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«Mon premier désherbant c'est ma charrue»

Entre les averses automnales, Aurélien Ragot, éleveur laitier en agriculture biologique, installé à Saint-Mars-du-Désert, prépare ses cultures d'hiver

Avec Maxime, son salarié, Aurélien a déjà semé la grande majorité de ses cultures d'hiver.
Avec Maxime, son salarié, Aurélien a déjà semé la grande majorité de ses cultures d'hiver.
© AF

Installé depuis 2011, Aurélien Ragot a pour but d'atteindre l'autosuffisance alimentaire pour son troupeau de vaches laitières. La pluie, il l'a attendue impatiemment, après une année très compliquée pour les récoltes de maïs ensilage et d'herbe : «il manque du stock d'herbe, mais la grosse gamelle c'est en maïs. Pour être bien, il me faut au moins 6 à 7 tonnes. J'ai déjà fait jusqu'à 14 tonnes en 2017. Cette année, on a réussi à faire seulement 3,6 tonnes. 4,5 tonnes l'année dernière et 6,5 tonnes en 2018. S'il n'y a pas d'eau, le maïs, il ne pousse pas », commente-t-il. «Depuis que je me suis installé, plus ça allait plus on avait de lait à produire. On a eu une remise en question : est ce qu'il faut toujours continuer à faire plus... J'ai donc choisi de réduire en nombre de vaches pour avoir moins de boulot et être autosuffisant, mais les aléas climatiques font que l'on n'arrive pas à être autosuffisant. Mon but, c'est d'avoir le maximum de lait par vache pour avoir moins de vache et être autosuffisant. Je préfère en avoir moins et mieux les nourrir », ajoute-t-il.

Autosuffisance protéique

Dans ses 35 ha qu'il destine aux cultures d'hiver, Aurélien Ragot implante un mélange de triticale et de féverole : «toute la récolte est destinée à l'autoconsommation ». La féverole est toastée et utilisée en complément protéique dans la ration de ses 70 vaches laitières : «au début on achetait du correcteur azoté. Ensuite la laiterie, Biolait, nous a mis la contrainte d'acheter du correcteur azoté 100 % français. À l'époque quand ils ont sorti ça, ça n'existait même pas. Alors bien sûr, les marchands d'aliments se sont mis a proposé du correcteur 100 % français qu'il fallait acheter encore plus cher. Le correcteur azoté c'est dans les 950 EUR la tonne. Ça nous a donné un coup de pied dans les fesses. C'est comme ça qu'on s'est remis en question et qu'on s'est mis à essayer de s'autosuffire complètement. J'ai découvert le toastage sur la féverole. C'est l'équivalent du tannage, mais le toastage est autorisé en production bio. Il est intéressant, car il réduit l'écart PDIN / PDIE et apporte les protéines nécessaires. Tout est distribué au robot en complément. Le but c'est de s'autosuffire totalement. ».

Sécuriser la récolte

Aurélien a donc introduit la féverole dans son assolement, mais progressivement : « au niveau féverole, les rendements sont vraiment en dents de scie. Mon objectif ce n'est pas le triticale c'est la féverole, mais je ne veux pas prendre le risque de ne semer que de la féverole et de ne rien récolter.Je fais ma semence de ferme, avec un carré de sélection de 4 ha. Je n'achète pas de semences. Cela permet d'assurer la génération et le renouvellement de l'espèce. Cette année on a sorti environ 700 kg de féverole par hectare. Il faudrait réussir à atteindre 1 tonne, 1,5 tonne pour être autosuffisant. J'ai dû acheter 15 tonnes de féveroles en 2019 et 30 tonnes en 2020 à la récolte que j'ai fait toaster pour passer l'hiver. Il me faut entre 30 et 35 tonnes de féveroles pour être autosuffisant ».

«Des champs propres »

Pour préparer son semis, Aurélien préfère labourer ses champs : «mon premier désherbant c'est ma charrue. Pour mes cultures d'hiver, je laboure, je sème, je ferme la barrière. Je rouvre la barrière et je bats. J'ai arrêté de mettre du lisier depuis que je fais du mélange. Je n'ai pas trouvé de solution plus pratique que la charrue et le combiné de semis. C'est sûr ça prend du temps, mais ça a un rendu propre et je peux vendre ma paille. Je ne passe ni bineuse ni herse étrille dans les céréales ».

Aide aux protéagineux

Dans le cadre de la PAC, l'aide couplée production végétale offre la possibilité de bénéficier dpour la production protéique. Une aide, à laquelle Aurélien ne peut pas prétendre puisqu'il réalise son implantation en mélange : «le mélange est autorisé, mais cela doit être à 50 % en nombre de graines. La densité entre le triticale et la féverole n'est pas la même, ce n'est donc pas possible de semer en équivalent de nombre de graines la féverole et le triticale. C'est dommage, car cette aide est faite pour inciter à produire ses protéines, et malgré que je les produise, je ne peux pas avoir l'aide. Si je ne sème pas de triticale, il faudrait que j'achète mon énergie et ma paille ».

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