Interview
Conflit armé en RDC : « Aidons les agricultrices du Sud-Kivu à relancer leur activité »
L’Afdi (Agriculteurs français et développement international) Pays de la Loire soutient la Sofepagri (Solidarité des femmes paysannes pour l’amélioration de l’agriculture), une association d’agricultrices en République démocratique du Congo. Mais l’intensité du conflit dans l’est du pays, depuis février, menace les activités de l’association et ses moyens de subsistance. L’Afdi Pays de la Loire lance un appel aux dons.
L’Afdi (Agriculteurs français et développement international) Pays de la Loire soutient la Sofepagri (Solidarité des femmes paysannes pour l’amélioration de l’agriculture), une association d’agricultrices en République démocratique du Congo. Mais l’intensité du conflit dans l’est du pays, depuis février, menace les activités de l’association et ses moyens de subsistance. L’Afdi Pays de la Loire lance un appel aux dons.

En quoi consiste le soutien de l’Afdi Pays de la Loire à la Sofepagri ?
Marietta Merieau : L’association congolaise est née il y a une vingtaine d’années à la suite d’une guerre dans l’est du pays. Elle a commencé par recueillir des femmes qui avaient été violées.
Son directeur, Pierre Lokeka, a fait appel à nous il y a cinq ans pour lancer techniquement l’agriculture puisqu’il fallait produire pour manger. On finance une équipe d’une quinzaine de personnes, agronomes, animateurs, etc., qui apportent un soutien technique et moral. Le but est de réinsérer les agricultrices dans la société, notamment par le biais d’une activité économique. Il y a cinq ans, l’association comptait 600 agricultrices. Aujourd’hui, elles sont quasiment 2 000 à bénéficier de formations en agronomie (compost, engrais verts, pépinières…). Nous aidons aussi pour les outils, l’alphabétisation, ou encore l’élevage des chèvres.
Mais le contexte a toujours été compliqué sur place. Par sécurité, pour ne jamais se retrouver seules, les agricultrices travaillent par petits groupes. Là-bas, il n’y a tellement pas d’argent que les récoltes sont faites avant maturité pour être vendues, mais à un prix plus faible. Une chambre froide a été mise en place, ainsi qu’un marché, pour stocker et vendre à des prix plus élevés. Nous avons aussi pour projet d’acheter un petit camion, et de construire un endroit pour stocker en sécurité et transformer le maïs en farine.
Quelle est la situation actuellement en République démocratique du Congo ?
M.M. : Les agricultrices membres de la Sofepagri se trouvent sous l’occupation des rebelles du M23. Ils ont pénétré dans la capitale du Sud-Kivu et entraîné des déplacements de populations, des pillages et un climat d’insécurité. Les agricultrices ne sortent plus de chez elles. Elles ont semé mais ne peuvent pas aller dans leurs champs. Les membres de l’association ont peur et pensent avant tout à leur survie, et ce n’est pas évident d’avoir des nouvelles des femmes. On espère que la situation va se calmer le plus rapidement possible car à un moment, même dans un pays en guerre, les gens doivent retourner travailler. On prend des nouvelles régulièrement, on les aidera à repartir.
L’Afdi lance un appel aux dons. Dans quel but ?
M.M. : Il est possible de donner en ligne ou de nous envoyer un chèque. Dès que les membres de la Sofepagri pourront sortir et retourner dans leurs champs, l’argent servira à relancer l’activité agricole. Le jour où ils nous diront qu’ils repartent dans la campagne, on leur enverra l’argent au fur et à mesure, selon leurs besoins. On est d’autant plus déçus qu’on avait aussi le projet de relancer la production de café. On devait recevoir, en mai, une gérante de coopérative de cafés et deux Congolais. Si c’est en visio, ça sera déjà pas mal…