Gagner un litre de lait à 4 semaines
Améliorer la marge sur le coût alimentaire et la santé du troupeau laitier : tel était le thème de la journée technique que Terrena a organisée, mardi dernier, à la SCEA de l’Épine, à Saint-Berthevin.
Améliorer la marge sur le coût alimentaire et la santé du troupeau laitier : tel était le thème de la journée technique que Terrena a organisée, mardi dernier, à la SCEA de l’Épine, à Saint-Berthevin.

Terrena, avec l’appui du nutritionniste américain Franck Gaudin, accompagne ses éleveurs dans une nouvelle méthode, nommée « le lait à 4 semaines ». L’objectif est d’améliorer la marge sur le coût alimentaire (MSCA). La méthode se concentre sur « les 4 semaines avant vêlage, jusqu’aux 4 premières semaines de lactation », explique Terrena. Avec un programme nutritionnel « jouant sur l’acidification de la ration et le métabolisme de l’énergie », Terrena annonce « des gains immédiatement visibles pour les éleveurs laitiers ». À savoir : « une augmentation de la production de lait d’un litre à 4 semaines, soit + 230 litres sur toute la lactation » et « une réduction des troubles de santé (fièvre de lait, caillette, cétose) ».
La SCEA de l’Épine, à Saint-Berthevin, vient de s’engager dans ce programme. C’est la suite logique d’améliorations continues des performances laitières depuis la reprise de l’exploitation en 2008 par Audrey et Pierre Besançon. Tout en conservant le bâtiment, ses 74 logettes et sa salle de traite en 2 x 5 avec décrochage automatique, le couple s’est focalisé sur l’augmentation de la production laitière par vache. En 2013, le niveau est de 9 000 litres/VL avec une ration hivernale basée sur le maïs ensilage, du pâturage dans les 10 ha autour des bâtiments. « Ici, dès le mois de juin, on est obligé de repasser en ration hivernale », indique Pierre Besançon. L’exploitation passe au robot de traite en 2014, puis à la mélangeuse automotrice en 2016. Le maïs épi ensilé intègre la ration en 2018 et, en 2020, s’y ajoute un apport de matière grasse à l’auge.
La ration par VL est bien diversifiée : maïs ensilage 6,5 kg MS, RGI ensilé 6 kg MS, méteil ensilé 1,5 kg MS, maïs épis ensilé 2,6 kg MS, RGA ensilé 1,5 kg MS. Plus des compléments : Claris N-O Duotech (1,98 kg MS), le minéral Mac Epine (0,6 kg MS), et, au robot du Claris N-O Prophenix +MG (1,3 kg MS) et du VL 2 L (3 kg MS). Avec ces modifications, la production laitière progresse entre 2013 et 2020. En lactation, elle atteint 35,6 l/VL, soit une hausse de 7,6 l. Les taux suivent aussi : TB 41,3 (+1,4), TP 33,5 (+1,2). Quant à la MSCA, son gain est estimé à 3 600 €/mois par rapport à la situation de 2 013. « Attention, la MSCA intègre uniquement la marge prévue par l’éleveur, en aucun cas il ne s’agit d’une hausse du prix du lait », souligne Julien Cartron, nutritionniste chez Terrena.
Chez les taries, mêmes constats pour la marge. Avec une ration spécifique : maïs ensilé (5,71 kg MS), paille de blé (1,76 kg MS), Claris N-O Gest (2,69 kg MS), sels anioniques (0,13 kg MS). Le nutritionniste américain, Franck Gaudin, insistera sur l’importance de la paille de blé chez les taries et, surtout, de la finesse de broyage de cette paille (broyage à 2 cm). « La paille broyée, c’est 30 % de plus de paille ingérée », a-t-il souligné. Rappelant aussi que la fibre « n’a aucun impact sur la rumination ou sur le pH ». Sur l’apport d’énergie, il privilégie le maïs grain ensilé à l’orge ou au blé. « Le blé, comme l’orge, c’est 95 % d’amidon qui vont fermenter dans le rumen, donc que 5 % qui passent dans le post-rumen. » Idem pour la betterave qu’il classe également dans les fermenticides. Pour les vaches taries, le mélange est volontairement très homogène « pour que les vaches mangent de la paille », d’où le rôle essentiel de l’automotrice mélangeuse par rapport au godet précédemment utilisé. L’accent est également mis sur la maîtrise du pH. Il est analysé régulièrement via l’urine « d’au moins 5 taries. Une analyse à faire tous les 15 jours pour un suivi régulier », souligne Pierre Gautier, de Terrena. L’objectif est de se rapprocher de 6. « Maîtriser le pH, c’est aller chercher un pic de lactation plus long, donc c’est moins de laitières, moins de boulot, plus de lait produit », résume Pierre Besançon. « On peut gagner entre 2 et 3 kg de lait par vache en allant chercher le pH », estime le technicien de Terrena.