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Christiane Lambert, présidente du Copa : « Il faut se réarmer face à nos dépendances »

Réélue présidente du Comité des organisations professionnelles agricoles de l’Union européenne (Copa), Christiane Lambert dresse les grandes lignes de son nouveau mandat, appelant les dirigeants européen au « réveil ».

Christiane Lambert, présidente de la FNSEA et du Copa
© Fnsea

 

 

Votre réélection à la tête du COPA est-elle une surprise ?

Christiane Lambert :  Pour être franche, non. J’ai vécu un premier mandat assez frustrant après mon élection en septembre 2020. Le Copa n’a pas pu fonctionner normalement en raison des règles sanitaires qui étaient imposées, de la fermeture physique de certaines institutions, des restrictions de déplacement. Et cela même alors que des enjeux importants pour l’agriculture européenne se développaient avec la réforme de la Pac, le plan de résilience de l’Union européenne, le Green Deal, la stratégie Farm to Fork, etc.. Malgré un environnement dégradé, j’ai travaillé pour améliorer le fonctionnement du Copa en faisant davantage porter la voix des agricultrices et des agriculteurs, en les impliquant plus dans l’expression des positions du Copa. C’est ce qui explique que de très nombreux membres du Praesidium m’ont sollicitée pour poursuivre et conforter le travail entamé.

Être présidente du Copa nécessite-t-il des talents d’équilibriste, entre les productions, les territoires, les pays ?

C.L. : Tout comme la France, l’Europe agricole est composite. A ceci près que l’échelle de grandeur est plus importante. Le Copa et la Cogeca (Confédération générale des coopératives agricoles) rassemblent pas moins de 69 organisations différentes issues des 27 pays de l’UE et représentent quelques 22 millions d’agriculteurs et leur famille. Ce sont aussi 95 personnes qui siègent au Praesidium où l’on parle officiellement sept langues. Dans ces conditions, être présidente du Copa nécessite un long travail d’écoute et de compréhension, de tolérance. Il faut user de subtilité et de diplomatie pour parvenir à parler d’une seule voix  face à la Commission européenne et avec les ministres européens de l’Agriculture. Car tous les mois, lors du Conseil agricole, le Copa et la Cogeca, présidée par mon collègue espagnol Ramón Armengol, rencontrent le président en exercice du Conseil agricole. Nous sommes d’ailleurs le seul secteur d’activité en Europe à bénéficier d’un moment d’échange, en amont du conseil des ministres mensuel. C’est une opportunité et une responsabilité car rien ne remplace l’échange direct avec les ministres sur ces sujets stratégiques.

Quelles sont vos priorités maintenant que la réforme de la Pac est bouclée ?

C.L. : Tout d’abord nous allons surveiller de près la bonne application de la réforme de la Pac et faire en sorte qu’elle ne soit pas parasitée par d’autres textes comme le règlement Sustainable Use of Pesticide Directive (SUD), la directive relative aux émissions industrielles dans laquelle la Commission voudrait intégrer les élevages dès 150 équivalent UGB, ou encore la directive Restauration de la nature… Tous ces projets de directives et de règlements vont parfois trop loin, trop vite ajoutant des contraintes et des complexités aux exploitations agricoles. Le Copa est là pour faire comprendre aux dirigeants européens du Conseil, de la Commission et du Parlement, que leurs décisions brident le secteur agricole, la souveraineté alimentaire, etc. Nous sommes la voix professionnelle auprès des institutions souvent éloignées des réalités du terrain. Notre boussole reste la souveraineté alimentaire et la conduite des transitions écologiques et énergétique tout en maintenant un potentiel de production agricole d’excellence.  Plus difficile encore quand 47 % des terres européennes ont été touchées par la sécheresse, que 70 % des usines d’engrais européennes sont à l’arrêt, et que les critères du Nutriscore ne sont pas adaptés… Le Copa porte une voix forte pour une agriculture rémunératrice, compétitive, durable, résiliente et attractive pour les nouvelles générations.

L’Europe deviendrait-elle trop dépendante d’un point de vue agricole ou alimentaire ?

C.L. : Les dirigeants européens ne doivent pas être naïfs. L’agriculture et l’alimentation sont stratégiques et peuvent être une arme redoutable. La Russie l’a très bien compris. En 2014, elle ne récoltait que 35 millions de tonnes de blé et était importatrice nette. Huit ans plus tard, elle s’attend à une récolte record de 100 millions de tonnes, devient le premier exportateur mondial. De surcroît, elle détient une part non négligeable de ressources énergétiques et des métaux rares. C’est pourquoi j’appelle nos dirigeants au réveil et à l’impérieuse nécessité de réarmer l’Europe agricole et alimentaire face à ses dépendances. En ce sens, j’estime indispensable de réviser le Green Deal qui a été avalisé en 2019, avant la Covid et la guerre en Ukraine. Pour les quasi-mêmes raisons, il importe de revoir les objectifs de la stratégie Farm to Fork, d’autant que les  sept rapports réalisés concluent qu’elle conduira à une baisse inéluctable de la production agricole. C’est simplement inacceptable alors que la FAO ne cesse de tirer la sonnette d’alarme sur l’aggravation des famines amplifiées par les conséquences du changement climatique.

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