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Femmes et agricultrices : « toujours se surpasser ! »

Mardi 15 octobre 2019, la commission des agricultrices de la Fdsea organisait un débat sur le thème « Oser au féminin ». Autour de la table, quatre femmes aux vécus marqués par des changements, voire des cassures, mais avec toujours cette volonté d’aller de l’avant. Extraits de ces échanges d’expériences bien résumés par ces trois mots de Anne-Marie Couvé : « toujours se surpasser ! »

Sophe Derouet, membre du bureau de la Capeb 53.
Sophe Derouet, membre du bureau de la Capeb 53.
© VG

Des témoignages à retrouver aussi en vidéo

• Sophie Derouet, 55 ans, 3 enfants, gestion administrative de la menuiserie de son mari, à Saint-Ouen-des-Toits.

« Entre vie professionnelle et vie privée, au départ je n’étais pas capable de faire la différence. J’étais institutrice la semaine et m’occupais des papiers de la menuiserie de mon mari le week-end. Le burn-out est arrivé. J’ai été obligée de faire un arrêt sur images. Je suis passé par la phase anxiolytique… Il fallait impérativement que je change de vie, de maison, de commune. C’était vital pour moi. J’ai tout changé. J’ai tout balayé. Mon burn-out m’a fait poser cette question : « qu’est-ce que je fais de ma vie ? » le métier que j’avais, c’était hors de question que je le poursuivre. C’était viscéral, pour moi c’était impossible ! De fil en aiguille, à force de me poser des questions, j’ai décidé de suivre mon mari et que, à temps plein, je serai dans l’entreprise avec lui. Cela a permis de développer l’entreprise, de lui donner plus d’assises. Aujoud’hui je ne suis pas du tout dans le regret de ma décision.

Grâce au burn-out, je connais mes limites. Je sais quand il faut m’arrêter, dire stop. Maintenant, c’est moi d’abord… et le reste, après. Je considère que je suis en reconstruction, que je peaufine ma deuxième vie. »

• Sylvia Goisbault, 40 ans, mariée 3 enfants, agricultrice à L’Huisserie, en Gaec avec 2 associés. Production de lait, céréales et volailles. Vente directe.

« Quand je me suis installée, on a mis en place un stage pour mieux se connaître entre associés. Cela nous a permis de poser nos objectifs. Et notre objectif commun c’est de concilier notre vie professionnelle et notre vie privée. On a fait le choix de ne travailler qu’un week-end sur deux, d’avoir au minimum trois semaines de vacances par an. Et même si on a du boulot comme tout le monde, on revient dessus régulièrement en disant c’est le moment de se poser. On a vraiment besoin de se poser.

Je ne considère pas que j’ai une vie difficile. On essaie aussi d’être à l’écoute de chacun et de l’entourage, comme de prendre en compte le planning de ma belle-sœur, aide-soignante. Maintenant, je suis très satisfaite de ce que j’ai fait. Je n’ai pas envie d’aller plus loin.

J’ai un sacré défaut : je ne sais pas dire non. Et cela, c’est un vrai problème dans ma vie professionnelle que personnelle. Tout m’intéresse… Je prends aussi beaucoup les choses à cœur.

Je fais du yoga depuis 6 mois. Cela me fait beaucoup de bien et me permet de me recentrer sur moi-même, car je considère que je donne beaucoup à d’autres. Depuis que j’ai perdu ma petite maman, cela m’a permis de me dire « Oh Sylvia, il est peut-être temps de penser un peu à toi »

• Ophélie Chartier, 32 ans, 3 enfants, agricultrice à Cigné, élevage de porcs. Vente directe.

« Aujourd’hui, je suis arrivée à ce que je voulais faire. En école agricole, quand j’ai découvert le cochon pendant les stages je me suis dit que c’est ce que je voulais faire et pas autre chose. Je me suis donné les moyens pour y arriver. Cela n’a pas été simple. J’ai eu un premier projet dans l’Orne, un parrainage qui n’a pas abouti. J’y ai laissé un peu de sous, j’y ai laissé de l’énergie. J’aurais pu tourner la page et revenir au salariat. J’ai préféré m’obstiner et trouver une exploitation pour m’installer. J’avais vraiment à cœur d’être chez moi, d’avoir mon exploitation, de la façonner à mon image… d’aller au bout de mon projet. Cela m’a pris trois bonnes années avant de pouvoir m’installer.

La première année, j’ai eu des déboires. J’ai tapé à toutes les portes pour obtenir mon financement. J’ai dû revoir plusieurs fois mon projet. J’ai tout emprunté quand je me suis installée. J’ai démarré avec un groupement. On était tout le temps à mettre des pansements financiers. Aussi, entre les ratés du parrainage, les recherches de financements, il faut toujours trouver l’énergie. Maintenant, cela va bien. Je suis sur un rythme de croisière.

Pour moi, la plus grande satisfaction est d’avoir mené à bien mon projet et d’avoir aujourd’hui une exploitation qui fonctionne et qui j’espère va perdurer. »

• Sandrine Ribot, 42 ans, 2 enfants, boulangère avec son mari à Laval.

« Cela fait 25 ans que je suis avec mon mari, 20 ans que nous sommes mariés et 21 que je suis boulangère. J’ai épousé mon mari et j’ai épousé son métier. On a acheté une affaire en Sarthe, dans une toute petite commune de 500 habitants où on a beaucoup galéré. On a été 7 ans là-bas. On n’a pas vendu notre affaire. On est repartis en fermant l’affaire et avec des dettes. On a été 2 mois arrêtés, se demandant si on allait ou pas redevenir salariés. On a visité une affaire à Laval. J’étais toute folle de me retrouver à la ville. On est là depuis 2005. Quand tu pars avec des dettes, les dettes te poursuivent. Il n’y a pas très longtemps que l’on s’en est sortis. On a réussi à racheter notre affaire de Laval et rembourser nos dettes de la Sarthe, il y a un an. Ce qui fait que des fois on se dit que cela ne va pas, que l’on va tout arrêter. Du coup, on refait un agrandissement du magasin et on met les bouchées doubles.

Mon autre satisfaction est de m’être appropriée le métier de mon mari. Ma vie, c’est la vente.

Aussi, je suis devenue présidente des boulangers de la Mayenne. Pas parce que je le voulais. Le président m’a contactée pour redémarrer un peu la fédération. Lorsqu’est venue la question de prendre la présidence, j’étais la seule femme autour de la table. Eux, ils travaillent… C’est parti comme cela… Depuis, on a fait le gâteau M. »

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