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« En pâturage tournant dynamique, il faut être très réactif »

Mardi 29 janvier 2019, la deuxième Seenoviale avait pour thème le pâturage tournant dynamique, avec le témoignage de Raphaël Come, qui, avec ses frères, s’est lancé dans ce système depuis 2 ans. Sans regret !

Gilles Crocq a souligné l’importance du respect de la croissance de l’herbe dans ce système.
Gilles Crocq a souligné l’importance du respect de la croissance de l’herbe dans ce système.
© VG

« L’idée de départ vient du groupe Lait Seenovia et la dynamique de ce groupe », explique Rapahël Come, éleveur laitier en Gaec avec ses deux frères, à Montsûrs — Saint-Céneré. Dans ce groupe d’une quinzaine de personnes, « 12 ou 13 sont parties en pâturage tournant dynamique. Cela fait deux ans, et je pense qu’il n’y en a pas un qui a enlevé les fils et il n’y en a pas un qui enlèvera les fils demain ». Le Gaec pratiquait, depuis près de 20 ans, un pâturage tournant sur des parcelles de 2 à 2,5 ha. « Nous respections déjà les 18 à 20 jours » entre deux pâturages, de manière à laisser l’herbe repousser. « L’objectif du pâturage tournant dynamique est de bien respecter le temps de repos de l’herbe, au moins jusqu’au stade 3 feuilles », explique Gilles Crocq, technicien en conduite de culture pour Seenovia. Avec ce principe : « adapter un fort chargement en animal sur une petite parcelle ». La vache est alors poussée à manger l’herbe, sans prendre le temps de trier.

Avec 70 ha de prairies, dont 20 contigus aux bâtiments — un atout non négligeable —, les 65 laitières du Gaec de l’Aubépine pâturent désormais dans de nouveaux paddocks d’une soixantaine d’ares, à raison d’une journée par paddock. « On peut aller sur un pâturage tournant dynamique très pointu, reprend Raphaël. Nous, ce n’est pas le cas. Nous ne sommes pas sur une entrée de parcelle et une sortie qui n’est pas la même. Nous, nous avons fait des choses simples avec peu de contraintes de temps. » Il aura fallu deux jours « grand maximum » au Gaec pour adapter son parcellaire à la nouvelle pratique. « Il était facile de diviser nos parcelles en trois. Il suffisait de faire un chemin entre elles. Alors on achète de la ficelle, des poignées. Des piquets, j’en avais déjà. On plante 3 piquets en travers. On achète aussi quelques bacs à eau. On fait suivre un tuyau d’eau. Pas besoin de prendre une pelleteuse pour l’enterrer. On le fait suivre en surface. » Et le tour est joué.

Enfin presque, il reste à soulever un second frein : celui du chargement de chaque parcelle. « Nous sommes dans des sols assez compliqués, des terres humides, argileuses, amoureuses comme on dit, car elles collent aux bottes…. Il n’y a pas de vaches dehors en hiver, sinon il n’y a plus d’herbe ou plus de champs. Alors, mettre 60 vaches dans 60 ares, je me disais que cela ne serait pas tenable, qu’elles allaient tout massacrer. » Son formateur de l’époque, Didier Desarmenien, l’a rassuré : « Au contraire, tu auras moins de piétinement ». Et le constat est sans appel : « une meilleure valorisation de l’herbe et un gain de 2 T de MS ! » L’exploitation obtenait déjà « environ 9 T de MS avec l’herbe », précise l’éleveur. Et aucun recul constaté dans les TB et TP. « Dans le tank, c’est toujours en haut et la production ne fait plus de yo-yo. » « Ce qui est lié en grande partie à la régularité de la ration », reprend Gilles Crocq, soulignant un autre atout de ce type de conduite.

Pourtant, ce changement de méthode s’est déroulé avec deux premières années atypiques. « En 2017, on a eu une production d’herbe jusqu’au mois d’août. On a donc fait énormément de foin pour éviter d’être débordé par la repousse. Par contre, l’année 2018, c’était complètement l’inverse avec des sols compliqués comme chez nous. Quand on a sorti les animaux, il fallait déjà presque tout faucher. Au lieu d’être une journée par parcelle, je les mettais qu’une demi-journée. On a ainsi passé la moitié des parcelles et on a fauché très vite : 5 ha très rapidement, dérobés compris. Ce qui a permis de respecter les 20 jours de repousse dans les paddocks. » Ses conseils : « être réactif, car le but est de valoriser l’herbe. Et ne pas hésiter à faucher ». Et d’ajouter : « le pâturage tournant dynamique, c’est presque plus facile qu’en pâturage tournant classique ».

V.G.

 

 

 

« Le pâturage c’est l’art de faire rencontrer la vache et l’herbe au bon moment. »

André Voisin (1903-1964) agronome, précurseur de l’agriculture raisonnée.

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