisie ou en République Démocratique du Congo, c’est important de voir que des agriculteurs de son âge, en France, s’intéressent à son sort.
Agriculteurs français et africains ont le même besoin de reconnaissance ?
M. M.-B. : En Afrique, comme en France, les agriculteurs eux-mêmes se dévalorisent. J’aimerais qu’en France comme partout ailleurs, chaque agriculteur et agricultrice ne dise plus jamais, par fatalisme, « ça a toujours été comme ça ». Notre métier est difficile et mérite une vraie reconnaissance. Nous devons gagner en estime de nous-mêmes, nous former pour être encore plus fiers de notre métier et le faire reconnaître que l’on soit paysan du Sud ou du Nord.