Cartel des jambons : une sanction de 93 M€ pour 12 entreprises du secteur

L’Autorité de la concurrence annonce, dans un communiqué du 16 juillet, sanctionner douze charcutiers-salaisonniers à hauteur de 93 M€ dans l’enquête dite du cartel des jambons. Les infractions mises en évidence par l’Autorité de la concurrence concernent à la fois l’amont, c’est-à-dire les relations des industriels avec les abatteurs, et l’aval, c’est-à-dire les relations avec leurs clients de la grande distribution avec des ententes sur les hausses de prix à faire passer à la grande distribution. Elles ont concerné de très nombreux produits de consommation courante comme le jambon cru, le jambon cuit, les saucissons, la rosette ou encore le chorizo. «Les industriels concernés se coordonnaient pour acheter moins cher les pièces de jambon auprès des abatteurs et/ou s’entendaient par ailleurs sur les hausses de prix des produits charcutiers qu’ils entendaient pratiquer auprès des enseignes de la grande distribution, pour leurs marques de distributeurs (MDD) ou premiers prix», explique l’Autorité. «Ces pratiques sont graves», dénoncet-elle. Les principales entreprises sanctionnées sont la Cooperl (sanctionné à hauteur de 35,5 M€), les Mousquetaires par le biais de l’entreprise les Salaisons celtiques (31,7 M€) et Fleury Michon (14,7M€). Deux groupes, Campofrio (Aoste) et Coop ont sollicité la clémence en apportant des éléments à l’Autorité et écopent de sanctions allégées.
Réaction de Mickaël Guilloux, président de la section porcine de la Frsea
« Le jeudi 16 juillet, l’autorité de la concurrence a rendu une décision par laquelle elle sanctionne un cartel concernant douze entreprises opérant dans le secteur du jambon et de la charcuterie. Nous ne disposons à ce jour, que de peu d’éléments sur cette affaire. Cependant nous savons que cette entente ne s’est pas faite au bénéfice des éleveurs porcins en aidant à porter le prix à la production. Cette entente est peut-être une partie de l’explication du décalage de prix français avec nos voisins européens… Elle met une fois de plus en avant le manque d’organisation de la filière. Cette affaire nous conforte sur l’importance de la mise en place d’une Aop pour retrouver demain un amont plus fort et compétitif. Il est primordial que l’ensemble des leviers possibles permettant une meilleure organisation de la filière soient activés. Seule cette structure sera capable à terme de défendre une vraie organisation collective des éleveurs et porter le prix au producteur ».
Propos recueillis par L.R.