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À qui profite l’agrinumérique ?

Vendredi 22 mars 2019, la faculté de Droit de Laval, accueille un colloque sur l’agrinumérique et le droit ou le numérique au service de l’entreprise agricole. Alors que le numérique prend de plus en plus de place dans les exploitations agricoles, quels changements peuvent amener ces nouvelles technologies ?

Jean-Marie Séronie
Jean-Marie Séronie
© Blog de JMS

« Le numérique change le métier d’agriculteur »

Qu’est-ce que le numérique dans l’agriculture ? Agri53 a convié Jean-Marie Séronie, agroéconomiste, à donner des éléments de définitions qu’il développera lors de son intervention.

« Il y a trois points pour définir le numérique dans l’agriculture. D’abord, ce sont des plateformes qio ont plusieurs composantes. En premier l’intermédiation ou communication directe qui permet de connecter les agriculteurs entre eux, de court-circuiter en amont et en aval. C’est majeur. D’autre part, dans la logique des plateformes, la gratuité. Ici, le produit c’est l’agriculteur. On utilise ses données pour faire autre chose. Enfin, le numérique apporte de la transparence : on peut noter, donner un avis. On le voit sur les plateformes de location de matériels.

Le deuxième élément c’est tout ce qui est automates et robots : une étape de plus dans la mécanisation. Et cela, cela diminue la pénibilité du travail, la répétitivité de certaines tâches. Cela permet aussi de mécaniser des tâches qui ne l’étaient pas comme les robots capables de cueillir les fruits un par un, en fonction de leur maturité. C’est aussi le robot de traite, les robots d’alimentation ou repousse-fourrages. Cela change le métier d’agriculteur : il va gérer de plus en plus à partir de données, de tableaux de bord. Par le numérique et les systèmes d’alerte, cela permet de gérer que les exceptions, donc les choses compliquées. C’est une relation au travail assez différente et qui amène à gérer des problèmes compliqués puisque les questions non compliquées de s'opèrent toutes seules. Cela va changer aussi l’organisation physique de l’exploitation agricole. Depuis que les tracteurs ont remplacé les chevaux, les corps de ferme ont changé. Là, cela va être pareil. Le parcellaire va changer. Par exemple, avec le robot de traite se pose la question de l’organisation du pâturage. Fondamentalement, cela pose la question du paysage.

Le troisième volet, ce sont les données. Mais là, c’est du ressort des juristes… »

Pratique : colloque à la faculté de droit de Laval, vendredi 22 mars 2019, dès 8 h 45.
Pour en savoir plus : https://agrinumerique.sciencesconf.org.

« Avant la charte Data-agri, il n’y avait aucune protection ! »

Parmi les intervenants, Héloïse Gruger, des affaires juridiques et fiscales de la Fnsea. Elle a notamment rédigé la charte Data-agri qui vise à valoriser et sécuriser les données des exploitations agricoles dans les contrats.

Dans quel contexte a été élaborée cette charte ?

Héloïse Gruger : La réflexion sur ce document a commencé à l’été 2017, au niveau du Conseil de l’agriculture française (Caf). Nous partions du constat que, contrairement aux données personnelles, les données récoltées auprès des entreprises, agricoles ou non, n’étaient pas protégées et que l’on n’en connaissait pas les usages ultérieurs. Nous avons rédigé une charte, nommée Data-Agri, qui repose sur 13 principes que j’expliquerai vendredi à Laval, et ayant comme idée commune de définir une politique éthique et d’utilisation responsable des données agricoles.

Par qui est portée cette charte ?

H.G. : Pour des raisons légales, la charte en pouvait être portée par le Caf. La Fnsea et JA ont donc créé l’Association éthique agricole et numérique pour porter cette charte.

Une charte qui apporte aussi un label…

H.G. : Oui. Les entreprises collectrices de données agricoles, qui souhaitent adopter notre charte, peuvent, si elles respectent les 13 principes, obtenir label Data-agri. À ce jour, 4 entreprises sont labellisées : Air’Innov, Groupama pour sa nouvelle application Gari, Lecube et Ekilibre. Elles ont été labellisées lors du Sima. Deux autres sont en phase d’audit.

Qui audit ces entreprises ?

H.G. : L’audit est réalisé par un cabinet indépendant d’avocats. Pour l’entreprise qui postule au label, elle a juste à déposer un dossier de candidature, avec ses conditions générales de vente, ses conditions générales d’utilisation… Les avocats étudient le dossier, auditent l’entreprise, vérifient le respect des 13 principes de la charte. Et valident ou non la labellisation. L’entreprise peut aussi évoluer ses pratiques pour respecter la charte et obtenir le label.

Avec le développement du numérique, le marché de la donnée agricole est aussi en pleine expansion. Après les premiers engagements, vers quelles entreprises allez-vous vous tourner ?

H.G. : Parmi les grands collecteurs de données agricoles, il y a tout le secteur du machinisme agricole. Nous espérons bien que les entreprises de cette filière demandent à être auditionnées, selon les 13 principes de la charte et soient ainsi labellisées.

Qu’apporte cette charte pour l’agriculteur ?

H.G. : C’est très simple : avant la charte et le label, il n’y avait rien. Aucune protection, personne ne savait ce que devenaient les données collectées. Avec Data-Agri, l’agriculteur a, sur son contrat, le détail de ce qui va être fait des données récoltées sur son exploitation. Il en prend acte et accepte l’utilisation proposée par l’entreprise.

On n’est pas encore au stade de la rémunération des données…

H.G. : Non, ce n’est pas l’objet de la charte ni du label. Nous n’avons pas défini de valeur monétaire de la donnée collectée en agriculture. Mais si un collecteur de données labellisé Data-Agri qui valorise les données souhaite que les agriculteurs aient un retour financier, rien ne l’empêche.

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