Ensiler du maïs épi pour concentrer la ration en énergie
Le maïs épi, également appelé maïs rafles, se développe d'année en année, notamment chez des éleveurs qui ont le souhait de concentrer la ration énergie dans l'idée d'apporter davantage de légumineuses.

L’intérêt d’ensiler du maïs épi est non négligeable, il augmente la teneur en énergie du fourrage. L’ensilage de maïs épi consiste à récolter uniquement l’épi avec les rafles et les spathes. Ce fourrage a ainsi l’avantage d’être plus concentré en énergie (1,08 UFL environ/kg MS) et d’avoir un taux d’amidon plus important. Cet amidon est qualifié de lent ou « by-pass ». Il se dégrade majoritairement dans l’intestin, ce qui limite le risque d’acidose en comparaison à un blé ou une orge, voire même un maïs grain humide qui contiendra moins de cellulose (presque 4 fois moins) et qui sera encore plus riche en énergie.
L’objectif de l’ensilage de maïs épi est de pouvoir équilibrer ses rations en énergie plus facilement en diminuant, voire en supprimant, la part de maïs plante entière. En contrepartie, cela engendrera ainsi une augmentation de la part de fourrages riches en protéines et une baisse de l’incorporation de correcteurs. Ce type d’ensilage complète également une alimentation à base de pâturage ou peut être utilisé comme aliment de base pour les animaux en engraissement.
La quantité distribuée aux animaux est moins élevée qu’avec un ensilage classique plante entière en lien avec la concentration en énergie. L’incorporation du maïs épi dans la ration d’une vache laitière varie en fonction des autres fourrages disponibles. A raison de 2 à 4 kg de MS dans la ration et dans l’objectif de concentrer la ration en énergie, il peut être utilisé en complémentation du maïs ensilage plante entière. En revanche pour valoriser les fourrages riches en protéines dans la ration, le maïs épi peut remplacer le maïs plante entière et être incorporé à la hauteur de 6 kg de MS (soit 10 à 12 kg bruts). Cela permet de diminuer à la fois les correcteurs azotés et énergétiques.
Consommé par des animaux en engraissement, il permet d’assurer une vitesse de croissance élevée. La station expérimentale de Saint-Hilaire-en-Woëvre (55) d’Arvalis Institut du végétal a obtenu de bons résultats techniques : un GMQ moyen de 1 894 kg/jour pour une ration à base de 12,7 kg MS de maïs épi, complémentés avec 2,3 kg de tourteaux de colza et 200 g de CMV. La paille était distribuée à volonté.
Compte tenu de la densité aux alentours de 400 à 450 kg/m3 et pour respecter un avancement de 15 à 20 cm par jour, notamment en période printanière ou automnale, la largeur et la hauteur du silo seront à réajuster.
Un mode de récolte particulier
Quelques adaptations sont néanmoins nécessaires sur le matériel de récolte : l’ensileuse devra être équipée d’un bec cueilleur à maïs grain. Après avoir retiré le bec rotatif, il faudra installer une interface entre le cueilleur à maïs et le rotor hacheur et ajouter un fond strié sous le rotor hacheur. Pour bien éclater les grains, l’éclateur devra être quant à lui serré au maximum (1 mm).
Économiquement, cet équipement engendre un léger surcoût par rapport à la récolte d’un ensilage de maïs plante entière.
Ce type d’ensilage se récolte 10 à 15 jours environ après le maïs plante entière : la maturité du grain sera plus avancée. Les tiges et feuilles seront broyées et laissées au sol, l’attention à porter à ces parties de la plante est donc moindre.
Le rendement en maïs épi équivaut à 60-65 % environ par rapport à un ensilage de maïs plante entière. On peut donc espérer un rendement aux alentours de 8tMS/ha sur une parcelle où le rendement en plante entière avoisine les 12tMS/ha habituellement.
Des éleveurs préfèrent destiner certaines parcelles plus éloignées à ce type de récolte : le rendement est plus faible que pour un ensilage plante entière, le nombre de remorques nécessaire sera donc également plus faible.
Pour la conservation et le stockage, c’est le même principe que pour un ensilage plante entière : tassé sous bâche dans un silo. L’ensilage de maïs épi se tasse très bien compte tenu de la finesse des particules et de la matière sèche plus élevée (objectif de 50 à 65 % de MS).