Red Pill (ex-DxE France) jette l’éponge
William Burkhardt a annoncé que l’association Red Pill (ex-DxE France) qu’il a cofondée en octobre 2018 va cesser son activité de vidéos clandestines en élevages par laquelle elle s’était fait connaître du grand public, notamment suite à une intrusion en Mayenne.
« Nous avons arrêté les vidéos. J’ai fait ce que je pouvais, mais tout est figé. Le système nous dépasse. Les gens se moquent de ce qu’ils mangent », explique William Burkhardt. « Certes, les procès ont ralenti notre travail, mais c’est aussi tout un tas d’autres choses qui nous fait arrêter. » Poursuivie pour au moins quatre vidéos clandestines, son association vient de perdre un deuxième procès en appel, le 3 novembre, pour une vidéo dans un élevage de poules pondeuses dans le Morbihan. Elle est notamment condamnée à supprimer la vidéo et verser 3 000 € à la victime. William Burkhardt annonce que Red Pill ne se pourvoira pas en cassation, l’ayant déjà fait au printemps après une condamnation en appel concernant un élevage de porcs des Côtes-d’Armor.
En Mayenne, trois de ses ressortissants (deux femmes et un homme) avaient pénétré dans un élevage de porcs le 21 mai 2019, demandant à l’éleveur s’ils pouvaient continuer leur visite… L’exploitant avait refusé, par respect des normes sanitaires et d’hygiène s’appliquant à la production porcine. Qu’importe, des vidéos, diffusées sur YouTube et Facebook, avaient tout de même été tournées par Red Pill. Une plainte avait alors été déposée à la gendarmerie d’Ernée peu de jours après les faits, par l’éleveur et la Fdsea de la Mayenne, l’organisation de producteurs Porc Armor Évolution se portant partie civile. Si le jugement de cette affaire a été reculé, en raison de la Covid-19, il n’en reste pas moins que le dépôt de plainte demeure l’outil indispensable pour faire reculer de tels actes.
« Un opportuniste »
« Je peux admettre que les intrusions dans les élevages n’étaient pas la bonne manière de faire changer les pratiques agricoles, mais c’était la seule que j’avais eue à l’époque », a expliqué William Burkhardt, qui se consacrerait désormais à la photographie, et souhaitant même « bonne chance » à la Fnsea dans son combat pour le manger français.
« Nous, nous ne lui souhaitons pas bonne chance pour la suite de sa carrière », réplique Mickaël Guilloux, secrétaire général de la Fdsea de la Mayenne. « Qu’il continue ou qu’il arrête ses vidéos clandestines ne va pas changer notre façon de vivre », continue celui qui est aussi éleveur de porcs, à Ahuillé, et pour qui William Burkhardt n’est qu’un « opportuniste qui ne défend pas de vraie cause, mais cherche simplement à exister. Il se rend compte lui-même que son action ne sert à rien et ne sert pas non plus les filières… Ça en devient risible ! » Mais Mickaël Guilloux s’étonne surtout du fait que « ce type d’associations ne soit pas démantelé plus rapidement ».