Denis Piron, spécialiste des vers de terre
Pédologue titulaire d'une thèse sur l'impact des vers de terre sur la qualité des sols, Denis Piron est depuis un an au service de la Chambre d'agriculture des Pays-de-la-Loire.

Dans la parcelle en précédent pois, à Tennie, des piquets roses délimitent une zone d’analyse sur un carré de 20 m par 20 m. De-nis Piron, le dos courbé, retire une tarière d’un trou de sondage pour en vider le sol dans un seau, à l’aide d’un couteau. Ce mardi 13 octobre, le pédologue arrivé il y a un an à la Chambre d’agriculture des Pays-de-la-Loire menait une analyse au service du réseau Rmqs (réseau de mesures de la qualité des sols). Ce programme national piloté par l’Inra d’Orléans, entamé en 2000, vise à évaluer la qualité des sols sur toute leur profondeur –teneur en carbone, éléments utiles pour les plantes ou composés polluants– et leur évolution dans le temps. Après un premier prélèvement réalisé en 2006, il s’agissait de renouveler l’analyse de ce sol profond de bas de pente, à un emplacement bien précis retrouvé grâce à des coordonnées Gps. « Je me suis chargé de contacter l’agriculteur, trouver à louer une minipelle pour creuser la fosse et réaliser une enquête sur le précédent cultural », explique Denis Piron.
Études préalables à l’épandage
Diplômé en biologie et écologie à l’université de Rennes, Denis Piron est titulaire d’une thèse sur l’impact des vers de terre sur la qualité physique des sols. Il a ensuite été impliqué dans divers projets de recherche et a enseigné auprès de publics variés : élèves ingénieurs, techniciens, agriculteurs, collégiens, etc. Recruté pour ses compétences « sol et vers de terre », il est aujourd’hui au service de ses collègues agronomes comme support pour des formations ou des animations de groupes d’agriculteurs. Outre son implication au sein du réseau Rmqs, il consacre une grande partie de son temps aux études de sol préalables aux plans d’épandage, notamment sur les exploitations classées sou-mises à enregistrement. « Le but est d’écarter les sols qui ne sont pas aptes à l’épandage : trop humides, en pente ou très filtrants, toute propriété risquant de générer une pollution. Une carte des sols des par-celles est ensuite dessinée et jointe au plan d’épandage. », explique Denis Piron, qui se charge aussi du diagnostic des zones humides en prévision de projets de drainage.
Former les agriculteurs
À côté des 25 points de sondage à la tarière, l’ouverture d’une fosse révèle la succession d’horizons jusqu’à 1 m de profondeur. « La fosse permet de voir le sol non remanié et apporte des informations complémentaires : présence de vers de terre, structure du sol, porosité...», détaille Denis Piron en grattant la paroi à l’aide d’un couteau. Des informations précieuses pour qui veut faire pousser des cultures. À l’avenir, Denis Piron compte « monter en compétence » concernant l’animation de groupes et développer l’accompagnement personnalisé d’agriculteurs. « Je constate que beaucoup d’entre eux ne connaissent leur sol qu’en sur-face, sans savoir ce qu’il y a en-des-sous. Or ils ne pourront pas modifier leurs pratiques sans connaître leur sol. Ouvrir une fosse permet d’observer à quelle profondeur descendent les racines, ou détecter certains problèmes. Ici, par exemple, cette couche jaune traversée de multiples galeries de vers de terre est le témoin d’un tassement. » L’occasion pour le pédologue de sensibiliser à l’emploi d’engins lourds qui pèsent sur la structure profonde, mais aussi au rôle de la matière organique et des racines des plantes. Les échantillons prélevés dans la fosse pour les besoins du Rmqs seront bientôt analysés, pour déter-miner la réserve utile et la densité du sol.