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À conditions exceptionnelles, mesures - de l'herbe - exceptionnelles

Avec le retour du beau temps en ce mois de mars, la question de la gestion de l'herbe et du fourrage se pose d'autant plus que la mauvaise saison a été très particulière. Point technique avec les conseillers de la chambre d'agriculture des Pays de la Loire.

© Chambre d'agriculture Pays de la Loire

Après les pluies continues depuis l'automne, le beau temps revient et avec lui la saison des fauches et des pâtures. Comment déterminer au mieux son itinéraire technique, et ne retourner dans les prairies ni trop tôt ni trop tard ? Le 20 mars 2020, Grégoire Dufour, conseiller spécialisé chambre d'agriculture du pôle Prairies-conseils cultures, fait un point sur les bons réflexes à avoir.

Après la pluie, que faire du beau temps ?

« Aujourd'hui, les hauteurs d'herbes sont plus conséquentes que d'habitudes du fait des excès d'eau, d'un automne et d'un hiver pluvieux et anormalement doux qui ont permis peu de nettoyage, affirme Grégoire Dufour. L'hiver particulièrement doux a fait passer directement de l'automne au printemps, le seul marqueur de cette saison ayant été la baisse de luminosité. Comme la température des sols est restée supérieure à 10 °C, la minéralisation s'est poursuivie. » Depuis la semaine dernière, la météo ensoleillée a permis au sol de sécher plutôt rapidement, permettant la sortie des bêtes. « Attention malgré tout à la portance qui peut rester faible par endroits. » L'enjeu est important : sortir les bêtes doit permettre de rattraper la quinzaine de jours d'avance actuelle en termes de pousse, reportés sur le Bulletin de pousse de l'herbe. Parce que l'herbe est haute, et avant tout les graminées, les légumineuses sont piégées dans l'humidité et n'ont que peu de lumière. Il faut donc réduire la compétition et favoriser leur pousse en exploitant les graminées. Dans certaines fermes, la hauteur dépasse 12 cm herbomètre soit 30 Tms à pâturer sur 20 ha. C'est possible dès à présent et probablement aussi la semaine prochaine, le vent d'Est annoncé devant permettre un séchage plus efficace du sol. Il risquera aussi de provoquer des gels et de ralentir la pousse. À voir donc selon les objectifs et les intérêts de chacun. « Quelle que soit l'opération effectuée, fauche ou pâture, il faut faire très attention à la portance du sol, avertit le conseiller Chambre. Y aller trop tôt risque de déstructurer en profondeur avec le poids des machines ou le piétinement des animaux sur une terre trop fragile. En début de saison, les conséquences sur le reste de l'année peuvent être lourdes. Il faut prendre le temps de faire un bon tour et d'estimer la portance de chacune des parcelles, les prairies qui partent en maïs étant à privilégier. »

Faire pâturer vite et bien : enchaîner les transitions

Si la pousse de l'herbe n'a pas pris trop d'avance, il est possible de faire pâturer de préférence au fil, tout en continuant de surveiller la portance. « Il ne faut pas hésiter à faire des rotations rapides, d'autant plus si des gelées sont attendues semaine prochaine, explique Grégoire Dufour. Dix à quinze jours de transitions au lieu des trois semaines habituelles, il va falloir être stricte sur ce point-là. » En effet, les sols restant fragiles, le risque est tant la déstructuration qu'une prairie mal nettoyée si les bêtes sont laissées trop longtemps sur une grande parcelle. Limiter les animaux à une petite zone au fil favorisera la compétition entre eux : ils mangeront plus vite et la prairie sera nettoyée plus rapidement. Par ailleurs, l'alimentation est à surveiller, il faut procéder en petits paliers, notamment pour les laitiers. « Afin d'éviter tout risque de diarrhée, il faut faire les transitions après la rosée et laisser à disposition du fourrage grossier mais le plus appétant possible pour être sûr qu'il soit mangé, précise Grégoire Dufour. Pas la peine d'en mettre beaucoup, elles se jetteront de toute façon sur l'herbe. Il faut qu'il soit très appétissant pour garder la main sur l'apport en fibre. »

Quand l'herbe est trop haute, privilégier la fauche

Au-delà de 15 à 17 cm à l'herbomètre, il faut faucher la prairie. Le bon repère : l'épiaison des ray-grass ou le bourgeonnement des légumineuses - on se base sur la plante majoritaire dans le mélange. Le repaire est valable pour les Rgi et Rghprécoces à épiaison. Pour les Rga, à épiaison plus tardive, l'épi arrive aux 8 cm à 480 degrés jours, donc à partir de maintenant. « Encore une fois, attention à la portance avec les machines, insiste Grégoire Dufour. Même si le sol peut sembler sec en surface, il est sûrement encore humide en dessous. On a de la visibilité aujourd'hui sur la météo, donc pas la peine de se précipiter dans les prairies. » D'autant qu'aujourd'hui, le rendement à la fauche ne permettrait pas vraiment de reconstituer les stocks, bien entamés pour la plupart des éleveurs. Il vaudra probablement mieux attendre encore une dizaine de jours, car même si les gelées arrivent bel et bien et ralentissent la pousse, les kilos d'herbe qui s'accumulent chaque jour seront indispensables à beaucoup d'exploitations. Quitte, pour les parcelles qui repartiront en pâturage, à ne pas couper sous 6 cm pour qu'elles réintègrent le circuit de pâture dans les 25 jours suivants. Pour faire de l'enrubannage, il faut veiller à le faner immédiatement, dans les deux heures tout de suite après la fauche. Après ce délai, les stomates se ferment et l'eau ne sortira plus, ce qui sera particulièrement dommageable à la qualité de l'enrubanné. « Un point de vigilance est à apporter sur les dérobés avec beaucoup de ray-grass italien, nuance le conseiller Chambre. L'assèchement du sol devrait être suffisamment rapide pour faire le maïs, attention à ce moment-là à ne pas attendre trop longtemps pour faucher et risquer ce coup-ci d'assécher le sol avant la culture principale. »

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