Érosion des sols : un phénomène à ne pas minimiser
L'érosion peut être spectaculaire mais cela reste rare. La plupart du temps, le phénomène est plus insidieux et on a souvent tendance à le négliger.

La Mayenne n'est pas une des régions de France parmi les plus sensibles à l'érosion. Néanmoins, régulièrement, des orages violents provoquent des dégâts spectaculaires.
D'autre part, lorsqu'il y a des périodes pluvieuses, la Mayenne et d'autres rivières prennent souvent une teinte boueuse qui montre bien qu'il y a des pertes de terre, mais il est difficile de savoir ce que cela représente ramené à l'hectare.
Perte de sol et qualité des eaux
La perte de sol est une perte de patrimoine, définitive à l'échelle d'une carrière d'agriculteur (la formation d'un sol est très lente, 0,2 à 1 cm par siècle). Cela peut aussi endommager les infrastructures (routes, ...). Les particules de terre qui sont entraînées vers le réseau hydrographique augmentent les matières en suspension (MES) et compliquent les traitements de l'eau potable.
Par ailleurs, ces particules contribuent à l'envasement des milieux naturels ainsi qu'à l'eutrophisation de ces milieux parce que ces particules entraînent aussi du phosphore.
Aménager le parcellaire, prendre soin de son sol
Un premier levier pour limiter l'érosion est tout ce qui concerne l'aménagement parcellaire. Il est évidemment impossible, et d'ailleurs pas nécessaire, de revenir au bocage des années 50. Le site « Remonter le temps » de l'IGN permet de comparer, pour un même lieu, les photos aériennes d'aujourd'hui et celles des années 1950, donc de voir l'évolution du parcellaire sur la période. Par contre, une haie ou seulement une bande enherbée judicieusement placées pourraient parfois couper des pentes trop longues.
La prairie permanente est un moyen radical pour supprimer l'érosion. La mise en place de couverts en interculture, s'ils sont bien implantés, protège les sols en hiver. Du point de vue érosion, la couverture plus ou moins permanente des sols et la réduction du travail du sol (semis direct), 2 piliers de l'agriculture de conservation sont des moyens très efficaces.
Même si on ne va pas jusqu'à ces solutions radicales, il y a des marges de progrès en veillant au bon entretien de son sol : restitutions organiques suffisantes, pH, ... Les sols battants sont aussi les plus sensibles à l'érosion.
Limiter les fuites
Le rapport intitulé Diagnostic des fuites de phosphore sur les bassins versants de la Valière et de la Haute-Vilaine et proposition de solutions correctives (août 2015) aborde d'autres sources de transfert. Il insiste d'abord sur la notion de connexion au réseau hydrographique : les parcelles qui présentent des risques sont celles qui sont connectées, par des fossés par exemple.
Le rapport cite beaucoup de sources de transferts qui n'ont pas forcément d'incidence sur le sol de la parcelle en tant que patrimoine mais contribuent à augmenter les MES. En dehors des parcelles elles-mêmes, il met en garde contre l'entretien trop brutal des berges de fossés, qui élimine la végétation - et donc, les parois du fossé deviennent elles-mêmes sources de particules de sol.
Dans certains cas, des aménagements simples peuvent limiter les problèmes : billon de terre en bas de parcelle, sans fuite ; positionnement des auges et abreuvoirs pour que le piétinement des animaux soit à distance suffisante du réseau hydrographique ; une entrée de champs en haut plutôt qu'en bas de parcelle présente moins de risque, etc...
Photos 3 et 4 : Exemples de parcelles à risque élevé d'érosion et connectées à un fossé circulant (hiver 2013). Extrait du rapport : « Diagnostic des fuites de phosphore sur les bassins versants de la Valière et de la Haute-Vilaine et proposition de solutions correctives » (août 2015) |
Préserver son sol et les ressources d'eau potable, c'est possible !
Rendez-vous le mercredi 6 novembre de 14 h à 17 h à la Base de loisirs, Le Bas Lozé à La Haie Traversaine. Au programme : démonstrations et échanges techniques. L'occasion pour agriculteurs et élus de s'informer pour conserver la valeur agronomique de ses parcelles et maîtriser la qualité des ressources en eau !
Contact : Quentin Viéron, animateur Infi ltr'Eau , tél. : 02 43 67 38 90.