Canton d’Ernée

Après la tornade, la désolation

La tornade s’est formée au niveau de l’Étang Neuf, à Juvigné, peu après 17 h dimanche dernier. Elle a ensuite balayé, tour à tour, plusieurs lieux-dits : les Poiriers, la Souvatte et Mérolles, avant de prendre la direction d’Ernée. Lundi matin, le calme était revenu du côté de Juvigné, mais l’émotion était toujours palpable. Chez Bruno Bouvier, agriculteur à la Souvatte, il ne reste plus rien ou presque. « La tornade a touché les bâtiments de Christophe Monnier, elle a traversé le champ de maïs avant d’atterrir chez moi », explique Bruno Bouvier, encore sous le choc. « On était dans la maison avec mes deux enfants. Ma femme est infirmière, elle travaillait à l’extérieur. Nous étions à l’étage quand on a vu la tornade se former comme une sorte de tube. En dix secondes, elle est arrivée sur nous. On a juste eu le temps de descendre. Quelques secondes plus tard, elle était déjà partie ».

« Un château de cartes qui s'effondre »

L’exploitation de Bruno Bouvier est sans nul doute celle qui a le plus été touchée par cet épisode météorologique particulièrement rare en Mayenne. En quelques secondes, la tornade a tout balayé sur son passage en faisant s’écraser plusieurs bâtiments. « Quand ça arrive, on ne réfléchit même plus. C’est le désarroi. J’ai 51 ans, c'est presque une vie de travail qui est partie en quelques secondes, comme un château de cartes qui s'effondre. Ce sont des centaines de milliers d’euros qui s’envolent sous vos yeux, sans pouvoir rien n’y faire ». À 500 mètres de la Souvatte, Bruno Bouvier possède un deuxième site avec des bâtiments pour taurillons. « Là-bas aussi, il n’y a plus rien », se désole l’exploitant. Les assureurs passaient mardi dernier chez Bruno Bouvier. « J’attends l’expert. En attendant, je ne peux toucher à rien. Je ne peux même pas déblayer. De toute façon, par quoi commencer ? » se questionnait lundi Bruno Bouvier.

« Je me suis agrippé à un poteau »

De l’autre bout du champ de maïs se trouve son voisin, Christophe Monnier. Agriculteur au lieu-dit Les Poiriers, à Juvigné, c’est tout près de son exploitation que la tornade a pris sa source, sur l’Étang Neuf, ressemblant tout d’abord à un tourbillon de poussière. « On a été la première exploitation touchée. On a commencé par voir notre abri à minéraux s’envoler. Je me suis agrippé à un poteau en espérant qu’il me tienne. Mon fils s’est couché au sol dans un bâtiment, tandis que ma femme a été projetée contre un râtelier. Une tôle est venue s’écraser à quelques centimètres d’elle. Heureusement, nous n’avons pas été blessés ». Impuissant, Christophe Monnier a vu quelques-uns de ses bâtiments s’envoler. « Ça a duré peut-être une minute, je ne saurais dire. Il n’y avait pas une seule goutte d’eau, uniquement de la poussière. Quelques secondes plus tard, il n’y avait plus aucun bruit, le silence complet ». La tornade a causé plusieurs dégâts sur l’exploitation de Christophe Monnier. Elle a notamment arraché la toiture d’un bâtiment avant de propulser les tôles dans le champ de maïs séparant son exploitation de celle de Bruno Bouvier. Une fois dans la parcelle, on remarque en effet bien distinctement la trajectoire suivie par la tornade.

La tornade n’a pas épargné les maïs

Joël Blanchet est exploitant agricole à l’Earl Lalys à Saint-Pierre-des-Landes, entre Juvigné et Ernée. « C’est arrivé chez nous vers 17 h 15-17 h 30. Ça a été très rapide. En trois minutes, il n’y avait plus rien », se rappelle-t-il. Le site principal de l’Earl Lalys, situé plus haut à quelques centaines de mètres, n’a pas été touché. En revanche, son bâtiment en contrebas a été dévasté. « J’ai vu la tornade, mais je ne pensais pas qu’elle allait venir jusque-là, je croyais qu’elle allait s’arrêter. Elle a repris de l’ampleur dans mes champs de maïs qui, eux aussi, ont été durement impactés ». Du haut, alors qu’il est sur son site principal, Joël Blanchet est témoin du triste spectacle offert par la tornade.

« Quand ça nous arrive, on est démunis »

« Les tôles volaient dans tous les sens. Je suis arrivé sur place, aussitôt après », poursuit Joël Blanchet. Sur place justement, au lendemain de la tornade, difficile d’imaginer qu’une stabulation se tenait devant nos pieds. « En arrivant, j’ai constaté que certains de mes bovins étaient encastrés sous les poutres et bloqués au milieu d’amas de tôles et de montants en bois. Il y a quelques bovins qui sont abîmés au niveau des pattes et de la gueule, mais rien de bien méchant heureusement. C’est même surprenant qu’il n’y ait pas de blessés graves, étant donné l’état du bâtiment ». Lundi après-midi, Joël Blanchet avait rendez-vous avec un expert de son assurance. « Pour le moment, on ne sait pas comment on va faire. Quand ça nous arrive, on est démunis ».

La préfète de la Mayenne sur place

Lundi matin, Marie-Aimée Gaspari, préfète de la Mayenne, s’est rendue chez plusieurs habitants du canton d’Ernée touchées par la tornade de la veille, notamment sur des exploitations agricoles de Juvigné et ses alentours. Venue constater les dégâts, elle a également apporté son soutien à la population touchée comme ici à Saint-Pierre-des-Landes, chez l’agriculteur Joël Blanchet. Selon Bruno Bouvier, exploitant agricole à Juvigné, la préfète « nous a expliqué lundi matin qu’elle allait tout tenter pour faire passer cet épisode de tornade en état de catastrophe naturelle, même si elle n’est pas la seule à décider ».