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Comment lire la pousse de l’herbe

Si, sur ces prochains jours, vous croisez au bord de la route une silhouette parcourant des prairies avec l’outil présenté ci-dessous, rassurez-vous. Cette personne n’est pas en train de rechercher des pépites dans le sol des prairies, mais bel et bien en train de mesurer la croissance de la prairie sur laquelle elle se trouve. A ce jour, qui marque le début des publications du bulletin pousse de l’herbe, cet article dresse le portrait de cette grandeur qu’est la pousse de l’herbe, et comment utiliser cette information chez-vous.

Le réseau "Pousse de l’herbe" : quesako ?

Tout d’abord, le bulletin Pousse de l’herbe est un document publié tout au long de la saison de pâturage, en collaboration entre la Chambre d’agriculture, et Seenovia. Elle repose sur un réseau de 29 fermes, reparties sur toute la région, sur lesquelles des mesures de Pousse de l’herbe sont réalisées chaque semaine. Pour garantir la précision, et la continuité des mesures, un, ou plusieurs ilots de prairies (majoritairement pâturées) sont sélectionnés, et suivis en continu sur le printemps et l’automne. 

Qu’est ce qui est mesuré ? Comment c’est mesuré ?

En réalité, la Pousse de l’herbe, c’est-à-dire le gain moyen de biomasse exprimée en kg de matière sèche par hectare et par jour, n’est déterminée qu’à travers la mesure de la hauteur d’herbe entre le sol, et le plateau de l’herbomètre, dont le rôle est de compresser et d’uniformiser la quantité de matière se situant entre le sol et le plateau.

En fonction de la saison, et du type de prairie, la quantité moyenne d’herbe contenue dans une tranche d’1 cm entre le sol et le plateau de l’herbomètre est connue, et régulièrement mise à jour. En langage prairial, c’est ce qu’on appelle la densité d’herbe, et elle est exprimée en kgMS/ha/cm d’herbe compressée. Elle varie en général de 165 à 280 kgMS/ha/cm.

Ainsi, la croissance de l’herbe est déterminée par différence entre la hauteur mesurée le jour j, et la hauteur mesurée lors de la précédente mesure. Cette différence, multipliée par la densité de la parcelle, et divisée par le nombre de jours entre les deux mesures, nous donne la croissance journalière.

Exemple : le 27/04, j’obtiens une hauteur d’herbe de 7 cm, et celle de la semaine précédente était de 5,5 cm. Pour une prairie de type Ray Grass anglais/Trèfle blanc, le densité moyenne est de 265 kgMS/cm/ha. Ainsi, la croissance du 20 au 27/04 est la suivante : (7cm-5,5 cm) x 265 kgMS/ha/cm = 398 kgMS/ha au total, soit 57 kgMS/ha/j.

Au fait, ça représente quoi ce chiffre de Pousse sur la Carte du Bulletin Pousse de l’Herbe ?

Les valeurs de croissances publiées dans le bulletin Pousse de l’Herbe représentent donc la moyenne de la croissance des différentes parcelles de l’exploitation mesurées (au moins trois parcelles valides). Evidemment, des parcelles qui auraient été pâturées ou fauchées entre deux mesures, ou qui sont en cours de pâturage, ne sont pas prises en compte dans cette moyenne. De plus, les parcelles dont les hauteurs d’herbe sont trop élevées, où le nombre d’épis trop élevé gène le bon fonctionnement de l’herbomètre,  et ne sont pas prises en compte.

Ainsi, attention à la manière dont vous pouvez interpréter les résultats obtenus sur votre secteur, car ils ne sont que le reflet de l’exploitation mesurée. Ainsi, selon la typologie de prairies réellement prise en compte dans la moyenne, les pratiques de l’éleveur chez qui se fait la mesure, et surtout selon la hauteur d’herbe moyenne des parcelles mesurées, le résultat de croissance peut être variable. Ainsi, une mesure faite juste après une opération de fauche massive engendre des croissances faibles, à l’inverse de mesures faites sur des prairies en pleine possession de leurs moyens, c’est-à-dire avec une durée de repousse longue, une surface foliaire (une hauteur) importante. Cependant, le niveau de croissance obtenu reste représentatif des conditions pédoclimatiques du moment, qui elles sont indicatrices d’une tendance sur un secteur donné.

Comment exprimer la quantité d’herbe disponible sur son système, et comment bien utiliser les croissances publiées ?

Même si la comparaison des résultats de l’exploitation la plus proche de chez vous est parfois trompeuse, il est possible de se faire une idée précise des niveaux de croissance en consultant les moyennes obtenues par 5-6 fermes de votre secteur. Il est par exemple assez pertinent de regarder les résultats obtenus sur votre département, ou, en suivant la légende de la carte, sur la zone météo ayant statistiquement des conditions de Pousse de l’Herbe comparables.

Pour ce qui est de l’estimation de stocks d’herbes disponibles chez vous, rien ne remplace les estimations faites directement sur les prairies. Est-ce néanmoins indispensable d’investir dans un herbomètre ? C’est mieux, mais pas forcément. Les estimations « à la botte » (voir illustration ci jointe) donnent déjà une bonne idée de la biomasse disponible. Pour le pâturage, il est nécessaire de disposer d’au moins 10-12 cm d’herbe pour entrer dans une parcelle, et d’en sortir avant de descendre sous les 5 cm.

Une fois que le stock disponible sur le circuit de pâturage est déterminé, plusieurs options s’offrent à vous pour la gestion du pâturage « au jour le jour ». Vous pouvez tout à fait gérer le pâturage à partir de hauteurs d’herbe, mais aussi la convertir en biomasse disponible, si vous disposez de références de densité en MS. On peut ainsi fixer entre 2500 et 3000 kS/ha le repère d’entrée, et à 1300 kg/ha la quantité d’herbe résiduelle à conserver pour garder une bonne dynamique de repousse.

Si vous voulez également maîtriser les quantités de matière ingérées, il vous est possible, et recommandé de diviser la somme du stock obtenu à la quantité d’herbe journalière qu’ingère le lot d’animaux sur cette même surface. C’est ce qui s’appelle, le stock en herbe disponible (SHD), et qui s’exprime en nombre de jours d’avance disponible au pâturage. Pour un troupeau laitier, la mise à l’herbe est envisageable dès que l’on dispose de 7 à 10 jours d’avance (attendre 15 à 20 pour un lot en système allaitant). En pleine période de pousse, on peut ne garder que 15 jours d’avance, et progressivement augmenter à 25-30 jours en été, afin de se constituer un stock sur pied à consommer dès lors que les croissances chutent, ou que les conditions météo à venir se compliquent (vent d’est, gelées matinales tardives, couverture nuageuse, …).

Exemple : Vous disposez d’un total de 15 tMS disponibles, pour un troupeau de 100 vaches laitières, ingérant 15 kgMS/j au pâturage. Vous disposez donc de : 15000 kg / (100 vaches x 15 kg ingérés/j/vache) = 10 jours d’avance sur votre circuit de pâturage.

 

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