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Changement climatique
Le sorgho monocoupe peut-il remplacer le maïs ?

Dans un contexte de changement climatique, les rendements des fourrages fluctuent d'une année à l'autre, perturbant l’équilibre des bilans fourragers. Face à ces incertitudes, certaines espèces fourragères émergent ou font leur retour en tant qu’alternatives aux espèces courantes. Parmi elles, les sorghos fourragers monocoupes remplacent souvent le maïs fourrage dans les rotations culturales et dans les rations des ruminants. Mais quel est réellement leur potentiel ?

© Arvalis

Les sorghos fourragers monocoupes présentent une large gamme d’utilisations, allant de l’alimentation animale à la production de biomasse. On distingue deux grands types de sorgho : ceux à faible valeur nutritionnelle (0,6 UFL) mais à fort rendement, et ceux mieux adaptés à l’élevage, avec des valeurs alimentaires comprises entre 0,8 et 1 UFL, dont le rendement est plus modéré. Ici, nous nous concentrerons sur ce deuxième groupe. Pour choisir sa (ses) variété(s), la première étape consiste à choisir une ou des variétés avec un potentiel de valeur énergétique adapté au type d’animaux à nourrir. 

Des taux d’amidon élevés à nuls 

Ensuite, les variétés se distingueront par des taux d’amidon élevés à nuls. Ces variations s’expliquent essentiellement par la fertilité de la panicule. Les variétés à panicule fertile, riches en amidon, sont comparables au maïs fourrage en termes de profil alimentaire. D'autres, bien que fertiles, présentent un taux d’amidon bas mais un taux en sucres solubles plus élevé. Celles-ci sont généralement nommées «  sorgho sucrier  ». Certaines variétés sont dites « mâle stérile » (= « pollen stérile »). Elles ont un profil énergétique similaire aux sorghos types sucriers avec un taux d’amidon encore inférieur voire nul (fécondation possible par une autre variété fertile). Enfin, un dernier groupe variétal ne fleurira pas, il est nommé photopériodique sensible (PPS). Ces variétés ne présentent pas d’amidon et ont des taux de sucres solubles élevés. Elles restent en phase végétative, et si elles sont récoltées et conservées seules, leur matière sèche à la récolte ne permettra pas de faire un silo sans perte de jus. 

Une implantation plus délicate qu’un maïs 

La réussite de la culture du sorgho fourrager monocoupe dépend grandement de sa phase d’implantation, encore plus que le maïs. Un semis dans de bonnes conditions permet d’assurer deux éléments essentiels : le peuplement et la gestion des adventices. Le sorgho est une petite graine qui nécessite un sol fin et réchauffé (12°C) pour une levée homogène. Si ces conditions ne sont pas respectées, les pertes à la levée peuvent être importantes (parfois supérieures à 50 %), et les levées échelonnées. Le sorgho est généralement semé une à trois semaines après la date optimale d’un maïs fourrage. La gestion des adventices dépend également de la qualité de l’implantation. Comme le maïs, le sorgho se prête bien au désherbage mécanique. Les solutions en chimique existent mais sont plus restreintes qu’en maïs. Une levée échelonnée complique les interventions précoces, dès le stade trois feuilles, réduisant ainsi l’efficacité. Par rapport au maïs, le sorgho est moins vigoureux au démarrage, laissant davantage d’espaces et de temps aux adventices avant la fermeture des inter-rangs. 

Une culture qui profite mieux de l’arrière-saison 

Les sorghos sont réputés pour leur capacité à rester verts lors des épisodes de stress hydrique et thermique durant l’été. Pendant ces périodes, la croissance en biomasse est suspendue, mais elle reprend dès le retour des pluies en fin de saison estivale. De plus, la valeur alimentaire des sorghos, notamment pour les variétés à forte digestibilité des fibres, est moins affectée par ces stress que celle du maïs. Des essais conduits entre 2021 et 2023 dans le cadre des projets CLIMATVEG et CAP PROTEINES ont permis de comparer, au sein de dispositifs en blocs répétés, le potentiel de rendement de sorghos fourragers monocoupes à celui du maïs fourrage. Les deux espèces ont été semées à la même date, celle retenue pour le sorgho, ce qui a pu pénaliser le maïs, dont le potentiel diminue d’environ 600 kg MS/ ha par semaine de retard de semis. Dans ces conditions, les sorghos récoltés à maturité, entre 8 et 30 jours après la date optimale pour le maïs, peuvent encore accumuler de la biomasse (+2 à 2,5 t MS/ha). Cela leur permet de devancer le maïs dans des conditions de faible potentiel de rendement (< 11 t MS/ha pour le maïs) ou d’atteindre des rendements proches dans des conditions favorables (> 11 t MS/ha).

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