Syndical
Christiane Lambert attaquée, les FDSEA répondent du tac au tac.
Une cinquantaine de personnes s’étaient données rendez-vous vendredi 18 mars à Bouillé-Ménard (49), pour « demander des comptes à Christiane Lambert ». Pendant ce temps, la présidente de la FNSEA se trouvait à Combrée (49) où plus de 200 agriculteurs ligériens lui manifestaient leur soutien.
Une cinquantaine de personnes s’étaient données rendez-vous vendredi 18 mars à Bouillé-Ménard (49), pour « demander des comptes à Christiane Lambert ». Pendant ce temps, la présidente de la FNSEA se trouvait à Combrée (49) où plus de 200 agriculteurs ligériens lui manifestaient leur soutien.

Les 750 habitants de Bouillé-Ménard ont dû être surpris vendredi 18 mars 2022 par le dispositif de gendarmerie déployé dans leur commune. En cause, l’appel à manifester devant l’exploitation de Christiane Lambert, d’un collectif baptisé « Le Samu social agricole », co-présidé par l’angevin Philippe Grégoire, éleveur laitier à Chanzeaux.
Privés d’accès par les forces de l’ordre, c’est sur la place de l’église que les manifestants se sont retrouvés à partir de midi. Originaires du Gers, de l’Aveyron, des Charentes, de Bretagne ou des Pays-de-la-Loire, des agriculteurs, des anciens agriculteurs ayant quitté la profession, mais aussi quelques négociants en bestiaux du sud de la France étaient venus demander à la présidente de la FNSEA « qu’elle s’explique », sur un discours aux relents complotistes qui plaçait la FNSEA au centre de tous les maux dont souffre l’agriculture française. « La crise agricole n’a rien à voir avec la crise en Ukraine, ce qu’on essaie de nous faire croire en ce moment », attaquait ainsi Philippe Grégoire. « Ce sont tous ces responsables de la FNSEA, attachés depuis des décennies aux bras de l’agroalimentaire, qui ont détruit les paysans en les mettant en compétition avec les paysans européens et du monde entier ! » Une organisation « tentaculaire » qui, selon lui, tuyauterait la majorité des poids lourds de l’industrie agroalimentaire, des coopératives comme Terrena, in Vivo, Sodiaal, aux privés comme LDC ou Bigard, en passant par Unigrains, Avril, Sanders, ou encore les interprofessions.
Toute l’après-midi, les opposants au « syndicat dit majoritaire » ont enchaîné les prises de paroles pour dénoncer les « conflits d’intérêt » et surtout l’asservissement des paysans, poussés pour certains « jusqu’au suicide », symbole ultime de la souffrance de la profession, que les organisateurs avaient matérialisé par un cercueil placé au centre. Selon eux « certains centres de gestion » produiraient « de fausses études » et la contractualisation obligatoire en viande bovine aurait été mise en place « à la va-vite » dans le seul but « d’empêcher que le prix de la viande ne monte trop haut ». Telle est du moins l’hypothèse du collectif « Agriculteurs et négociants solidaires » dont des représentants avaient fait le déplacement depuis l’Aveyron.
À noter la présence de quelques personnalités politiques, comme Barbara Mazières, représentante du parti d’Éric Zemmour dans le Segréen, ou encore Georges Kuzmanovic, ex-candidat à l’élection présidentielle, écarté faute de parrainages, venu dénoncer « une agriculture industrielle qui ne profite qu’aux gros et dépend trop de l’énergie ».
La réunion de soutien des FDSEA
À quelques encablures de là, le réseau FNSEA-FDSEA s’était mobilisé pour apporter son soutien à sa présidente. Ils étaient un peu plus de 200 à s’être réunis à l’appel de la FDSEA 49 pour un déjeuner convivial où Christiane Lambert est apparue visiblement émue par cette marque de soutien. « J’adresse un très grand merci aux agricultrices et aux agriculteurs qui sont venus. Nous sommes des responsables engagés. Nous donnons notre temps, notre énergie, notre enthousiasme pour le collectif. Là, je sors tout juste d’une réunion du comité de suivi des relations commerciales où nous nous battons pour que des négociations soient rouvertes au plus vite avec la grande distribution. » Et de poursuivre : « Je n’ai jamais refusé aucun dialogue. Le débat d’idées doit se dérouler, mais il y a les lieux pour ça et des méthodes pour le permettre. S’ils veulent me rencontrer, c’est à Angers, dans une salle, pas en prenant en otage les personnes qui travaillent sur mon exploitation ou les habitants de ma commune ! »
Si la présidente de la FNSEA se dit « ouverte à toutes discussions », elle prévient tout de même ses détracteurs qu’elle n’a « pas de temps à perdre avec des complotistes, pas responsables. Ce n’est pas la solidarité nationale dont notre pays a besoin ! ». Très remontée par les méthodes d’interpellation du Samu social agricole, Christiane Lambert a par ailleurs indiqué que, pour elle, « la ligne rouge a été franchie » et qu’elle n’excluait pas de « porter plainte ».