Conjoncture : « On a connu pire »
Martin Guesdon s'est installé en vache allaitante en mars 2020 sur l'exploitation de ses parents située à Parné-sur-Roc. Malgré une conjoncture difficile, le jeune homme est plutôt optimiste. Il croit en son système et en l'avenir de sa production.

En mars 2020, Martin Guesdon, 24 ans a rejoint l'exploitation de ses parents à Parné-sur-Roc. « Nous sommes dans un système naisseur en race limousine. Nous n'engraissons que quelques génisses. Nous avons également des poules pondeuses en label rouge de Loué et 60 ha de cultures de ventes », indique le jeune homme.
Martin Guesdon a commencé sa carrière professionnelle en tant que salarié. « J'ai travaillé en production laitière, avicole, fais un peu d'intérim... Je voulais avoir un peu plus d'expérience et voir autre chose. Et puis je devais attendre les opportunités d'agrandissement. » Pour que le jeune agriculteur puisse rejoindre ses parents, l'exploitation devait obligatoirement se développer. « Je me suis installé avec 53 ha : 35 ha de cultures de vente et le reste en prairies. Nous avons aussi augmenté le cheptel allaitant. Nous sommes passés de 55 vêlages à 80. Le poulailler, déjà présent, permettait de rémunérer une personne et demie. »
Trouver un système rémunérateur
Face à une conjoncture difficile, Martin Guesdon et ses parents ont dû trouver des solutions pour s'assurer un système équilibré et rémunérateur. Les agriculteurs ont par exemple fait le choix d'avoir deux périodes de vêlage. « Nous en avons une à l'automne et une au printemps. Cela nous permet d'étaler notre travail et d'avoir deux rentrées d'argent sur l'année plutôt qu'une seule. » Les éleveurs valorisent autant que possible leurs génisses. Avant les premiers vêlages, un premier tri a lieu. « On en met entre 8 et 10 à la reproduction. » Puis un second à 27 mois. « De nouveau, on en sélectionne environ 8. Le reste part à la boucherie à 36 mois et nous essayons de les valoriser en blason prestige. On fait ça parce que sinon à 7 ou 8 mois, elles ne valent pas grand-chose. On préfère les faire vieillir et les engraisser. » Les broutards quant à eux sont vendus à 7 ou 8 mois. « On a plutôt une bonne valorisation de nos veaux. C'est d'ailleurs en partie pour cela qu'on n'a pas voulu engraisser. En plus de cela, il aurait fallu construire un bâtiment et nos terres ne nous le permettent pas vraiment. »
Martin Guesdon et ses parents développent également leur autonomie alimentaire. « On l'est totalement en fourrage et presque en concentré. On ensile ou on moissonne le méteil pour l'aplatir et en faire un complément l'hiver. Nous améliorons notre marge allaitante et on est moins dépendants du prix des aliments. C'est aussi pour cela qu'on a un chargement faible. On ne peut pas faire plus sinon on devrait acheter à l'extérieur. » Enfin, les cultures de ventes et l'atelier de poules pondeuses permettent de compléter leurs revenus. « On a un bon potentiel en céréales d'hiver et les poules pondeuses sont un très bon compromis avec les allaitantes. Elles amènent de la trésorerie alors que les bovins en demandent beaucoup. »
Optimisme
Martin Guesdon l'admet : à l'heure actuelle, la viande bovine connaît des temps difficiles. « Sans mes parents, je n'aurais pas pu m'installer dans cette production. Aujourd'hui, il n'y a plus aucun jeune qui peut le faire en allaitante pure, car les banques ne prêtent plus et le système est lent. Moi je suis passionné par la viande, j'ai eu la chance de pouvoir rejoindre mes parents, mais heureusement tout de même qu'on a de la culture et des volailles en complément. »
Pour autant, le jeune homme souhaite rester optimiste. « On a connu pire. Les broutards se vendent bien : environ 900 EUR pour des animaux de 350 kg à 7/8 mois. Pour les vaches, c'est un peu moins bon, mais on n'est pas au plus bas de ce qu'on a pu connaître. » Le jeune agriculteur en est persuadé, la viande française trouvera des débouchés : « Il y aura toujours des gens qui aimeront la viande de qualité et en ce moment nous repartons sur de bonnes bases de manger français et local ».