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Comment limiter les dégâts des viroses

Depuis le retrait des traitements de semences à base d’imidaclopride, la lutte directe contre les pucerons vecteurs de la jaunisse nanisante de l’orge, maladie virale qui affecte l’ensemble des céréales, s’effectue uniquement en végétation.

Etincel (OH sensible) : perte : 34 q/ha
Etincel (OH sensible) : perte : 34 q/ha
© Arvalis

Cette protection insecticide n’est cependant pas un gage de réussite. C’est la combinaison des différents leviers agronomiques et de fréquentes observations qui seront la clé pour limiter les impacts de cette virose.

• Connaître la virose et les pucerons. La jaunisse nanisante de l’orge (JNO) est une virose transmise aux céréales à paille par le biais de pucerons infectés. On ne lutte donc pas directement contre le virus, mais contre les pucerons qui en sont vecteurs. Sur orge d’hiver, la JNO entraîne fréquemment des pertes de plantes et d’épis. Les pertes de rendement peuvent être conséquentes (jusqu’à 50 %). Bien que le blé tendre soit moins sensible que l’orge, la maladie affecte le remplissage des grains et donc le potentiel de la culture. Une fois que les symptômes apparaissent (en sortie d’hiver pour l’orge, un peu plus tardivement sur blé), il n’existe aucune solution de lutte curative.

• Ne pas semer avant les périodes recommandées. Les céréales à paille sont sensibles à la virose depuis la levée jusqu’au stade début montaison. Elles sont en général exposées au risque de contamination jusqu’à ce que les premières gelées hivernales détruisent les populations de pucerons présentes dans les cultures. Plus la date de semis sera précoce, plus le temps de contact entre la plante et le ravageur sera allongé et plus les risques de voir des contaminations s’opérer seront élevés. Un des principaux leviers dans la lutte contre le JNO consiste donc à retarder autant que possible la date de semis afin de réduire ce temps d’exposition. Attention, cela ne doit pas se faire au détriment de la qualité d’implantation et du potentiel de la culture ! Il s’agit donc de trouver le bon compromis. La dernière décade d’octobre est le créneau à viser pour notre région. En cas d’hiver doux, les pucerons persistent dans les parcelles et le risque de transmission de virose existe également pour les semis plus tardifs — comme en atteste malheureusement la campagne 2020, où les semis précoces ont été les plus fortement pénalisés, mais les semis de novembre – décembre parfois touchés également. Le fait de ne pas anticiper la date de semis est un levier efficace, mais il ne permet pas à lui seul de contourner totalement les transmissions de viroses.

• En orge, faire le choix d’une variété tolérante. La gamme de variétés tolérantes à la JNO s’est largement étoffée depuis quelques années pour les orges fourragères. Les plantes tolérantes sont colonisées par les pucerons qui peuvent leur transmettre le virus et occasionner quelques symptômes (tels que jaunissement du bout des feuilles), mais les pertes de rendement liées à cette virose sont négligeables par rapport aux pertes potentielles, dans des conditions identiques, sur variétés sensibles (jusqu’à 50 %). Avec des variétés tolérantes, il est donc recommandé de ne pas anticiper les dates de semis et de ne pas appliquer de protection insecticide en végétation, même si quelques pucerons peuvent être observés à l’automne. Il est important de noter qu’aucune de ces variétés ne possède de tolérance à la maladie des pieds chétifs ; il restera nécessaire de maintenir la surveillance des cicadelles (vectrices du virus WDV) et d’intervenir si besoin. À ce jour, il n’existe aucune variété de blé tendre tolérance ou résistante à la JNO en France. Des travaux sont en cours.

L’observation des parcelles est primordiale ! L’appréciation du risque sur les parcelles semées avec des variétés non tolérantes à la JNO repose uniquement sur les observations de pucerons réalisées directement sur les plantes. L’observation est indispensable et à renforcer en cas de températures douces. La totalité des spécialités insecticides autorisées pour lutter contre les pucerons d’automne dans les céréales à paille est composée de pyréthrinoïdes. Le risque de voir apparaître des populations de pucerons résistantes aux pyréthrinoïdes est réel, il est donc indispensable de raisonner les applications (encadré ci-dessous) et de les limiter strictement aux variétés non tolérantes JNO lorsque les seuils de risque sont atteints.

• Pour observer, il faut privilégier les conditions ensoleillées, durant les heures les plus chaudes de la journée (idéalement fin de matinée ou début d’après-midi), et les zones à risque (proche des haies ou réservoirs potentiels tels que bandes enherbées, jachères…). Les pucerons seront alors plus facilement observables. En cas d’observation en conditions froides et pluvieuses, les pucerons seront plus difficiles à voir, car ils se positionnent à l’insertion des feuilles. De plus, en conditions défavorables, une absence d’observation de pucerons ne signifie pas qu’ils sont absents ! Il sera nécessaire de revenir faire des comptages sur des créneaux plus propices à l’observation. Il est recommandé d’intervenir dès lors que 10 % des plantes sont porteuses de pucerons ou quand la présence de pucerons est observée dans la parcelle pendant plus de 10 jours.

• Ne pas oublier cette 2e partie de la règle de décision. En effet, le séjour prolongé des pucerons a été largement responsable des attaques observées l’an dernier. Cela signifie qu’en cas de présence durable des pucerons (hivers doux), il faudrait réintervenir sur les parcelles, la persistance d’action des traitements foliaires étant de l’ordre de 10 jours… quand la portance du sol le permet, ce qui était particulièrement délicat l’hiver dernier.

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