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Faut-il sauver l’abattoir de Saint-Hilaire-du-Harcouët (50) ?

Faut-il sauver l’abattoir de Saint-Hilaire-du-Harcouët (50) ? C’est en ce jour de D.Day que Manuel Pringault pose sur la place publique cette question destinée tout autant aux éleveurs qu’aux élus locaux. Le gérant de la Sarl Centre d’Abattage Saint-Hilairien par DSP (Délégation de Service Public) vient en effet de demander à titre conservatoire un plan de sauvegarde... Le temps de trouver un plan d’équilibre viable à terme pour l’entreprise à moins que la justice ne décide une liquidation judiciaire avec, à la clé, plus d’une trentaine d’emplois supprimés.

Manuel Pringault, gérant de la Sarl Centre d’Abattage Saint-Hilairien, par délégation de service public.
Manuel Pringault, gérant de la Sarl Centre d’Abattage Saint-Hilairien, par délégation de service public.
© TG

>> Comment êtes-vous arrivé à ce plan de sauvegarde ?

L’abattoir affiche un déficit financier depuis deux exercices. J’ai accepté, l’an dernier, de soutenir un déficit public de ma poche à hauteur de 80 000 euros. Cette année, le déficit atteint 120 000 euros que la communauté d’agglomération Mont-Saint-Michel Normandie accepte de compenser par l’octroi d’une subvention de 60 000 euros. C’est intenable pour moi. 

>> Pourquoi la situation s’est-elle dégradée en si peu de temps ?
Les raisons sont multifactorielles mais je citerai en premier lieu une baisse indéniable des volumes et la chute de la valeur des cuirs qui représente, par exemple, 16 euros pour une vache. 

>> La médiatisation de cas de maltraitance animale comme à Alès explique aussi cela ?
Indirectement parce que ces dysfonctionnements ont plombé l’ambiance générale et créé un climat de défiance. Le consommateur doute. Les pouvoirs publics renforcent les contrôles et veulent légiférer ce qui va renchérir les coûts. Certains élus locaux s’interrogent même de l’intérêt de maintenir de tels outils sur leur territoire... C’est cela que nous sommes en train de vivre localement.

>> Vous évoquez un problème de volume mais justement, un outil en moins, c’est plus de boulot et donc de pérennité pour les autres, le propre d’une économie libérale  non ?
Vous avez raison et si je change de casquette pour coiffer celle de TEBA, aller faire abattre les animaux que je transforme dans un abattoir industriel va me coûter moins cher. Mais posez cette même question aux éleveurs et aux bouchers qui veulent du circuit court. Si Saint-Hilaire ferme, ce sont plus de 1000 clients qui se retrouvent dans l’embarras. Combien de kilomètres les agneaux du pré-salé vont-ils parcourir sans parler des porcs, des animaux accidentés, des équins ?  Et si vous pensez que la solution, c’est l’abattage à la ferme, on en reparle sous peu...

>> Un outil cependant, de taille artisanale ou industrielle, se doit d’être compétitif. Saint-Hilaire-du-Harcouët peut le devenir un jour ?
Cela fait 13 ans que je gère un outil pour lequel j’ai contracté 200 000 euros d’emprunt et je savais que nous allions un jour être confrontés à cette situation. J’ai alerté, en temps utiles, les élus en leur demandant de revoir à la hausse les tarifs d’abattage mais sans trop d’écoute. C’est pourtant la solution à court terme même si ce n’est pas facile a accepter pour moi car je m’enquille aussi, à travers TEBA, cette hausse tarifaire. On pourrait également imaginer une baisse des loyers : 160 000 euros par an versés par ASH à la collectivité. A plus long terme et pour s’inscrire dans la durée, il faut envisager un outil neuf et redimensionné.  Saint-Hilaire l’est pour 5 000 t par ans alors qu’il en fait 3 500 aujourd’hui. La bonne capacité, c’est 3 000 T pour répondre au modèle économique de la ruralité demain.

>> Qu’attendez-vous concrètement aujourd’hui ?
Que les différents acteurs concernés, éleveurs et bouchers en premier lieu, s’expriment sur le sujet. Les interprofessions, le syndicalisme agricole, les élus des Chambres d’agriculture doivent également me dire si je fais fausse route. J’ai besoin de savoir et s’il le faut, je me retirerai...

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