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Irrigation : « j'utilise entre zéro et 40 000 m3 par an »

En pleine période de sécheresse, le département de la Mayenne a atteint le seuil d'alerte renforcée sur le bassin de l'Oudon, le seuil de vigilance sur le bassin de la Sarthe amont et le seuil d'alerte sur le bassin de la Mayenne amont, de la Mayenne médiane-aval et de la Sarthe-aval. Des restrictions d'eau plus ou moins impactantes pour le monde agricole.i

© AF

Les conditions chaudes et sèches de fin juin et début juillet ont favorisé l'arrivée d'un étiage sévère, qui a amené à des décisions de restriction des usages de l'eau sur certains bassins et dans tous les départements de la région.  Entre les mois de septembre 2018 et mars 2019, période de « recharge », Météo France enregistre « sur le département de la Mayenne un déficit pluviométrique de 339 mm. Depuis 1950, nous sommes au 9e rang des années les plus sèches ». Le secteur le plus problématique sur le département de la Mayenne est le bassin de l'Oudon, déjà en seuil d'alerte renforcée, il pourrait très prochainement être classé en crise, rendant tout prélèvement interdit. Jean-Charles Thireau, installé en Gaec à Saint-Cyr-le-Gravelais, sur le bassin de l'Oudon, fait partie des 80 exploitants mayennais à disposer de matériels d'irrigation : « on va vers des années de plus en plus sèches et le risque de coup de chaud sera de plus en plus intense » explique-t-il. Présent vendredi 26 juillet à la préfecture lors du comité départemental de suivi des ressources en eau, il précise : « pour faire de l'irrigation, il faut de l'eau. Le pompage dans l'Oudon, on oublie tout de suite. D'autant plus que des révisions sont en cours pour modifier les niveaux des seuils. Les réflexions actuelles feraient passer, pour le bassin de l'Oudon, le seuil de crise actuelle, au niveau du seuil d'alerte. Ainsi, 8 années sur 10 on ne pourrait pas du tout prélever dansl'Oudon ».

Faire des réserves

« On voudrait nous faire faire des bassines sur les buttes. Vu qu'il n'est législativement pas possible de faire des réserves dans les zones humides » commente-t-il. « Si tu constitues des réserves sur des parcelles hautes, les coûts seront encore plus important, rien qu'en termes de terrassement. Les réseaux enterrés coûtent cher. À cela vient s'ajouter le matériel, les pompes, les moteurs, les enrouleurs. C'est très compliqué ». Avec 140 ha de terres sur le Gaec, dont 23 ha de betteraves et 19 ha de maïs, Jean-Charles n'imagine pas produire l'alimentation nécessaire à ses animaux sans irrigation : « il faut entre 800 et 1 000 m3 d'eau par ha de maïs et les betteraves sont très demandeuse d'eau aussi ». Sur l'exploitation, quatre étangs servent de réserves. Le Gaec dispose ainsi de 57 000 m3 d'eau : « mon père a créé le premier étang en 1977, suite à la sécheresse de 76. À l'époque, les travaux ont été financés par l'Agence de l'eau. Puis on a fait deux autres réserves en 2000 et en 2010 on en a acheté un 4e à proximité. Suivant les années, j'utilise entre zéro et 40 000 m3 d'eau par an ». Cette année, les hectares de betteraves et de maïs ont chacun déjà reçu 90 mm d'eau en irrigation.

Vers la fin de l'élevage ?

« Ce qui m'inquiète le plus, ce sont les jeunes installés depuis moins de cinq ans explique-t-il. Ils n'ont pas forcément eu le temps et les ressources nécessaires pour se constituer des stocks de fourrage pour faire face à des années de sécheresse comme celle-ci. Et ils n'ont pas non plus pu encore engranger assez de capital pour pouvoir investir dans des stocks si besoin. C'est pour eux que ça va être le plus compliqué ». Mais pour lui, le monde de l'élevage dans sa globalité est en péril : « c'est tout l'élevage qui risque de disparaître dans certaines zones, au profit des céréales qui sont moins demandeuses en eau si on ne peut plus faire ni de maïs ni de prairies à cause des sécheresses. Il faudrait que l'administration soit plus souple sur les lieux de création des réserves. Changer les variétés ne sera pas suffisant ».

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