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Le premier Label Haie décerné à Ballots

Jeudi dernier, la secrétaire d’État auprès de la ministre de la Transition écologique était en Mayenne. Au-delà de la signature du contrat de territoire à énergie du Gal Sud-Mayenne, c’était l’occasion de mettre le bocage mayennais à l’honneur comme source d’énergie renouvelable et de proximité, avec la remise du premier label Haie.

Lors de la visite d'Emmanuelle Wargon en Mayenne
Lors de la visite d'Emmanuelle Wargon en Mayenne
© VG

La venue de Emmanuelle Wargon, secrétaire d’État auprès du ministre de la Transition écologique s’est traduite, pour un des adhérents de la Scic Mayenne Bois Énergie, de se voir décerner le premier label Haie. Ce label est mis en œuvre dans trois territoires pilotes que sont les Pays de la Loire, la Bretagne et la Normandie. Il devrait couvrir 7 régions en France en 2024 et concerner directement 3 500 agriculteurs engagés dans l’entretien, la valorisation et la préservation de 35 000 km de haies bocagères. Aurélien Sabin, premier labellisé, s’est installé en 2002 à Ballots sur 52 ha avec une production laitière de 225 000 litres dans un système essentiellement herbagé. Dès 2003, il installe une chaudière à bois pour chauffer sa maison et produire l’eau chaude nécessaire à la salle de traite. L’éleveur s’intéresse globalement aux différentes sources énergétiques. Ainsi, en 2007, il fait installer des panneaux photovoltaïques, puis en 2012 un chauffe-eau solaire. Il envisage aussi d’acquérir un récupérateur de la chaleur produite par le tank à lait.

En 2013, conscient du potentiel énergétique et financier de ses haies, il se lance dans l’entretien régulier de ses arbres pour du bois déchiqueté, via la Scic Mayenne Bois Énergie. Il intègre ainsi un réseau d’approvisionneurs réguliers de la Scic qui compte, à ce jour, « 140 agriculteurs et 70 sur liste d’attente », comme l’a rappelé Emmanuel Lelièvre, directeur de la Scic, à la secrétaire d’État Emmanuelle Wargon. Et c’est en pleine phase finale de l’audit pour l’obtention du label Haie que la visite ministérielle s’est déroulée chez Aurélien et Mélanie Sabin. Choix des arbres dans la haie, positionnement des coupes sur les arbres, qualité des coupes réalisées… sont parmi les éléments analysés de près et qui permettent de déterminer le niveau de labellisation obtenu. Pour cette première, Aurélien atteint sans problème le 1er niveau et 83 % des critères sont déjà acquis pour le niveau 2, qu’il pourra obtenir lors du prochain contrôle qui devrait avoir lieu d’ici deux ans.

 

 

Rémunérés pour le service rendu

S’agissant plus globalement de la filière bois énergie, la secrétaire d’État, Emmanuelle Wargon estime que « les collectivités locales ont un rôle à jouer. Elles sont de gros ache-teurs. Elles chauffent des bâtiments publics : écoles, collèges, piscines.... Donc à chaque fois qu’elles s’en-gagent sur du chauffage renouvelable et issu de pratiques agricoles renouvelables, elles contribuent aux efforts que l’on a à faire en matière de transition écologique ». Elle a également souligné le rôle des entreprises privées, des particuliers avec les chaufferies individuelles, et des délégataires de service pu-blic… « Le label nous aidera. On va pouvoir demander à ce que le label soit dans les cahiers des charges et on va pouvoir lier les subventions au label », a renchéri la secrétaire d’État. Et d’ajouter : « L’objectif étant que les agriculteurs, in fine, soient rémunérés pour les services qu’ils rendent ». Rappelant que « les Maec de la Pac financent déjà le bocage », elle voudrait que, « dans la nouvelle Pac, on renforce toutes les mesures qui financent les services rendus à la nature par l’agriculture ». « Mais il y a aussi un débouché à trouver à travers la vente de bois, a-t-elle poursuivi, c’est pour cela qu’il faut que nous regardions d’un peu plus près la filière bois énergie. » La secrétaire d’État s’est d’ailleurs engagée à organiser une rencontre sur ce sujet de la filière Bois énergie responsable avec la Scic Mayenne Bois Énergie au ministère. Affaire à suivre…

Deuxième site, autre label


Après Ballots, place à Peuton dans l’exploitation agricole de Béatrice et Dominique Bordeau. Il y fut également question de haies et de bois déchiqueté. Mais avec une autre approche. Le couple d’est installé au hameau du Gast en 1992, comme 3e génération sur cette ferme qui était déjà de 42 ha en 1932 ! « On s’est installé l’année de la conférence de Rio », souligne Béatrice Bordeau. Cette réflexion mondiale sur l’évolution du climat est restée gravée dans leur fonctionnement. Ils ont très vite cherché à réduire leur bilan carbone en mettant les haies et les prairies au cœur de leur système d’élevage laitier. Des haies autour des champs, mais aussi en linéaire au milieu des prairies. « C’est de l’agroforesterie. La haie apporte du bois que nous déchiquetons et vendons en direct auprès d’une collectivité, explique Béatrice Bordeau. Elles limitent l’érosion des sols, apportent aussi de la biodiversité et des zones ombragées pour les vaches, toute la journée. »

« Nous avons trois types de vente directe ici : le lait acheté par Lactalis, la viande et le bois déchiqueté », souligne Dominique, son époux. Avec un système qui, selon lui, permet de « nourrir 37 personnes par hectare de SAU, contre 27 dans les systèmes traditionnels, avec moins de carbone produit au kg de litre de lait. Nous sommes à 0,66 kg de CO2 par litre de lait contre 0,90 en sys-tème conventionnel », assure-t-il.
La production de carbone est une préoccupation constante pour ce couple d’éleveurs laitiers qui vient d’entrer dans France Carbone Agri Association, une initiative de l’Idele (Institut de l’Élevage), en lien avec l’outil national d’évaluation en ferme CAP’2ER, et qui eut faire le lien entre les vendeurs et les acheteurs de carbone. C’est une méthodologie « pour comptabiliser toutes les réductions d’émission et l’augmentation du stock de carbone en élevage », explique l’Idele. Une mé-thodologie récompensée par le label « Bas Carbone ». « C’est un excellent label », estime Emmanuelle Wargon, jugeant qu’il s’agit d’une « très bonne opération et une source de revenus supplémentaires pour les agriculteurs ». Pour l’heure, et même si Olivier Richefou s’est porté acquéreur au nom du Conseil départemental qu’il préside, les Bordeau attendent d’en connaître les retombées financières avant de s’engager totalement. « On est prêt à vendre. On a du carbone. Reste à savoir à quel prix », raisonne justement Dominique Bordeau.

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