Biosécurité : «Nous avons procédé à une remise en cause globale de l’exploitation»
Pour éviter la propagation de la fièvre porcine en France, des règles de biosécurité ont été fixées. Celles-ci devront être mises en place dans tous les élevages porcins au 1er janvier 2021. Maxime Béchu, installé à Ernée, a commencé ses aménagements en septembre. Il témoigne
Pour éviter la propagation de la fièvre porcine en France, des règles de biosécurité ont été fixées. Celles-ci devront être mises en place dans tous les élevages porcins au 1er janvier 2021. Maxime Béchu, installé à Ernée, a commencé ses aménagements en septembre. Il témoigne
Depuis 2014, l’Europe de l’Est est touchée par une épizootie de fièvre porcine. La maladie ne cesse de se propager et se rapproche des frontières françaises. Face à la situation, un décret ministériel, entré en vigueur en 2018, fixe les règles de biosécurité à mettre en place dans les élevages porcins. Les exploitants ont jusqu’au 1er janvier 2021 pour terminer leurs aménagements. Maxime Béchu, installé en GAEC avec son père, Christophe, en système naisseur engraisseur à Ernée, a entamé des travaux en septembre pour rentrer dans le cadre de la réglementation. L’élevage est composé de 200 truies. « 90 % de l’exploitation est sur caillebotis. Seul le post sevrage et les cochettes sont encore sur paille» explique le jeune agriculteur.
3 zones à définir
Selon le décret ministériel relatif à la biosécurité, les fermes doivent désormais être divisées en trois zones bien distinctes : l’espace de production, d’élevage et public. Pour rentrer dans ces normes, Maxime et Christophe Béchu ont «procédé à une remise en cause globale de l’exploitation». Afin de bien définir les différentes zones, les agriculteurs ont décidé d’améliorer la communication entre leurs bâtiments. «Nous allons construire un quai de chargement et un couloir. On n’aura plus à sortir de la zone d’élevage pour passer d’un bâtiment à l’autre. Si on n’avait pas fait cela, on aurait dû installer plusieurs sas sanitaires. Là un sas suffit à l’entrée de la zone d’élevage. Désormais, nous serons aussi les seuls à pouvoir y rentrer.» En ce qui concerne la partie sur paille, l’espace de post sevrage sera réaménagé sur caillebotis et du grillage sera installé autour des cochettes. Enfin, les silos d’aliments vont être disposés à l’extérieur de la zone d’élevage. «Les camions pourront nous livrer sans avoir besoin de désinfecter leurs roues et leurs châssis.»
Maxime et Christophe Béchu prévoient d’investir plus de 100 000 € dans ces aménagements. «On rentre dans les normes de biosécurité et on améliore notre travail en même temps. Normalement, je ne devais pas faire de modifications avant le départ en retraite de mon père, mais on s’est dit : quitte à investir, autant faire quelque chose qui tienne la route.» Le quai de chargement permet par exemple un déplacement plus aisé des animaux. «On devait parfois les transporter avec une cage. Désormais, les truies prendront le couloir et une seule personne suffira à les guider.» Les agriculteurs en ont même profité pour refaire leur chaîne d’alimentation en post sevrage.
Pour Maxime, ces aménagements sont essentiels pour protéger les élevages porcins français. Cependant, le jeune homme n’est pas certain qu’ils soient efficaces pour assurer le marché : «quand on voit ce qu’il s’est passé en Allemagne, on se pose des questions. Un cochon sauvage infecté a foutu en l’air leur marché alors que beaucoup de mesures avaient été mises en place. Nous, on respecte la biosécurité, mais si demain un sanglier est contaminé, on a peur que cela fasse pareil.»