« On ne comprend les sujets qu’à hauteur de terrain »
Arrivé lundi 8 mars 2021 en Mayenne, Xavier Lefort, préfet du département, a déjà participé à une session de la Chambre d’agriculture. Un premier contact riche d’informations.
Arrivé lundi 8 mars 2021 en Mayenne, Xavier Lefort, préfet du département, a déjà participé à une session de la Chambre d’agriculture. Un premier contact riche d’informations.

>> Vous êtes arrivé lundi 8 mars pour prendre votre premier poste de préfet, ici en Mayenne. Quel est, à ce stade, votre ou vos priorités ?
Xavier Lefort : Je vais prendre connaissance des dossiers. Je vais aller à la rencontre des parlementaires, des élus, des responsables publiques, des responsables d’associations… Ma priorité c’est de connaître très vite le terrain, avec deux sujets majeurs : d’abord la crise sanitaire et la vaccination. Le deuxième sujet, c’est la mise en oeuvre du plan de relance. Là, l’important est de mettre en oeuvre le dispositif de soutien, d’organiser la sortie du dispositif d’urgence pour pouvoir consolider la situation économique. Je pense qu’il y a une vraie résilience du tissu économique en Mayenne.
>> Que connaissez-vous de la Mayenne ?
X. L. : Je n’ai pas une connaissance intime du département. Je suis de l’ouest, de Lannion. J’ai passé une grande partie de ma vie d’enfant à Brest et une partie de mes études à Rennes. Quand on est à Rennes, on a quelques copains qui viennent de Laval. Et puis mes parents étaient enseignants. Mon père était proviseur du lycée de Vitré. Je n’ai pas vécu très loin de la Mayenne…
>> Samedi dernier, le Premier ministre a annoncé des aides pour les agriculteurs en grande difficulté. Avez-vous déjà des précisions à apporter, notamment sur les modalités de mise en oeuvre ?
X. L. : C’est un peu tôt pour faire des annonces. Il faut que je prenne connaissance de tous ces dispositifs du Plan de relance. Mais on a beaucoup de chance en Mayenne, car, à la préfecture, nous avons une sous-préfète chargée de la relance. C’est extrêmement important. Le Plan de relance est à la fois un sujet d’animation sur le terrain, de connaissance des sujets et de bien identifier les différents dispositifs : avec plusieurs acteurs. La première urgence c’est de rendre lisibles et accessibles tous ces dispositifs pour les bénéficiaires afin qu’ils sachent à quel guichet s’adresser, comment répondre à tel ou tel appel à projets. La priorité du préfet d’un département, c’est de rendre l’État lisible et accessible par les concitoyens, les chefs d’entreprises, les chefs d’exploitations agricoles.
>> Les négociations commerciales se sont pour la grande majorité terminées fin février avec des tensions qui perdurent. Quelle analyse faites-vous de cette situation ?
X. L. : Fin février, c’était effectivement la fin des négociations commerciales dans le cadre de la loi Egalim et la construction du prix. Tout ne résulte pas de négociations nationales. Il y a aussi des discussions au niveau local. Le sujet est récurrent : la construction du prix et la question de la valeur ajoutée. Il faut que la valeur ajoutée se positionne au bon endroit et au bon niveau dans la chaîne de valeur et la chaîne de production. Et dans la construction du prix, que ce ne soit pas seulement quelques acteurs de la chaîne in fine qui soient les bénéficiaires de cette valeur ajoutée.
>> Mercredi, vous vous êtes entretenu avec Stéphane Guioullier, président de la Chambre d’agriculture de la Mayenne. Sur quels sujets ?
X. L. : On a évoqué beaucoup de sujets : le Plan de relance, la loi Egalim, les sécheresses dans le département, l’accès à l’eau, etc. On a aussi évoqué les difficultés des filières, comme la filière bovins viande. On m’a fait un tour d’horizon complet.
>> Vous avez ensuite participé à votre première session de la Chambre d’agriculture. Que pouvez-vous nous en dire ?
X. L. : On a eu une session très intéressante et très importante puisqu’elle portait sur les sujets de transmission d’exploitations et de la question du renouvellement des générations. Je suis très impressionné par les initiatives. Il y a une structuration au niveau de la Chambre régionale d’agriculture, mais, après, c’est décliné sur le terrain avec beaucoup d’initiatives. Il y a une expérimentation sur la Communauté de communes des Coëvrons qui me semble très prometteuse, avec plein de bonnes idées. Un chiffre m’a impressionné et il est lié au dynamisme des acteurs sur le terrain : 30 % des jeunes qui s’installent ne sont pas issus du monde agricole. Je n’avais pas ce chiffre en tête. Et puis toute la dynamique qui consiste à aller chercher hors du département, hors de la région, avec les Chambres d’agriculture dans le Nord, en Picardie, etc.. Il y a effectivement un déséquilibre entre ceux qui cherchent des exploitations et puis les cédants. Pouvoir faire venir du monde contribue à l’attractivité du département dans un secteur économique principal du département.
>> Avez-vous déjà programmé des visites d’exploitations ?
X. L. : On ne comprend les sujets qu’à hauteur de terrain. On ne répond bien aux préoccupations de nos concitoyens que si on va les rencontrer, si on comprend leurs soucis, leurs priorités. Il faut aller sur le terrain. Ce que j’ai pratiqué dans d’autres métiers. Je serai sur le terrain. Nous sommes en train de monter, avec la Ddt et la profession agricole, des visites d’exploitations. Nous allons en faire plusieurs et rencontrer aussi les représentants du monde agricole.