Photovoltaïque : et si vous passiez par un ingénieur-conseil

Ingénieur formé à l’Estaca de Laval, après une expérience de 5 ans comme expert-géomètre pour des constructions de grandes dimensions destinées au secteur de l’aéronautique, le Mayennais Melchior de Coutard a choisi de revenir dans son département en 2019. Il devient alors responsable technique chez Energie Services à Évron, groupe spécialisé dans le GPL. Un poste qu’il occupera pendant 4 années avant de prendre la décision de s’installer à son propre compte comme ingénieur-conseil indépendant, en se spécialisant dans « l’optimisation des bâtiments » d’entreprises et agricoles. Il a créé sa société EIS (pour : « éco-industries et solutions ») en juillet 2023. Installée rue de Bretagne à Laval, EIS « accompagne les PME et les TPE » dans leur souhait de mettre en place des solutions de « sobriété énergétique ». Si une partie de ses interventions se fait à destination des TPE, EIS propose aussi ses services vers le monde agricole, notamment pour la mise en place d’unités de production électriques sur les toitures des bâtiments ou sur ce qu’il nomme « les zones délaissées », par exemple le long d’axes comme la LGV sur des terres non exploitables. 

« On ne sera jamais à 100 % d’autonomie »

Dans la pratique, son métier d’ingénieur-conseil amène d’abord Melchior de Coutard à réaliser une étude préalable à l’installation d’une station de production d’énergie. « Si le projet est intéressant pour l’exploitation, je propose une mission d’assistance à la maîtrise d’ouvrage. Dans ce cas, le dirigeant d’entreprise, c’est-à-dire l’agriculteur, n’a pas à se soucier de la recherche des entreprises qui vont réaliser le chantier. Je les trouve et lui les soumet. C’est lui qui décide. Je peux aussi l’accompagner pour rechercher des financements. » Cela en toute objectivité car, comme Melchior de Coutard, aime à la souligner : « je n’ai pas de panneaux à vendre et je ne travaille pas ni pour un installateur ni pour un investisseur ». Sa plus-value, il la trouve dans les calculs qu’il effectue pour optimiser les projets. Car, comme il l’observe non sans étonnement, « on a parfois des projets dont la rentabilité pour l’exploitant agricole a été déterminée à 35 ans, alors qu’au mieux, les panneaux solaires sont garantis 30 ans… ». Et d’ajouter : « un bon projet s’étale sur 5 à 12 ans de remboursements, pas plus ». Alors il étudie tous les paramètres du projet en tenant compte de l’environnement global comme la taxe foncière, l’impôt forfaitaire des entreprises de réseau (Ifer) dès que l’on dépasse des 100 kW crète, ou bien encore l’autonomie qu’apporterait une centrale photovoltaïque. « Attention, on ne sera jamais à 100 % d’autonomie. Je ne vends pas du rêve. Arriver à 50-55 % c’est déjà beaucoup. » 

Prudent sur ce marché de la production d’électricité en milieu agricole, il estime cependant que les supports de destination ne manquent pas. « On pourrait par exemple remplacer le fibrociment des toits des bâtiments d’élevages par une réfection de toiture incluant une centrale photovoltaïque. Cela permettrait de payer tout ou partie du désamiantage et surtout de valoriser les bâtiments en vue d’une revente lors de la cession d’exploitation. Dans ce cas, le photovoltaïque devient un outil de financement », juge l’ingénieur. Melchior de Coutard table aussi sur une consommation d’électricité qui ne va pas cesser dans les années à venir. « L’agriculture utilise de plus en plus d’outils consommateurs d’énergie électrique comme les robots de traite, les robots de nettoyage, les repousse-fourrages… » Bientôt on verra aussi « davantage de véhicules électriques dans les fermes ». Alors produire son énergie, c’est aussi prévoir le futur avec une meilleure maîtrise de ses coûts d’achat d’énergie.

L’entreprise EIS, de Melchior de Coutard, est installée au 155 rue de Bretagne à Laval. Tél : 06 45 84 16 04. Mail : m.decoutard@eisgroupe.fr.