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Mobilisation
Mercosur : la colère monte, une action à Laval le 14 novembre

Pour les agriculteurs, la coupe est pleine. Emmanuel Macron, le 6 novembre, a déclaré être « plutôt positif » sur la possibilité d'accepter l'accord de libre-échange avec le Mercosur. Mercredi 12 novembre, la FNSEA et les JA ont profité de sa venue à Toulouse pour manifester leur colère. Une délégation a pu rencontrer le président de la République, qui a affirmé que « le projet d'accord actuel recueillera un non très ferme de la France », a rapporté Annie Genevard, ministre de l'Agriculture. Afin de maintenir la pression, la FDSEA et les JA de la Mayenne organisent un rassemblement devant la préfecture, à Laval, ce vendredi 14 novembre.

Mercredi 12 novembre, la FNSEA et les JA ont profité de la venue d'Emmanuel Macron à Toulouse pour manifester leur colère contre l'accord Mercosur. Afin de maintenir la pression, la FDSEA et les JA de la Mayenne organisent un rassemblement devant la préfecture, à Laval, ce vendredi 14 novembre.
© FNSEA

En colère, les agriculteurs ont grandement perturbé le programme initial d’Emmanuel Macron lors de sa venue à Toulouse, mercredi 12 novembre, irrités par les propos tenus par le président de la République quelques jours auparavant, lui qui avait qualifié de « positives » les clauses de sauvegarde incluses dans le traité de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur. En matinée, une cinquantaine d’engins agricoles, pour environ 250 agriculteurs principalement venus de Haute-Garonne et du Tarn-et-Garonne, se sont rassemblés dans la Ville rose, à l’appel de la FNSEA et de JA. Les agriculteurs ont, dans un premier temps, pu rencontrer Annie Genevard, ministre de l’Agriculture, avant qu’une petite délégation n’obtienne une rencontre avec Emmanuel Macron en début d’après-midi.

« Le projet d’accord, à ce stade, recueillera un non très ferme de la France » 

C’est Annie Genevard qui a pris la parole au sortir de cette rencontre à laquelle elle a également pris part : « Le président de la République a été extrêmement clair pour dire que le projet d’accord tel qu’il existe aujourd’hui recueillera un non très ferme de la France », a-t-elle déclaré. Et de poursuivre : « Ce projet d’accord ne protège pas nos agriculteurs. […] Nous attendons des garanties de la commission européenne pour déterminer comment fonctionnerait une clause de sauvegarde, comment elle s’appliquerait efficacement. Deuxièmement, il faut des mesures miroirs. Les agriculteurs et les consommateurs ne peuvent  pas accepter d’importer des productions et de l’alimentation qui ne respectent pas les règles qu’on impose à nos producteurs. Enfin, il faut des contrôles des pays exportateurs et aux frontières de l’Europe. À date, ces conditions ne sont pas remplies. » Annie Genevard a, pour conclure, annoncé un fonds national « pour les trésoreries les plus fragiles de certains de nos agriculteurs ».

Une action syndicale le vendredi 14 novembre à Laval

« Afin de défendre nos produits agricoles et notre souveraineté alimentaire, nous appelons à une action syndicale », indique le réseau FDSEA-JA 53. Le rendez-vous est donné ce vendredi 14 novembre, dès 11h30, devant la préfecture de la Mayenne à Laval. « Au-delà des messages qui seront adressés à la représentante de l’État, c’est avant tout une action de communication et de sensibilisation auprès du grand public que nous organisons pour lui expliquer ce qui est en train de se jouer dans son dos ! », poursuit le réseau syndical, qui a prévu aujourd’hui un « barbecue géant à base de viande française » et un « bâchage de la préfecture ». Dans leur appel à mobilisation, FDSEA et JA sont catégoriques : « tracteurs attendus, sans benne ». Une quarantaine de tracteurs et environ 80 manifestants sont espérés. Deux points de rassemblement des tracteurs sont prévus à 10h30 avant de converger vers la préfecture : au Foirail de Laval pour les secteurs Nord et Est du département, et à l’Hippodrome de Laval pour les zones Sud et Ouest de la Mayenne.

« Tous concernés, tous mobilisés »

Mickaël Guilloux et Guillaume Bellet, secrétaires généraux de la FDSEA 53 et des JA 53, nous en disent plus sur les raisons de cette mobilisation. « Certaines sont un peu plus touchées que d’autres, mais l’accord Mercosur concerne toutes les productions, rappelle Mickaël Guilloux, secrétaire général de la FDSEA 53. Dans le milieu agricole mayennais, on aura globalement tous des répercussions négatives. C’est pour cette raison que j’invite tout le monde à se mobiliser ce vendredi ». L’accord Mercosur vient s’additionner à « de nouvelles contraintes apparues dans nos productions françaises. Avec cet accord, on ouvre nos frontières à des produits qui ne respectent pas du tout l’éthique, les normes… Nous sommes en décalage total avec un double discours qui ne date pas d’aujourd’hui. Le plus étonnant, c’est que ça vienne de notre président de la République ». 

Signer cet accord, selon le secrétaire général de la FDSEA 53, « c’est oublier que l’alimentation de nos concitoyens et la façon dont nous, agriculteurs français, la produisons sont des priorités. On espère être reçus par la représentante de l'État sur notre département pour lui faire part de nos interrogations, lui prouver qu’on ne lâchera rien et qu'il n'est pas question qu’on cède d’un pouce sur ce dossier. Tous concernés, tous mobilisés. Personne ne se battra à notre place. On doit défendre notre bout de gras ». 

« L’objectif de l’action est d’alerter une nouvelle fois la préfecture de la Mayenne sur le Mercosur. Cet accord est une aberration », indique Guillaume Bellet, secrétaire général des Jeunes Agriculteurs de la Mayenne. « Aujourd’hui, nous faisons déguster nos produits aux concitoyens mayennais. L’objectif est de mettre en valeur la vraie viande française ». 

Quant au Mécanisme d'ajustement carbone aux frontières (MACF), autrement dit la « taxe engrais », c’est la cerise sur le gâteau pour Mickaël Guilloux : « On nous remet une nouvelle taxe à l'importation des engrais qui nous viennent essentiellement d'Ukraine et de la Russie. Ça va être encore à nous, producteurs français, de payer l’addition ». Cette taxe à payer à l’entrée des frontières, mise en place au niveau de l’Europe, devrait en effet représenter environ 100 euros supplémentaires par hectare pour un agriculteur français. « Cette taxe, une nouvelle fois, est « pondue » par des responsables politiques qui sont complètement hors sol et qui ne connaissent même pas les répercussions sur nos coûts de production, l’impact sur le consommateur, sans parler de la compétitivité de l’agriculture française », conclut-il.

L’accord Mercosur prévoit en termes d’importations au sein de l’UE 

- 99 000 tonnes/an de bœuf supplémentaires avec un droit de douane réduit (7,5 % environ) dont 55 % de viande fraîche et 45 % de viande congelée. - 180 000 tonnes/an de volailles supplémentaires avec des droits de douane fortement réduits. - 25 000 tonnes/an de porc avec droit aboli ou quasi nul. - 650 000 tonnes d’éthanol dont 450 000 tonnes destinées à l’industrie (droits supprimés) et 200 000 tonnes pour carburant avec droits réduits. Il prévoit aussi de nombreuses suppressions de droits sur les fruits, les jus, certaines préparations alimentaires, les légumineuses, etc. 

Côté exportations vers le Mercosur, l’accord prévoit : 

- un quota d'exportation de 1 million d'hectolitres pour les vins tranquilles européens et de 400 000 caisses de vins mousseux vers le Mercosur, des quotas qui devraient être progressivement augmentés au fil des années. De plus les droits de douane (souvent entre 20 % et 35 %) sont supprimés et le Mercosur s’engage à protéger les indications géographiques européennes (IGP/AOP). - Un quota d’exportation de 30 000 tonnes de fromages européens par an, de 10 000 tonnes de beurre et de 6 000 tonnes de poudre de lait, avec une augmentation des quotas et une suppression progressive des droits de douane. D’autres mesures concernent les viandes transformées et charcuterie, les céréales et certains aliments transformés ainsi que l’alimentation animale, les semences et certaines huiles.

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