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Contractualisation : « La balle est dans le camp des éleveurs »

Un vrai changement va s’opérer dès le 1er janvier 2022 pour la filière viande bovine : ce sera aux éleveurs de déterminer le prix de leurs animaux par la contractualisation. Explications.

© VG-Agri53

Une quarantaine d’éleveurs de viande bovine a participé, mardi 14 décembre, au siège du Crédit Agricole à Laval, à l’initiative de la FDSEA, des JA et d’Elroc 53, à la journée d’information sur la contractualisation en viande bovine applicable dès le 1er janvier prochain. Au programme, un vrai changement de paradigme : « C’est à nous, éleveurs, de proposer notre contrat », explique Yannick Vallée, éleveur allaitant et président d’Elroc 53.

En marche avant

Ce changement, c’est simplement l’application de la loi Egalim 2 qui impose désormais la constitution de contrats écrits pour la viande bovine, « avec la construction du prix en marche avant », souligne Mickaël Trichet, éleveur allaitant en Loire-Atlantique et président de la FRSEA. Il détaille : « on a eu Egalim 1 qui n’a pas été suivie d’effets, car la considération de nos coûts de production n’a pas abouti dans la construction des prix payés aux producteurs. Avec Egalim 2, on parle clairement de la construction du prix depuis l’élevage avec une contractualisation obligatoire. » Cette construction du prix va s’appuyer, pour la viande bovine sur « un prix tenant en compte du coût de production, de la cotation du marché, et, pour les labels ou les bio, d’un facteur supplémentaire ». « Le coût de production sera révisé tous les 6 mois », continue Yannick Vallée, par l’Institut de l’Élevage (Idele), à partir de l’observation auprès de 118 exploitations en France, et se basant sur l’Ipampa. Les contrats, eux, devront être signés pour des durées de 3 à 5 ans. « Jusqu’à maintenant, c’est le marchand qui vous donne le prix dans la cour de ferme, même si, derrière ce sont les abatteurs qui décident du prix. À partir du 1er janvier, ce sera à vous de lui proposer un contrat à votre premier acheteur, martèle Yannick Vallée, soit en individuel, soit collectivement en passant par une organisation de producteurs comme Elroc. » L’association, qui rassemble actuellement 650 éleveurs, agit comme intermédiaire entre les éleveurs et quasiment tous les marchands de la Mayenne.

Des contrats de 3 à 5 ans

« On n’a pas l’habitude d’imposer notre prix », entend-on dans la salle. « C’est une autre culture, une manière de faire qui change », admet le président d’Elroc pour qui ce changement doit permettre « de sauver la filière viande bovine, car un prix qui tient compte du coût de production permet à l’éleveur de vivre de son métier, donc, aussi, à la filière d’attirer des jeunes à l’installation en donnant des perspectives sur 3 ou 5 ans grâce à la contractualisation ». Yannick Vallée se veut aussi rassurant pour les marchands de bestiaux : « nous aurons toujours besoin d’eux dans la filière. Ce sont eux qui connaissent les éleveurs, qui peuvent proposer les animaux qui conviennent aux industriels et à la distribution. Ils auront toujours leur rôle d’expert à jouer ».

Pour les éleveurs, il ne va pas s’agir de proposer un prix sorti du chapeau. Une grille est sortie. Elle propose, par exemple, pour une Charolaise R+ Label Rouge, un prix à 5,10 €/kg ec, comme base, reflétant le 1er semestre 2021. Dans ce prix, 80 %, soit 4,08 €, correspondent au coût de production calculé par l’Idele. La base de deux Smic par UMO est également prise en compte dans le calcul du coût de production. Une manière de rémunérer le travail de l’éleveur à sa juste valeur.

Alors, certes, les contrats de tous les éleveurs « ne vont pas être signés au 1er janvier ». Yannick Vallée en est conscient. Mais il appelle tous les éleveurs à les proposer, le plus tôt possible à leurs acheteurs. Il en va de l’avenir de la filière, comme du respect de la loi Égalim 2. D’ailleurs, sur le respect de cette loi, le préfet de Région a déjà alerté les acteurs de la filière qu’ils n’auraient pas le choix de l’appliquer et qu’il sera très vigilant quant à son application. Si un industriel n’entrait pas dans la danse, il pourrait se voir infliger une amende pouvant aller jusqu’à 2 % de son chiffre d’affaires… De quoi faire réfléchir.

 

Vincent Gross

Tout le détail sur la contractualisation dans notre dossier pages 14 à 17.

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