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Les enjeux de l'exploitation forestière expliqués
Dans le cadre du Mois du climat en Mayenne, nous sommes allés à la rencontre des professionnels de la forêt, mercredi 1er octobre. Au bois de L’Huisserie, Antoine Beautemps, bûcheron éhouppeur, a effectué une démonstration dans le cadre d’un chantier.
Dans le cadre du Mois du climat en Mayenne, nous sommes allés à la rencontre des professionnels de la forêt, mercredi 1er octobre. Au bois de L’Huisserie, Antoine Beautemps, bûcheron éhouppeur, a effectué une démonstration dans le cadre d’un chantier.


Équipé de son harnais, de ses griffes à chaque pied, de longes et de sa tronçonneuse, Antoine Beautemps monte le long du tronc d’un chêne. Méticuleux, il coupe toutes les petites branches qui freinent son ascension, jusqu’à atteindre le houppier, soit la partie de l'arbre qui sépare la première grosse branche de son sommet. Avec dextérité, en une dizaine de minutes seulement, les branches tombent une par une. Et le bûcheron éhouppeur (élagueur en milieu forestier) remet le pied sur le plancher des vaches.
Antoine Beautemps, de l’EURL Beautemps, est l’un des derniers à exercer ce métier à risques. Ce mercredi 1er octobre, dans le cadre d’un chantier planifié au bois de L’Huisserie, il vient d’effectuer une démonstration devant quelques curieux. L’animation, nommée « Vis ma vie de bûcheron », se déroule dans le cadre du Mois du climat, organisé par le Département de la Mayenne. Yann Petiot, de Fibois Pays de la Loire (interprofession régionale dédiée à la filière forêt-bois), et Gabriel Raymond, technicien forestier de l’ONF (Office national des forêts) chargé de la gestion du massif, sont présents à ses côtés.
« Faire en sorte que du bois de qualité soit produit »
« Il s’agit d’expliquer les enjeux de l’exploitation forestière au grand public, et notamment de comprendre pourquoi des arbres sont coupés », débute Yann Petiot, qui poursuit : « L’abattage manuel et l’éhouppage sont des gestes qui demandent beaucoup de technique. » Aujourd’hui, le chantier consiste en « une intervention classique dans la vie du peuplement d’une forêt », poursuit Gabriel Raymond. Ce dernier, en amont de cette journée, est venu sur place pour marquer certains arbres avec de la peinture : « Celui avec le point jaune, c’est le bel arbre que l’on veut préserver en lui faisant plus de place. Les autres traits orange, ce sont ceux qui vont être abattus. »
L’accueil du public est la mission première de Gabriel Raymond, qui est également chargé de la gestion de l’environnement, et de la production de bois : « Je dois faire en sorte que le lieu soit accueillant, que la biodiversité soit préservée, et que du bois de qualité soit produit. » L’arbre à préserver fait donc partie de ceux qui, dans plusieurs dizaines d’années, seront vendus comme bois de sciage ou de charpente, par exemple. « Pour que cet arbre soit de qualité, il faut le soigner, lui faire de la place », développe Gabriel Raymond, qui précise que 80 % de la valeur du bois se trouve dans ses six premiers mètres en partant du sol. Pour réaliser cette « éclaircie », des arbres voisins, pour certains moins beaux, sont donc abattus. « Ils serviront pour du bois de chauffage », indique le technicien forestier. Afin de mener cette mission à bien, Gabriel Raymond suit un document de gestion, sorte de fil rouge régulièrement actualisé, dans lequel est inscrit le diamètre de responsabilité : « C’est le diamètre maximum à viser pour un arbre afin d’éviter de perdre en qualité. On revient dans une même parcelle tous les dix ans, et tous ces chantiers se font avec parcimonie. »
La saison forestière d’août à mars
Une fois abattus, après le passage des bûcherons, les beaux arbres sont triés puis vendus en bord de route. Au bois de L’Huisserie, la régénération des arbres se fait quasiment uniquement de manière naturelle, donc sans plantation. Ainsi, les branches tombées à terre lors de l’éhouppage sont rapidement enlevées, afin de ne pas gêner l’évolution des petites pousses. Elles serviront pour du bois de chauffage. Il ne reste qu’une poignée d’éhouppeurs en France. « C’est de l’élagage en forêt, précise Antoine Beautemps, qui exerce sur tout le Grand Ouest. Je suis payé au nombre de pieds. La saison forestière court d’août à mars, puis j’enchaîne avec des chantiers chez les particuliers. Je travaille pour des privés 70 % de mon temps. » Parmi lesquels les agriculteurs, notamment pour l’entretien des haies.