Soutiens à la filière cidricole : le Gouvernement avance, doucement...
Le ministre de l'Agriculture a annoncé le 8 juin une enveloppe de 5 millions d’euros pour la distillation d’une partie des volumes de cidre, afin d'alléger le marché d'excédents que les cuves trop pleines ne pourront contenir. La filière cidricole salue cette avancée et l'écoute qu'elle a reçue de Didier Guillaume.

"Les choses bougent. Le geste fait par Didier Guillaume est très appréciable et important pour la filière. Mais on n’est pas au bout du chemin. Il est absolument indispensable de trouver des solutions sur de nombreux points encore en suspens, qu'il s'agisse des mesures de retrait de cidres et de fruits, insuffisantes, ou des soutiens directs aux entreprises, sur lesquels les incertitudes restent grandes", indique Marc Roubaud, président de l'Unicid.
La filière cidricole est durement touchée par la crise du Covid. Les ventes, qui ont subi des baisses brutales pendant le confinement, ne reprennent que très lentement avec la réouverture partielle des cafés et restaurants. Elles risquent de rester en berne dans les prochains mois, en raison d'une activité touristique ralentie, de l'annulation des festivals et évènements et de la pression sur le pouvoir d'achat des français. La filière a formulé des demandes de mesures de soutien au gouvernement afin d’assurer la survie des entreprises qui la composent.
Si elle estime avoir été entendue par le ministre de l'Agriculture qui a annoncé le 8 juin une enveloppe de 5 millions d’euros pour la distillation d’une partie des volumes de cidre, la filière s'inquiète de ne pas recevoir la même écoute de l'ensemble du gouvernement, à l'image des signaux très négatifs reçus de Matignon début juin, et rappelle que ce premier pas, important, n'est cependant pas à la hauteur de l'enjeu.
Moins de la moitié
Force et de constater que l'enveloppe débloquée représente moins de la moitié de ce qui était demandé pour le retrait de cidres et moins du quart du budget demandé pour l'ensemble des mesures de retrait dont la filière a besoin. En particulier, il reste à construire un plan de retrait des fruits, indispensable pour permettre à la filière de gérer la contraction de certains débouchés du fait de la crise, mais pour l’instant inexistant.
Le gouvernement propose de commencer à travailler sur les mesures de dégagement prévues dans le cadre des organisations de producteurs, sur financement européen. Celles-ci ne sont pas la réponse : très insuffisantes en termes de volumes et d'indemnisation, elles laissent de côté tous les producteurs qui ne font pas partie d'organisations de producteurs.
Trop d'acteurs exclus
Côté exonérations de charges, plusieurs problèmes subsistent et doivent trouver des clarifications et des solutions à la hauteur des besoins. Des considérations de taille d'entreprises et un seuil de 80 ou 50% de perte de chiffre d’affaires en deçà duquel aucune exonération ne serait consentie sont évoqués. Ces critères excluent trop d'acteurs, ils doivent être revus pour concerner équitablement l'ensemble des entreprises de la filière, toutes durement touchées. Il reste en outre à confirmer que des exonérations de charges s’appliqueront aussi aux non salariés (exploitants agricoles, chefs d’entreprises).
Enfin des inconnues demeurent quant aux niveaux et durées d'exonération, qui doivent être clarifiés. Pour ce qui est de la communication de crise, l'aide accordée permettra de donner un coup de pouce à court terme. Elle ne peut représenter que 15% du budget total de la campagne. Mais elle est bien insuffisante : cinq fois moins que ce qui était demandé. La filière attend plus, pour l'immédiat et pour le plan de relance qui devra être mis en place dès la rentrée.