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Élections européennes : retour sur le grand oral agricole

Le 14 mai, les candidats aux élections européennes ont présenté le volet agricole de leur programme devant des élus JA et Fnsea. L’occasion, selon Christiane Lambert, de parler d’agriculture dans une campagne où elle est jugée trop discrète.

© A.A.

Un consensus a émergé des 6 interventions, tous les partis semblent s’opposer à une baisse du budget de la Pac. La présidente de la Fnsea a cependant regretté que la question des revenus agricoles n’ait pas toujours été présentée comme une priorité. Samuel Vandaele, président de JA, a lui déploré que les sujets de l’installation, du renouvellement des générations et des retraites n’aient été évoqués que par le biais des questions et non directement dans les interventions des candidats.

Ce grand oral agricole bien rythmé, a donné l’opportunité aux candidats d’exposer leurs propositions en huit minutes, montre en main, avant de répondre aux questions d’un duo d’élus JA/Fnsea et enfin d’échanger avec la salle. Voici un résumé des programmes agricoles des 6 partis représentés.

 

• Les Républicains.

Angélique Delahaye, agricultrice et 19e sur la liste des Républicains, a présenté le programme de son parti. Elle a rapidement esquissé ses propositions qui tiennent selon elle en deux points, la non-importation de produits agricoles « que nous ne voulons pas » et la préservation du budget de la Pac. Son parti plaide aussi pour la préservation des paiements directs, afin de « protéger l’agriculture française en Europe ». Les Républicains refusent tout nouvel élargissement de l’Union européenne. Ils veulent aussi mettre en œuvre des droits de douane antipollution sur les produits importés. Sur le marché intérieur, la candidate appelle à la mise en place de règles communes « pour un commerce vraiment équitable », ce qui nécessite, selon elle, la révision du droit communautaire en matière de droit à la concurrence. Un droit qui devrait aussi être révisé afin de permettre de favoriser les produits locaux. Elle défend le principe d’une harmonisation des règles sociales et fiscales. Pour faire face aux risques sanitaires, mais aussi climatiques, Les Républicains veulent créer un « fonds européen permanent de prévention et de gestion des crises agricoles ». Pour construire une agriculture d’avenir, ils souhaitent assurer le renouvellement des générations en soutenant les jeunes agriculteurs. Ils veulent aussi développer des stratégies de modernisation des exploitations tout en renforçant les aides à la conversion vers l’agriculture biologique. Il s’agit de protéger les terres agricoles. Enfin, les Républicains souhaitent confier aux régions la gestion de tous les fonds européens du 2e pilier de la Pac pour dynamiser le soutien local aux projets agricoles.

• La France Insoumise.

Romain Dureau, ingénieur agronome, chercheur en économie et 24e sur la liste France Insoumise, s’est chargé de présenter le programme de la France Insoumise. Il a commencé son intervention en soulignant que l’agriculture ne concerne pas seulement les actifs agricoles. Il appelle à une Union européenne qui défend et protège les agriculteurs en leur garantissant des revenus décents, un enjeu central pour la France Insoumise. Le parti refuse également « les coupes aveugles dans la Pac ». Pour promouvoir « une agriculture paysanne et écologique », il souhaite la mise en place d’un plafonnement des aides Pac pour les grosses exploitations et une redirection massive des subventions vers les petites exploitations et l’agriculture biologique. Pour assurer le renouvellement des générations, Romain Dureau préconise que les aides à l’installation représentent une part importante du budget de la Pac, il prône aussi un développement des formations, « pour une agriculture paysanne il faut beaucoup de paysans », souligne-t-il. Son parti recommande la création d’un volet alimentation de qualité dans la politique agricole, afin d’avoir « une politique agricole et alimentaire commune ». La France Insoumise appelle à sortir des pesticides, des néonicotinoïdes et des Ogm. Pour éviter les distorsions, elle souhaite que l’importation d’Ogm soit interdite. Rejetant l’idée que l’agriculture « soit une variable d’ajustement », la liste appelle à sortir l’agriculture des accords commerciaux bilatéraux. Elle refuse aussi le développement de l’agrobusiness tourné vers les pays tiers, elle souhaite plutôt assurer la souveraineté alimentaire dans le marché intérieur.

• PS et Place Publique.

Aziliz Gouez, 8e sur la liste PS - Place publique qui a été pendant 4 ans « la plume » du président irlandais, a développé la partie agricole de sa liste. Elle a introduit sa présentation en rappelant que la Pac était une grande politique de l’Union européenne, mais qu’il était nécessaire de la construire en prenant en compte « les attentes des citoyens, consommateurs ». Il s’agit, pour la coalition de préserver le budget de la Pac, mais aussi de passer d’une Pac à une Paac (Politique agricole et alimentaire commune). 40 % du budget de cette Paac devrait ainsi être alloué aux pratiques agricoles qui visent l’abandon des pesticides et des engrais de synthèse. De plus, la Pac devrait être révisée en profondeur afin de garantir un revenu juste aux producteurs. Pour la candidate, l’équité passe par la mise en place de prix rémunérateurs afin de récompenser justement les agriculteurs pour leur travail. Elle appelle donc à contrôler la volatilité des prix, mais aussi à répartir justement la valeur. Toutefois, elle juge sévèrement la loi Egalim, qu’elle estime être trop précoce. Place Publique et le PS préconisent également l’enrayement de la bétonisation des terres, la mise en place d’une Tva à taux réduit sur les produits de l’agriculture bio et la mise en œuvre de l’étiquetage obligatoire des produits alimentaires (origine…). Afin de protéger l’agriculture dans les accords commerciaux bilatéraux avec les pays tiers, la coalition souhaite la création d’une « exception agricole ». Enfin, pour assurer le renouvellement des générations, Aziliz Gouez appelle à faciliter l’accès au foncier pour les jeunes agriculteurs.

• Rassemblement national.

Hervé Juvin, essayiste et homme d’affaires en 5e position sur la liste Rassemblement national, a développé le programme agricole de la liste sur laquelle il est candidat. Il a commencé son intervention en proposant que le juste échange se substitue au libre-échange afin de protéger l’agriculture française face à la concurrence déloyale. Il souhaite d’un côté que les terroirs et leurs richesses soient mis en valeur à l’international, mais aussi que « dans les cantines les localités puissent imposer des produits locaux ». Le programme agricole du parti se base en effet beaucoup sur le « localisme » afin de favoriser les circuits courts et les produits agricoles français. Il propose par exemple de détaxer les circuits courts et de surtaxer les importations anti-écologiques pour « protéger l’excellence agricole française ». Le Rassemblement national préconise de ne pas amputer le budget de la Pac. Hervé Juvin ajoute qu’il recommande que les États puissent avoir la possibilité de mettre en place des politiques nationales, des politiques de filières. Le Rassemblement national envisage également de renégocier les traités européens car le parti estime que l’Europe ne fonctionne pas correctement et est antidémocratique, d’autant plus que selon Hervé Juvin certains pays utilisent toutes les possibilités offertes par l’Union européenne dans leurs intérêts et de manière déloyale. Le Rassemblement national refuse les alignements sociaux et fiscaux, car ils ne peuvent se faire au détriment des Français. Enfin, pour Hervé Juvin, il faut créer un fonds souverain pour éviter l’appropriation de « biens communs agricoles ».

• Europe Ecologie les Verts.

Benoit Biteau, agriculteur et candidat en 11e position sur la liste Europe Ecologie les Verts, a présenté les grandes lignes du programme agricole d’Europe Écologie les Verts. Pour le candidat, il s’agit avant tout de réfléchir à la manière dont le modèle agricole peut évoluer. Il estime que la Pac est en partie responsable de la situation agricole actuelle, notamment de la mauvaise rémunération des agriculteurs. Les verts souhaitent donc réformer la Pac afin qu’elle garantisse la souveraineté alimentaire de l’Europe en accompagnant le changement vers une agriculture de qualité, saine et accessible, et donc vers une Pac 100 % bio, avec une première échéance de 30 % en 2025. Benoit Biteau explique que cela peut se faire grâce à l’agronomie et à une redirection des ressources en calculant les « coûts cachés environnementaux des aliments », et cela, pour répondre au marché européen. Pour EELV, la PAC doit aussi « assurer des revenus décents aux paysans », en sortant de la logique de subvention, mais se tournant vers la rémunération pour service rendu. Il s’agit aussi de renforcer la conditionnalité des aides et de supprimer les aides aux agrocarburants et aux cultures énergétiques. Selon le parti, la mission de la politique agricole est aussi de garantir le respect des animaux et d’assurer le renouvellement des ressources naturelles. Sur le volet environnemental, le programme met en avant la lutte contre les pesticides, la sortie du glyphosate, mais aussi la mise en place d’un traité environnemental européen. Enfin, EELV souhaite en finir avec les accords de libre-échange et instaurer des clauses suspensives avec les pays ne respectant pas l’accord de Paris.

• Renaissance.

Nathalie Loiseau, ancienne ministre des Affaires européennes et 1re sur la liste Renaissance (LREM, Modem, Agir), est venue accompagnée de Jérémy Decerle pour présenter les ambitions agricoles de son programme. Elle résume ses ambitions en deux volets, une Union européenne qui protège et qui progresse. Elle a aussi insisté sur la nécessité de défendre le budget agricole de l’Union européenne afin, selon le programme, d’assurer un revenu élevé à tous les agriculteurs. « Nous avons besoin de la Pac pour avoir une meilleure agriculture », souligne l’ancienne ministre. La coalition ambitionne également de simplifier les aides Pac et de les orienter vers des exploitations à taille humaine. Il s’agit aussi, pour Nathalie Loiseau, avec cette mesure, d’aider davantage les jeunes à s’installer en privilégiant des structures de taille raisonnable. Elle souhaite aussi que l’Europe protège les agriculteurs contre les aléas et les distorsions intra et extracommunautaires. Elle veut donc lutter « contre la surtransposition ». Elle ambitionne par ailleurs de protéger les consommateurs contre les risques sanitaires, en créant une force européenne de sécurité sanitaire. Elle plaide pour une harmonisation sociale et fiscale en Europe pour donner aux entreprises et aux travailleurs les mêmes règles. Avec par exemple, la mise en place d’un salaire minimum européen et l’harmonisation des impôts sur les sociétés. Enfin, pour faire de l’Europe une puissance verte, la liste Renaissance propose la sortie du glyphosate en 2021, de réduire par deux l’utilisation de pesticides d’ici 2025 et d’instaurer une taxe carbone sur les produits importés.

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